LA FEMME D'ARCHIBALD³ ━ﾞLA PASSE-MIROIR✔

9 𑁍┊La lune de miel

Retrouver Archibald était parfait. Revoir Gaëlle et Renard rappelait à Lilianne qu'avant ses trop longs mois dans un cercueil, elle avait eu une vie et des aventures. De sacrées fiançailles ! Totalement mouvementées et inappropriées, mais c'était les siennes. Un souvenir, parfait.

  - Nous sommes arrivés, les amoureux ! lâcha Gaëlle, la voix forte, les cheveux noirs bouclés.

Archibald n'arrêtait pas coller Lilianne depuis son retour, la prendre dans ses bras, la soulever dans tout les sens, la saisir par la taille. Quel idiot !

La Sidhe avait enfin rencontré la filleule de son époux, et diable ! qu'elle ressemblait à Farouk. Avec ses longs cheveux blancs, sa peau de porcelaine et son silence délicat. Lilianne avait l'impression de se revoir débarquer à la Cour et la voix du seigneur lui annoncer : "Je n'ai jamais vu votre type de visage auparavant." ou quelque chose dans ce goût-là, elle ne se souvenait pas parfaitement.

Après cela, Archibald avait demandé de se rendre à un lieu secret avant toutes choses. Encore un lieu dissimulé, comme son mariage.

Une porte apparue dans le mur de la Rose des Vents, un froid qui lui rappela des mémoires évanouies, lui enroba les jambes. Heureusement que Renard lui avait prêté son manteau.

  - Où est-ce que nous allons ? demanda Lilianne alors qu'elle prenait le bras d'Archibald qui la guidait.

  - Si je vous le dis, ce n'est plus une surprise, ma chère.

Lilianne grommela dans son coin.

  - Bonne lune de miel ! lança Gaëlle avec un petit sourire en coin en sortant une cigarette de sa poche.

  - Porfitez bien, Mme Archibald, salua Renard. On s'occupera de la petite Victoire.

La jeune femme rougit comme une pivoine. Cette sensation qui lui était devenue étrangère redevenait familière. Archibald ouvrit la porte et un paysage enneigé, de glaciers dessinés par la temps et de banquises chargées de neige tomba sous ses yeux de chouette émerveillés.

Le Pôle ! Elle était de retour au Pôle, mais pas la Citacielle... la véritable arche. Bon sang, finalement !

  - Faites attention où vous mettez les pieds, le chemin pour arriver au châlet est une véritable patinoire !

Une seconde de plus et Lilianne manqua de se casser une jambe sur le verglas. Heureusement le bras d'Archibald était son aide constante. Plus facile à dire qu'à faire !

  - Le châlet ? questionna-t-elle.

  - Oui, celui où j'ai grandis et que j'ai irrémédiablement racheté avant qu'un autre membre de mon ex-famille le fasse.

Lilianne se tourna vers le profil de lait, la légère barbe blonde et les boucles dorées. Les yeux ciel la percutèrent ainsi qu'un sourire sensuel. Elle se détourna, gênée. Là, où Archibald avait grandit ?

À cet instant, un manoir de bois se découpa dans le panorama aussi blanc que cotonneux. Lilianne frissonna. Des murs en rondins, un long toit pointu avec une ramure de cerf au-dessus de la porte.  Un feu de cheminée semblait crépiter à l'intérieur, depuis la fenêtre.

  - Je ne pensais que vous avez été élevé là-dedans. C'est si... différent.

  - N'est-ce pas ? enchaîna Archibald avec un grand sourire. Ça fait un peu Dragon, mais ne vous inquiétez pas, ma chère, l'intérieur est exactement comme au Clairdelune.

  - Décoré par les Mirages, donc ? demanda-elle alors qu'ils reprirent leur marche.

Archibald sortit une petite clef de sa poche. Par miracle elle n'était pas tombée avec tout les trous de sa redingote !

  - Vous êtes mariée a un noble, Lilianne, évidemment décoré par les Mirages, fit-il avec un sourire charmeur.

L'objet cliqueta dans la serrure alors que la Sidhe pénétrait à l'intérieur en levant les yeux au plafond. Effectivement, ce n'était pas la même ambiance.

La porte d'entrée s'ouvrait sur un gigantesque salon façon salle de bal, avec un parquet vernis, des tonnes de coussins en velours, en satin, rembourrés de plumes d'oie.

Des jeux d'enfants stationnaient un peu partout : cheval à bascule, cubes, poupées de chiffons, voitures miniatures, petites mappemondes posées à même le sol.

Archibald enfant avait joué ici. Lilianne passa son doigt sur un canapé enssevelis d'affaires moelleuses. Sur le tapis épais, au centre des oreillers, les flammes de la cheminée léchaient le sol de leur reflet.

  - C'est plutôt douillet, constata la jeune femme satisfaite.

  - Je suis ravie que cela vous plaise, ma femme.

  - Mon époux, s'amusa-t-elle en essayant de se détendre.

Ils se placèrent au centre de la débauche de douceur. Archibald passa ses grandes mains sur la taille gracile de sa femme qu'il désirait plus que tout au monde. Lilianne se laissa porter par l'ardeur agréable qui lui chatouillait le bas du ventre. Elle fit glisser ses paumes sur la nuque de son époux et dans les boucles blondes. Elle plongea son regard noisettes aux éclats bleutés dans celui de ciel.

  - Nous pouvons parler si vous avez envie ? proposa galament Archibald qui n'avait pas du tout envie d'attendre.

Lilianne ravala sa salive, le joues rouges et fronça les sourcils.

  - Non je ne veux pas parler. Je veux plutôt faire ça... - elle l'embrassa sur la bouche - et ça... - elle baisa son menton - et puis ça... - elle posa ses lèvres sur sa joue - Monsieur mon mari, si vous voulez bien vous allonger au sol ?

Archibald grogna de contentement, les pupilles dilatées de désir.

  -Tout ce que Madame ma femme, souhaite, bien évidemment.

Lentement, il s'allongea au sol, parmi toute la tendresse de cette atmosphère. Lilianne retira ses chausses. Ses bracelets de chevilles claquèrent alors qu'elle fit glisser ses orteils sur l'ouverture de la chemise de son époux. Le déboutonna - exercice où elle s'était appliquée à l'apprendre pendant ses heures d'ennuis à Babel à attendre Thorn revenir du Mémorial.

  - Experte ? taquina Archibald en se voyant bientôt chemise ouverte et torse d'albâtre à découvert.

  - À peine, débutante, plaisanta Lilianne.

Elle détacha ses cheveux beaucoup trop longs. Archibald se mit en position assise, prit délicatement sa jambe, déposa un baiser sur le coup de pied, le mollet, le tibia, le genou, avant d'inspirer son odeur.

  - Vous m'avez tellement manqué, tellement ensorcelé, je ne pensais pas survivre sans vous.

Elle ressentait la même chose. Mais elle décida d'être taquine et mature aujourd'hui.

  - Peut-être vous ai-je ensorcelé avec le Sang de mon Sang ? En tout cas je suis heureuse que vous soyez en vie, Archibald.

Elle plia ses genoux et se retrouva sur lui. Avec beaucoup de rires, son époux lui retira les filaments rouges et or de sa tenue babélienne (avec quelques difficultés) puis Archibald se réfugia au creux de son cou, lui déposa une pluie d'amour sur le cou, sur la poitrine un peu plus formée sur la dernière fois qu'il l'avait vu. Lilianne mordit sa lèvre pour ne pas crier de plaisir et surtout d'anticipation.

Ensemble, chevochant, la passion de la lune de miel les embrasa tout les deux.