Partie 1.

732 39 40
                                    

Guillaume faisait la tête. Il était assis dans la voiture de ses parents, sur la banquette arrière, en direction d'un hôpital pour réfugiés. Un centre pour enfants en somme. Ses parents s'étaient mis en tête d'adopter un des enfants soignés là-bas il y a quelques mois et ne le lui avaient annoncé que la veille. Ils lui avaient dit qu'ils avaient une surprise pour lui, pour son anniversaire, et quand ils lui avait annoncé qu'il serait bientôt grand frère, Guillaume avait regardé ses parents d'un air confus. Mais t'es pas enceinte maman, avait-il dit en se tournant vers elle et elle avait secoué la tête en riant, lui disant qu'en effet elle n'était pas enceinte, mais qu'ils allaient adopter. Guillaume leur avait demandé ce que ce mot voulait dire et une fois qu'ils lui eurent expliqué, il leur avait dit que ça ne l'intéressait pas même si c'était gentil. Sa mère s'était décomposée et lui avait rappelé à quel point à chaque anniversaire il leur demandait s'il pouvait avoir un petit frère et son père lui avait demandé s'il avait changé d'avis. Il avait secoué la tête en disant que lui ce qu'il voulait c'était un vrai petit frère, pas un inconnu qui ne lui ressemblerait même pas. Son père avait alors soupiré devant sa réponse et lui avait expliqué que de toute façon, il n'était pas possible de faire marche arrière maintenant. Apparemment cela faisait déjà des mois qu'ils allaient à cet hôpital, son père étant un reporter de guerre et donc connaissant bien les lieux comme ceux-ci. Il avait parlé à sa femme d'un petit garçon qui était arrivé récemment après la mort de ses parents alors que ceux-ci tentaient de rejoindre la France et tous les deux avaient décidé, après avoir rencontré à plusieurs reprises le petit garçon, de l'adopter pour qu'il puisse connaître une vie meilleure auprès d'eux.

« Ce sera jamais mon petit frère d'abord, râla Guillaume, les bras croisés sur sa poitrine, alors que son père se garait sur le parking du centre.

— Guillaume... ! dit sa mère d'une voix exaspérée. Ça suffit maintenant. Aurélien est très gentil, tu verras. Tu vas l'adorer, alors arrête un peu de faire ta mauvaise tête...

— Oui, et je ne veux pas que tu le fasses se sentir rejeté, c'est compris ? renchérit son père. Il n'a vraiment pas besoin de ça, après ce qu'il a vécu il a besoin de sentir aimé et entouré. Je suis désolé Guillaume, mais on pensait vraiment que ça te ferait plaisir. Ça fait tellement de temps que tu nous demandes un petit frère. Tu pourras t'amuser avec lui, hein ? Être un vrai grand frère comme t'as toujours rêvé. Je ne comprends pas bien ton problème, là...

— Mon chéri, ça ne change absolument rien à notre relation, tu le sais... continua sa mère. On sera toujours les mêmes avec toi, l'arrivée d'un autre enfant à la maison ne change rien à l'amour qu'on a pour toi. D'accord ? »

Guillaume haussa les épaules et sortit de la voiture, préférant abréger la discussion. Il le savait déjà par avance, il ne pourrait jamais considérer ce garçon comme son petit frère. Il s'en fit le serment. Il enfonça ses mains dans la veste en jean que son père lui avait acheté pour ses sept ans l'année dernière et suivit ses parents en direction du petit hôpital.

***

Cela faisait déjà vingt minutes qu'ils étaient arrivés et il se faisait déjà clairement chier. Ils étaient assis dans une sorte de cafeteria, attendant que l'infirmière revienne avec Aurélien. Ses parents avaient un sourire jusqu'aux oreilles alors qu'ils se tenaient par la main et Guillaume leva les yeux au ciel devant leur bonheur qu'il n'arrivait pas à comprendre. Qu'est-ce qu'il avait de plus que lui ? S'ils adoptaient un enfant au lieu d'en faire un, comme ils l'avaient fait lui, c'était peut-être parce qu'il ne leur convenait pas, non ? Il jeta un œil autour de lui et vit à travers la vitre qui donnait sur le jardin de l'hôpital des enfants jouant ensemble. Le jardin semblait bien être le seul endroit plutôt pas mal de cet hôpital. Il se demanda comment on pouvait aimer vivre ici.

Fiction OrelxGringe - Petit frère.Where stories live. Discover now