Faëra ▬ Tome ✯✯ © (Par-delà L'horizon)

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Nous avons passé le reste de l'après-midi à réaliser différentes préparations. Cela m'a permis d'apprendre que certaines fleurs présentes sur Terre, telles que la rose, la jonquille ou le myosotis, ont des propriétés magiques. Alliés à une plante spécifique, elles peuvent avoir un effet thérapeutique. Mélangées à d'autres, elles ont un potentiel certain pour causer des dégâts. Aucune plante n'est dangereuse ou bénéfique, c'est la façon dont on les utilise qui déterminera ce qu'elles feront. Un peu comme les mots qui peuvent à la fois blesser et guérir. Leur nature est neutre. Comme chaque être humain, j'imagine, même si j'ai la fâcheuse tendance à penser qu'ils sont plutôt prédisposés à faire le mal. En cours d'Histoire, nous étions pile au chapitre des deux guerres mondiales, cela n'aide pas à avoir une image positive de cette race.

— Vous semblez encore bien songeuse, me fait-il remarquer en plein milieu du repas. Puis-je vous demander à quoi vous penser ?

— Je pense à un tas de choses, mais surtout à Midgard et aux humains, en règle générale. Je me demande si... Non, laissez tomber, ce n'est pas important.

— Elyne, c'est l'heure du dîner. Nous ne sommes plus en cours, vous pouvez donc poser toutes les questions qui vous traversent l'esprit, qu'importe leur degré d'importance selon vous.

— Eh bien... Vous m'avez dit que les espèces ne déterminaient pas la nature de ce que nous étions. Il y a des bons et des mauvais sorciers et cela vaut aussi pour les sirènes, par exemple. Pour les hommes de Faëra également. Mais, vous m'avez aussi dit que les humains de Faëra et ceux de Midgard n'étaient pas similaires. Les Midgardiens ne peuvent, naturellement en tout cas, faire de la magie. Oh, je suis en train de me perdre dans mon cheminement. Peut-être devrais-je tout simplement poser ma question ?

— Je pense que c'est le mieux à faire. Si je ne la comprends pas, là vous pourrez m'apporter plus amples explications.

— D'accord. Donc. Si les Faëraniens ont un potentiel « magie » en eux, je me demandais si les Midgardiens avaient aussi un potentiel quelconque en eux ? Une particularité ?

— Pensez-vous à quelque chose précisément ou est-ce une question ouverte ?

— Je pense à... à un potentiel de malveillance ? Sont-ils, en quelque sorte, prédestinés à faire le mal ?

— Non, Elyne. Comme je vous l'ai expliqué, une espèce n'a aucun potentiel bienveillance ou malveillance en elle. Évidemment, il doit sûrement y avoir une exception. Je ne me permettrais pas de vous promettre une telle chose. L'univers est vaste et je ne détiens pas la connaissance sur toutes les créatures, magiques ou non, qui existent. Néanmoins, je peux vous la donner concernant les Midgardiens et les créatures qui vivent sur Faëra. Mais également sur les sorciers d'Oren, les Dieux d'Idrissi, les Elémentalistes et plusieurs autres peuples dont j'ai déjà entendu parler. Cette réponse ne semble pas vous satisfaire, ai-je tort ?

— Je ne suis pas sûre que n'importe laquelle des réponses aurait pu me convenir, avoué-je un peu perdue.

— Et pourquoi ?

— Je pense que si vous m'aviez répondu à l'affirmatif, cela m'aurait aidé à comprendre ce qui se passe sur mon autre monde. J'aurais compris, vous voyez ? Mais ça m'aurait rendu triste de savoir que, malgré tous les efforts qu'on pourrait entreprendre, ça n'aurait pas lieu d'être. Le fait de savoir que c'est chaque être humain qui choisit son chemin... Je crois que ça me rend encore plus triste. Parce que ça veut dire qu'une grande quantité de personnes, sur Midgard, préfère causer du tort et faire souffrir les autres. C'est leur choix. Ils n'y sont pas forcés.

— Hormis si une grande majorité de la population a été ensorcelée par une sorcière, tente-t-il de plaisanter.

Nous nous adressons un sourire. Le mien est forcé, le sien est apaisant. Du moins, c'est ce qu'il essaie de me transmettre, mais c'est peine perdue. Je me sens soudainement morose et impuissante.