Chapitre 12

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*** Jade ***

C'est étrange, mais le Colin aimant et passionné qui chantait pour moi me fait plus peur que le Colin revêche et abrupt. J'ai terriblement peur des émotions, des sentiments, qu'il me fait ressentir. Je ne veux pas m'attacher à lui. Je sais déjà comment ça va se finir : en bain de sang ou en bain de larme. Quoiqu'il en soit, mon cœur sera écrabouillé, fracassé, piétiné. C'est toujours comme ça avec les hommes à femmes. Souffrir à cause d'un homme ? Non merci, j'en ai déjà suffisamment bavé. Après réflexion, sa dernière chanson sonnait comme une déclaration. Et j'ai été une sombre idiote d'y répondre. Je me suis fait ensorcelée par sa voix et son regard brûlant, je me suis laissée entraînée par la fièvre de ce moment. Maintenant, je regrette. Je suis effrayée par ce qui va se passer ensuite. Je ne veux rien de lui, surtout pas son engouement et son amour. Mais je suis incapable d'y résister, je suis incapable de lutter contre l'éclat ardent qui brille dans ses yeux quand il me regarde. Je ne peux pas m'empêcher de le chercher des yeux et le trouve. Il s'approche, entouré d'une nuée de femmes hystériques et du type des EMI. Ne le regarde pas, ignore-le, Jade.

‒ Salut les Silly Night !

Le manager a l'air plutôt sympathique, la trentaine, habillé simplement.

‒ Je me présente pour la nouvelle, je suis Fabian Mortensen du label EMI.

‒ Enchantée, je suis Jade.

Je serre la main qu'il me tend.

‒ Vous avez tous fait une superbe performance ce soir. Vous ne m'avez pas déçu. Comme promis si vous sortiez du lot, je vais tenter de vous faire percer.

‒ Wow, c'est génial, merci, s'exclame Adam.

‒ Je vous attends lundi 9 heures à mon bureau. Tenez, voilà ma carte. Ne fêter pas trop la bonne nouvelle ce soir, je veux vous voir à l'heure lundi, nous dit-il avec un clin d'œil.

Il s'éloigne en nous gratifiant d'un dernier sourire satisfait.

‒ Super les gars, vous allez tout déchiré ! A quand la tournée ? S'exclame Nate.

‒ Ne t'emballe pas, on n'a pas encore signé.

Je tente de temporiser ses ardeurs mais sa bonne humeur est contagieuse. Je jette malgré moi un regard à Colin. Il sourit comme tout le monde mais son sourire n'atteint pas ses magnifiques yeux bleus.

‒ On va fêter ça au High Five ? Demande Adam.

Je me retrouve à m'assoir en face de Colin. Il se cale au fond de la banquette, un pied sur le genou. Son regard sombre erre un instant sur moi.

‒ L'endroit est un peu désert, non ? Demande Adam.

‒ Ne t'en fais pas, tu n'as pas été discret sur le nom du bar. L'endroit ne va tarder à grouiller de filles pour nous mater. Lance Camille en riant.

‒ Enfin pour mater Colin, les filles n'ont d'yeux que pour lui, sourit tristement Adam.

‒ C'est pas ma faute si toutes les filles se jettent sur moi.

‒ T'emballes pas, elles ne sont pas toutes à tes pieds ! Je m'insurge.

‒ Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es jalouse ? Tu voudrais que je me jette sur toi ?

‒ Ça va pas ? Je suis pas comme toutes ces filles !

‒ Ça c'est ce que tu dis ... Lance-t-il avec un sourire méprisant.

Le Colin suffisant, arrogant et insupportable est de retour. Tant mieux, je préfère ça au Colin lover, ça ne lui ressemble pas. Je lui tourne le dos et fait la conversion à Nate et aux autres en tentant de faire abstraction des regards de Colin qui se répandent sur moi. En me levant pour aller chercher la troisième tournée au bar, la tête me tourne légèrement. Je drague ouvertement le serveur tout en commandant les boissons. Soudain, je sens une présence derrière moi et je devine qui c'est aux frissons qui me parcourent le dos.

‒ Suis-moi.

Il a une lueur étrange dans le regard, mélange de colère et de détermination. Incapable de répondre, je reste là à le fixer, essayant de faire taire mon cœur tambourinant. Voyant que je ne réagis pas, il me tire par le bras vers la sortie. Je me laisse faire docilement, sans réfléchir. Une fois dehors, il m'adosse doucement mais fermement au mur, et, comme ce qui commence à devenir une habitude, pose ses deux mains de chaque côté de ma tête. Ses muscles roulant sous sa chemise captive toute mon attention. Je dégluti avec peine. Il me fixe un moment de ses yeux bleus de glace sans broncher. Je reste silencieuse, attendant qu'il parle le premier. Soudain, un rictus tranche ses lèvres en deux, accroissant l'effet de glace de ses iris.

‒ Ça t'a plu ?

J'ouvre les yeux en grand.

‒ Quoi donc ?

‒ La dernière chanson.

Ses lèvres s'étirent en un sourire encore plus ambigu, mêlé de colère et de désir. Sa bouche s'approche dangereusement de la mienne.

‒ Alors elle t'a plu cette dernière chanson ?

‒ Ouais c'était pas mal.

Colin fait mime d'être offusqué.

‒ Pas mal ? Tu avais l'air d'apprécier. Continue-t-il.

‒ Ok Ok. La chanson était bien. Tu peux arrêter ce manège ?

‒ Ca ne fait que commencer chaton.

‒ Arrête de m'appeler comme ça, j'ai un prénom.

‒ Ne t'énerve pas chaton, c'est affectif.

Je lève les yeux en l'air. Puis son visage se transforme, il prend une expression gênée, contrite. C'est la première fois que je le vois comme ça.

‒ J'ai composé cette chanson spécialement pour toi.

Je lâche un petit « oh » à peine audible. Le regard de Colin descend sur mes lèvres avant de remonter vers ses yeux. Mes mains deviennent moites. Soudainement, ses lèvres s'écrasent contre les miennes. Ses bras m'enveloppent dans une étreinte implacable. Instantanément, je me transforme en boule d'énergie. Ma main glisse derrière sa nuque, mes doigts emprisonnent ses cheveux. Nos langues se retrouvent enfin et virevoltent. C'est dingue, l'effet qu'il me fait. On s'embrasse à en perdre haleine, j'ai besoin de le toucher, de sentir sa peau sous la mienne, je glisse les mains sous son T-shirt. Mon corps s'embrase, j'ai follement et désespérément envie de lui. Chaque seconde qui passe accroit mon désir. Et le sien. Je sens une bosse dure dans son pantalon quand il m'étreint à m'étouffer. Mes sens sont en alertes, une chaleur torride étreint mon bas-ventre. Je pousse un gémissement. Il se recule de mon visage pour me regarder dans les yeux.

‒ Arf tu sais que je ne peux pas me contrôler quand tu fais ce bruit.

Ses prunelles bleues de glaces en fondues en braises. Son regard brule de désir. Un éclat si déstabilisant qu'on a l'impression de prendre un coup de poing dans l'estomac. Il revient à la charge sur ma bouche. Ses mains descendent jusqu'à mes fesses, il me presse contre lui, éveillant des sensations dans mon corps. Je me sens incapable d'y faire face. Ma jambe remonte le long de sa cuisse pour l'enfermer contre moi. Je le veux, je le veux tout de suite. Le désir d'arracher sa chemise et d'embrasser ses pectoraux me dévore sournoisement.

‒ Ah Jade, tu me fais un tel effet...

Rassures-toi c'est réciproque. Mais je ne dis rien de ce que penses. Mon corps parle pour moi. Je veux connaitre cet homme, le connaître intimement. Il promet tant de passion et de sensations. Tantôt chaud, tantôt froid. Il est tellement sensuel. J'ai envie de dompter cet homme si sauvage et si tentant. Notre baiser se fait fougueux. Mon corps fourmille de frissons. Je n'ai jamais autant désiré un homme. Ses caresses parcourent mon dos et ma cuisse relevée, laissant des trainées de feu partout où il me touche. Je veux m'abandonner à lui. Le désir que j'éprouve pour lui me brûle les veines.

‒ Tu veux aller chez moi ? Demande-t-il.

Je m'empresse d'acquiescer.

Silly Night - Colin [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant