Chapitre 11

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Pour sûr, qu'il était heureux avec moi.
Maintenant que mes parents savaient pour nous deux, ils nous laissaient tranquilles. J'emmenais souvent Jonas sous le figuier. Cette fois, c'était lui qui y montait, et c'était moi qui époussetait ses cheveux plein de feuilles.

Un matin, alors que le Soleil commençait tout juste à se lever, je m'étais installé dehors avec ma guitare, afin de profiter de la lumière jaune qui baignait la cour de ma ferme. J'installai mon cahier vierge sur une chaise de fer blanc en face de moi et commençai à gratter les cordes de mon instrument. Ce matin-là, j'avais composé une magnifique petite introduction. J'étais assez fier de moi. Jonas arriva alors, un sourire innocent barrant son visage. Il retira mon cahier de la chaise, s'assit dessus et lu la partition.
Il me regarda. Ses yeux gris me transpercèrent, je rougis et mon ventre se serra.

- Joue, pour voir. ordonna mon blondinet.

J'obéis.
Jonas secoua la tête.

- Non non, c'est très mauvais.

- Pardon?!

Blondinet pouffa devant mon exclamation.

- Ne le fais pas mineur. Il serait meilleur en majeur.

Je soupirai et changeai toutes les altérations, faisant en sorte que mon morceau devienne joyeux.
Je rejouai et Jonas applaudit :

- Voilà ! Ça, c'est un bon morceau d'été qui nous représente !

Sa joie me réconforta.
Mais il avait quand même changé tout mon morceau.

Jonas décidait tout pour moi.
Un jour, nous prîmes ma Vespa et nous nous enfuyâmes dans un petit village non loin de Recannati. Soif d'apprentissage de nouvelle culture, mon Blondinet marchait joyeusement dans les rues étroites en me tirant par le bras. Son rire remplissait les impasses, et dans l'air, nous pouvions sentir la fin de l'été.
Nous nous écroulâmes sur l'herbe grillée dans un petit parc, Jonas se reposait sur moi et me chatouillait les narines avec un brin d'herbe.

- Quand tu partiras, je me souviendrai de la première fois que je t'ai rencontré. murmurais-je en tripotant les cheveux de Jonas.

- J'étais comment? demanda-t-il.

Je pouffai.

- Drôle. Et mignon.

Blondinet sourit.

- Moi, je me souviendrai quand on était sur la plage et que je t'ai touché la main ; tu as bondit et tu es devenu rouge.

Je lui caressais tendrement le front et il se releva pour m'embrasser. Ce baiser fût le plus tendre de tous.

Le départ de Jonas arrivait à grands pas et cela me faisais angoisser. Maman organisa un grand barbecue avec les parents de mon blondinet.
Hyper gênant, le truc. Ses vieux étaient bien trop "sages" à mon goût. Trop crispés. J'aurais aimé leur faire manger un bon space cake, pour voir.
Maman toucha alors au sujet sensible :

- Marla, Valentin, vous ne le savez peut-être pas, mais nos enfants sont ensemble.

Je la fusillai du regard : pourquoi parlait-elle de ça?! Mais ma mère continua, bien qu'elle ait vu ma réprobation.

- Vous voyez, ils sont amoureux.

Sous le choc, Marla ouvrit la bouche. Le père battit des paupières plusieurs fois, précipitamment.
Marla hocha la tête, donna un coup de coude à son mari qui l'imita. Valentin dit alors :

- C'est l'été, après tout.



Juste le temps d'un été Où les histoires vivent. Découvrez maintenant