𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟑

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Angéline

Je me réveille difficilement, j'aimerais encore dormir toute la journée vu la nuit que je viens de passer. Huit ans après, j'apprends que Charlie Davis n'est qu'une fausse identité. Pourquoi nous a-t-il caché qu'il était riche ? De quoi avait-il si peur ? Et même en cachant son véritable nom, il a tout de même réussi en un an, à gâcher ma vie. Il a beau s'excuser, je n'oublie pas les souffrances que j'ai vécues après ce fameux match...

— Maman...

Je relève la tête et aperçois Evan dans l'encadrement de la porte, son dinosaure en peluche dans les bras. Je lui demande de s'approcher et le serre contre moi tout en caressant doucement son dos. Nous restons là assis sur mon lit, dans les bras l'un de l'autre un moment, avant d'aller déjeuner.

Comme chaque matin où il y a école, c'est la course. Nous zigzaguons à travers la foule qui marche trop lentement pour moi et nous arrivons enfin devant l'école élémentaire, juste avant que le portail ferme. J'embrasse mon fils, lui souhaite une bonne journée et le regarde rentrer.

Une demi-heure plus tard, j'arrive chez les Ross. Ma seule hantise est de le voir. Je ne veux pas lui adresser la parole. Je vérifie chaque pièce avant d'y entrer. Personne. Pas un seul bruit, je soupire de soulagement. Après avoir posé mon sac dans la buanderie, je me lave les mains et me les sèche avec un torchon quand je vois sur le plan de travail un mot :

« Nous sommes partis à des rendez-vous, et Charles est parti visiter des appartements. Seulement Charles reviendra pour déjeuner. Sharon. »

Et bien sûr, le seul qui reste manger, c'est lui ! La journée s'annonce bien...

J'essaie de ne pas trop y penser et passe au ménage. Étant toute seule pour l'instant, j'en profite pour laver le séjour ainsi que le hall d'entrée. Après avoir tout dépoussiéré, je passe l'aspirateur-laveur. Une fois que j'ai enfin fini avec le ménage pour ce matin, je m'assieds sur le canapé en attendant que le sol sèche. Alors que je regarde mon fil d'actualité Facebook, j'entends la porte s'ouvrir.

— Le sol est mouillé, crié-je.

— Comment je fais alors ?

— Réfléchis, rétorqué-je sans quitter mon portable des yeux.

Je l'entends soupirer et la porte se refermer. Cinq minutes après, la baie vitrée derrière moi glisse. Je me retourne et l'aperçois dans l'encadrement de celle-ci. Je regarde à nouveau mon téléphone et le laisse se débrouiller quand un instant plus tard, il s'assied à côté de moi.

— J'espère pour toi que tu n'as pas fait de traces, avertis-je sans lever les yeux.

— Non, je n'en ai pas fait.

— Bien.

Le silence s'installe et je préfère largement ça, plutôt qu'entendre la voix de cet homme. Un homme menteur de naissance. Il tapote l'écran de son téléphone avec ses doigts, ce qui m'agace beaucoup. Je déteste ce bruit. Je fixe sa main, n'arrivant pas à penser à autre chose qu'à ce son sourd qui persiste jusqu'à mes oreilles. Je soupire fortement en espérant qu'il arrête sans que je lui dise, mais il continue. Je soupire à nouveau, mais toujours rien.

Visiblement, il ne reçoit pas mes signes. Il faut tout leur dire, à ces hommes !

— Pourrais-tu arrêter ?

— Je vois qu'il y a des choses qui ne changent pas.

— Tu es bien placé pour le savoir. Un menteur reste menteur toute sa vie.

ÉvangélineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant