Schizophrénie

2K 306 112
                                    

●

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.

C'est à mes quinze ans que mes parents ont vraiment commencé à se poser des questions sur mon état mental. Cela faisait huit ans que je le connaissais et qu'il partageait ma vie. 

L'année qui a suivi son apparition, j'avais essayé de convaincre les gens qu'il était bien réel, leur pointant toujours un endroit qui, pour eux, était vide de présence. Pendant cette année, beaucoup m'ont pris pour un fou, mes parents les premiers, suivis des profs et des quelques personnes qui osaient m'adresser la parole malgré mon comportement violent. 

Suite à cette année, j'ai préféré me taire et le garder comme secret. Mon secret. J'ai passé toutes les années qui ont précédé mes quinze ans à éviter de le regarder et de lui parler en public. Ce n'était qu'une fois dans ma chambre que je pouvais enfin lui adresser la parole sans passer pour un fou.

J'ai passé, selon moi, de belles années. Surtout parce qu'il était à mes côtés. Il m'était indispensable, c'était mon ami et je ne voyais plus ma vie sans lui.

Pourtant d'autres voyaient d'un mauvais œil notre relation.

Mes parents.

Ils m'avaient dit qu'ils trouvaient ça bizarre qu'à mon âge, j'avais encore un ami imaginaire. Ils me trouvaient trop renfermé, ils pensaient que je passais trop de temps dans ma chambre. Ça m'avait énervé. Je ne comprenais pas pourquoi ils ne me croyaient pas quand je leur disais qu'il était réel. C'était l'une des premières fois que je m'étais énervé sur eux. Je pense d'ailleurs que c'était ça qui les avait poussés à m'envoyer chez le psychiatre.

Je n'avais pas pu refuser longtemps avant de finir dans la salle d'attente du psychiatre. Le plus dur n'avait pas été d'accepter de voir le psychiatre, mais de le convaincre de rester dans la chambre. Il n'avait pas compris pourquoi je lui avais demandé ça. On était tout le temps ensemble, rien ne nous séparait d'habitude. Je ne lui ai pas donné d'explication.

En réalité, je ne voulais pas qu'il entende ce que le psy allait me dire. Je pouvais très bien deviner qu'il allait me dire des choses qui étaient censé me convaincre qu'il n'est qu'un ami imaginaire et qu'il n'existait pas. Bien sûr, je ne comptais pas l'écouter, j'avais accepté de venir ici, mais pas d'écouter les conneries qu'il allait me sortir.

Il était réel, et même si j'étais le seul à le penser, ça ne changeait rien.

Il est réel.

Quand le psychiatre, un homme d'une cinquantaine d'années, m'avait enfin appelé pour me signaler que c'était mon tour, je m'étais levé et je l'avais suivi dans son bureau. Il m'avait fait asseoir sur un siège et s'était placé en face de moi. J'avais observé la pièce alors que je sentais son regard oppressant sur moi. Il devait sûrement me détailler pour voir à peu près quel genre de garçon j'étais en apparence. On est resté comme ça de longues minutes avant qu'il n'ouvre la bouche pour me poser sa première, et de loin la dernière, question.

Hyunjin [Hyunsung]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant