.Chapitre 15 : Sissi Impératrice

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« L'humaine nous colle encore, ce n'est pas possible. Un jour, il va lui arriver un accident et ce serait bien regrettable, murmure-je avec un sourire venimeux, en arrivant au point de rendez-vous habituel de la colline Ouest.

Une grimace déforme le visage inexpressif d'Apolline, c'est-à-dire que les commissures de ses lèvres pulpeuses se tordent très légèrement, et Delphine fait entendre son rire de tourterelle.

— Il faudrait vraiment qu'elle arrête de se prendre pour Lara Croft. C'est un peu plus ridicule chaque jour, ajoute Apolline.

Par habitude, mes yeux font le tour et analyse chacune des personnes présentes. La rouquine est assise sur un rocher, habillée de noir et de cuir, sans chercher à dissimuler le couteau attaché à sa cuisse. Elle sautille presque d'excitation, tout comme cette peste de Charlotte-Aimée, qui elle fait réellement des bonds de cabri autours d'Avanaëlle. La demi-yeux semble planer, ce qui est son état habituel. A côté d'elle, Judas, Maximilien, Joachim, Philippine, Paul, Louise, Alexandre, Pierre et ce mollusque de Mathilde débattent sur les règles de la chasse et commencent les paris. Quelques bouteilles de bière entamée, et une flasque de liqueur dont le parfum empeste dans toute la clairière, trainent au milieu du groupe. Louise et Pierre ne risquent pas de faire long feu aujourd'hui. Tous les loups entre quinze et dix-huit ans sont présents, excepté quatre en tour de garde et trois restés à la Clairière.

— Les filles, on vous attendait ! lance Judas.

Il fait assoir Ava, encourage la rouquine à les rejoindre et agrandit le cercle pour accueillir les trois nouvelles arrivantes. Cela me fait sourire de voir que, malgré les mois, l'humaine n'est toujours pas à l'aise au milieu des loups. Normal, ce n'est pas sa place. Elle aura beau arborer une mitraillette, elle demeurera un agneau.

— Comment ça va, Sissi ? demande Judas, tandis que je m'assois gracieusement à ses côté.

— Judas de Laroquebrou, depuis quand me fausses-tu compagnie un lundi ? gronde-je sans chercher à cacher mon agacement. Tu sais que je n'aime pas attendre...

Il a le bon ton de paraître gêner.

— Princesse... Désolé vraiment. Nous sommes allés nous entrainer avec Max.

Je flaire le mensonge, mais Maximilien ne trahit rien. Le brun m'affronte du regard pendant quelques secondes.

— Judas doit s'entrainer s'il veut rester capitaine de l'équipe. Cela te pose un problème ? Tu veux qu'il te mette au courant à chaque fois qu'il pose un pied sur le terrain pour que tu viennes l'acclamer en gentille pom-pom girl ? raille-t-Max.

Il ne respecte pas les pom-pom girls, mais est bien content qu'elles soient là pour lui. Un incohérent en puissance, tellement facile à manipuler.

— Qu'est-ce que tu ferais, toi, sans ces pom-pom girls... Le jeu perdrait toute saveur. » fais-je semblant de compatir, en caressant la peau bronzée de sa joue.

Il a une odeur très musquée, tandis que celle de mon chéri est plutôt ambrée.

La brun arbore son sourire carnassier, me fait un baisemain et attrape une bouteille. Il ne cherche pas à se défendre, pas peur certainement de se faire avoir. Je le trouve très prévisible, mais mignon dans la façon qu'il a d'assumer pleinement cette prévisibilité. On est un cliché de bad-boy ou on ne l'est pas.

Cependant, lorsque je me retourne, ma bonne humeur disparait. Judas chuchote à l'oreille de son autre voisine tout en jouant avec ses boucles noires. Je perçois sans mal leur conversation portant sur un groupe de rock qui s'est reformé, sujet inintéressant au possible, mais que leur proximité physique et les regards entendus qu'ils se lancent rendent infiniment intime. Les yeux noirs d'Ava brillent.

Les ennuis d'Asmaldilare, sorcièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant