8 - Cedboyyy, Marché de Noël

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Mains dans les poches de son manteau, il errait dans les rues de sa ville, illuminées pour Noël par les décorations de fêtes. Cédric aimait la compagnie de sa famille et de ses amis, mais parfois se retrouver seul lui faisait du bien. Il s'était trouvé un point de vue légèrement surélevé par rapport à la place où s'étendaient les échoppes éphémères du marché de noël et se pressaient les familles et les amis qui riaient. Les lumières, les odeurs de la nourriture et le tumulte de la foule l'assaillait joyeusement, lui tirant un léger sourire.

« Cédric ! »

On se jeta sur lui. Le poids d'un corps le frappa de plein fouet. Un rire sonore qu'il ne tarda à reconnaître raisonnait. Avec un léger soupir, il se tourna vers Jim, un ami qui trouvait visiblement le sursaut qu'il avait provoqué chez lui hilarant. Secouant la tête avec un amusement dissimulé, il lui tandis sa main gelée que l'autre empoigna de la sienne, chaude, pour le saluer.

« Ta tête mec ! Et ton bond, c'était magnifique !

– Tu m'as sauté dessus par surprise. Évidemment que je vais être surpris. Qu'est-ce que tu fous ici ?

– Bah t'es pas heureux de me voir mon petit Ced' ? »

Il leva les yeux au ciel tandis que son ami riait, avant de l'harceler de son rapide babillement. Il apprit ainsi dans un flot de parole continue que l'autre homme adorait les fêtes de noël et l'ambiance qui accompagnait l'Avent, mais qu'il n'aimait pas la solitude, qu'il l'avait vu depuis l'autre bout du marché, que se frayer un chemin dans la foule était complexe, et enfin qu'il avait été obligé de renoncer à s'acheter un verre de vin chaud pour venir le chercher le plus vite possible. Et que sa réaction de surprise avait apparemment été très marquante dans l'esprit de son ami, à son plus grand damne.

Finalement, l'autre homme le tira par le bras vers un stand vendant du vin chaud, avant qu'il ne puisse dire un mot lui fourra deux verres dans les mains et paya. Puis il récupéra le sien pour boire, tandis que lui enserrait vivement de ses doigts froids le récipient brûlant.

« Euh. Merci. J'aurais pu payer, tu sais.

– Mais non, c'est cadeau ! Puis sinon, t'as qu'à payer les marrons !

– Tu es un enfant Jimmy. Tu le sais ?

– Ouaip ! »

Cette réponse lui tira un sourire amusé. Ils se pressèrent de nouveau dans la foule compacte qui les faisaient par moment se coller l'un à l'autre, tandis que Jim le tirait vers les marrons grillés. Il leur fit encore acheter des pralines, des sablés et un bonhomme de pain d'épice avant qu'il ne s'éloigne légèrement de la foule. Cédric relâcha enfin un souffle soulagé d'échapper à la pression des gens, qui l'avait quelque peu oppressé. Ils s'assirent sur les marches en haut desquelles il était installé tout à l'heure, ensembles ils contemplaient de nouveau l'étendu du marché de Noël, mains et bouches pleines. Ses yeux glissèrent sur l'arc lumineux que traçait la grande roue, ceux de son ami se tournant dans la même direction derrière ses lunettes. Ils échangèrent un sourire, quelques paroles, puis d'un même pas se dirigèrent vers le petit cabanon où l'on achetait les tickets. Une petite grand mère leur tandis les leurs avec un doux sourire, et ils s'empressèrent de rejoindre la file d'attente.

Leur tour arriva rapidement, et les deux amis montèrent dans l'habitacle qui s'ébranla doucement avant de lentement commencer à s'élever. La ville se dévoila à leurs yeux, illuminée de toutes parts, leur tirant des sourires ébahis. Un vent léger faisait vaciller les nacelles, et frissonner les passagers. Il frottait vigoureusement ses mains l'une contre l'autre, dans une tentative vaine de les réchauffer. Alors son ami les pris dans les siennes, avec un grand sourire chaleureux. Il se perdit dans ses iris de bronzes, scintillantes des lueurs de fête, et le temps lui sembla s'écouler différemment.

Ils descendent ensembles du manège, la place s'est lentement vidée des familles et des plus jeunes et désormais les couples déambulent plus calmement entre les échoppes.

Ils décident de rentrer, la nuit déjà bien entamée. Son ami le raccompagne jusque chez lui, leurs épaules se bousculant légèrement sur le trajet, ses mains de nouveau froides enfouies dans ses poches. Il parle peu, Jimmy beaucoup, il le regarde et Cédric lui regarde les étoiles. Ils arrivent en bas de son l'immeuble, et l'autre l'accompagne encore. Ensembles ils montent l'escalier aussi discrètement que possible pour ne pas déranger ses voisins, le bois du vieil appartement grinçant malheureusement sous leurs pas. Il sort ses clés, ouvre rapidement, se tourne vers son ami qui lui sourit.

« Bon, bah, à une prochaine je suppose.

– Ouais ! À une autre fois, c'était cool de passer la soirée ensembles, faudrait se le refaire ! »

Son ami doute, se penche vers lui, dévie et lui fait la bise. Puis d'un pas hésitant il recule sans se retourner, leur regard s'accroche à travers les verres. Puis il se retourne, commence à redescendre, lui le fixe sur le palier. Il jette un regard en arrière tandis qu'il se détourne, Cédric referme finalement la porte de son petit apparemment.

Cette soirée avait été merveilleuse, mais lui laissait un goût d'inachevé.

Calendrier de l'Avent (2019)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant