Epilogue 4/5

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EPILOGUE (4)

Mya passe une main nerveuse sur le long jupon argenté de sa robe sirène, comme pour lisser des plis inexistants

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Mya passe une main nerveuse sur le long jupon argenté de sa robe sirène, comme pour lisser des plis inexistants. Ses cheveux ont été relevés dans un simple chignon mais des mèches ont été pincées partout sur son crane, donnant à sa coiffure un air sophistiqué. Elle lève sa main droite et touche avec un soupir de satisfaction la pique bleue qu'elle a planté dans la boule de cheveux. C'est une barrette chinoise qui appartenait à sa mère et qu'elle a retrouvé en fouillant certaines pièces chez elle. L'avoir sur elle lui donne la confiance nécessaire.

Les coulisses se plongent dans une demi-obscurité alors que dans la salle, le noir total se fait. Les chuchotements cessent doucement, quelques sièges couinent et elle prend une profonde expiration. Dans quelques secondes, les instruments à vent vont allés s'installer, puis les cordes et les percussions. Ensuite ce sera à elle et à Tom, en sa qualité de pianiste et de premier violon. Elle ferme les yeux et fait le vide en elle. Ce ne sera pas différent des autres fois. Ça va être juste elle, l'orchestre, Tom et son piano. Comme en répétition.

Lorsqu'elle rouvre les yeux, elle est prête. Tom lui envoie un petit sourire auquel elle répond sincèrement. Il lui prend doucement la main et la mène jusqu'au piano avant de se poser à quelques mètres d'elle, le violon dans le creux de son cou. Durant toute la traversée de la scène, elle se concentre essentiellement sur son instrument qui s'approche d'elle et cette main, qui lui apporte soutien, confort et courage.

Elle s'assoit avec grâce sur son petit siège et effleure doucement le clavier. Elle l'a fait sonner un peu plus tôt dans la journée et le son qu'il a dégagé l'a tout à fait charmée. Il n'a rien à voir avec le piano qu'elle a chez elle, le son étant bien plus riche, plus rond que son ami d'enfance. Pourtant, elle ne se voit pas se détacher de ce dernier, tant il est important pour elle. C'est le cadeau de son père, et une partie intégrante de sa vie.

Elle lève la tête et machinalement jette un coup d'oeil vers la loge dans laquelle ses amis sont. Elle a bien évidement invité les Stupids et Louise à sa grande soirée, pour leur montrer qu'elle y était arrivée et les remercier de l'avoir poussée jusqu'au bout. Elle repère Louise, Neil et les garçons, Diana et Suzie et elle sourit, heureuse de voir que tout le monde a pu venir.

Soudain elle se fige, quand elle remarque une grande figure qui se découpe dans la pénombre, auprès des deux jeunes femmes. Ce n'est pas possible.

Zach ne peut pas être là, il doit surement être aux Etats-Unis en train de travailler sur son nouvel album et sa carrière qui prend un nouveau tournant. Elle ferme les yeux et essaye de faire disparaitre cette pointe de déception qui lui transperce le coeur.

Pourquoi Zach serait-là ? Après tout, elle ne l'a pas invité et il ne peut donc pas être au courant. Il a si bien réussi à l'éviter pendant ces dernières années qu'il a dû l'oublier.

Si ce n'est cette chanson.

Un coup de baguette du chef d'orchestre la fait revenir à la réalité et elle plaque un accord de La, permettant aux cordes de s'accorder. Les violons, violoncelles et contrebasses font raisonner la note de concert. Mya sourit et regarde son ami qui se tient de l'autre côté du piano et joue de nouveau l'accord pour le laisser s'accorder. Il lui répond automatiquement et, par pure malice et habitude, elle ajoute une septième. C'est leur petit jeu, leur petit rituel et ce soir plus que tous les autres soirs, elle en a besoin. Tom lui envoie un clin d'oeil et le chef d'orchestre commence à battre la mesure. Mya ferme les yeux et doucement, commence le morceau en retraçant sur son clavier le thème de Chopin. Elle se laisse alors emporter par la musique, le morceau que toute sa promo a co-écrit.

Le récital de ce soir est quelque peu particulier. Personne ne présente l'oeuvre d'un grand homme mais que des mélanges, des raccourcis pris entre les différentes grandes pièces. A chaque nouvelle note, nouveau arpège, Mya se laisse transporter dans les univers de Chopin, Beethoven, Ravel, Mozart et bien d'autres. Parfois, elle se laisse transporter par les notes, sans aucun autre instrument pour l'accompagner, d'autres fois, elle laisse les autres s'élancer. Mais jamais elle ne quitte cette petite bulle dans laquelle chacun s'est réfugié.

Lorsqu'arrive le passage de Khatchatourian, elle se laisse transporter, effectuant avec une énergie retrouvée, avec une certaine mélancolie aussi La Danse du Sabre, claquant les accords, courant sur le clavier et se battant aux côtés de chacun.

Le dernier accord retenti avant de se faire avaler par le silence. Tout un chacun retiennent sa respiration alors que Mya se redresse doucement sur son siège, essayant de retrouver sa respiration et son calme. Ses mains se lèvent du clavier et viennent se poser sur ses genoux. La pluie d'applaudissements tombent mais elle ne l'entend pas. Quelque part, dans une des loges, un regard sombre à accrocher le sien.

Il est là. 

Papillon (ou comment apprendre à aimer) Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant