Les (désastreuses et désillusoires) mésaventures amoureuses de Bérénice Tidal

hors-série (1) : une histoire de Noël

21 décembre :

Iwan :

Je n'ai jamais vu de neige. De toute ma vie. Et apparemment, ce n'est pas prêt d'arriver...
Il fait plus froid qu'au Pôle Nord, il a plu toute la nuit, et pourtant, pas un seul flocon en vue !

Je tape du pied dans une vaine tentative de me réchauffer, frottant mes mains entre elles avant de souffler dedans. J'aurais du prendre des gants, je le savais. Et un bonnet. Et une écharpe. Pourquoi pas une combinaison de ski...

Et enfin, je la vois qui arrive...

Bérénice.

Elle court à toute allure, ses vieilles baskets aux pieds, son manteau beige à moitié ouvert et ses cheveux roux cachés sous un bonnet de Noël. Ridicule, le bonnet. Oser porter ça dans la rue est un acte de pur courage. Et pourtant, ça ne m'étonne pas d'elle !

Un coup de vent balaye l'avenue et son couvre-chef rouge et blanc s'envole. Elle s'arrête net, se baisse pour le récupérer puis reprend sa course effrénée, le bonnet dans la main.
Elle m'aperçoit enfin et agite les bras dans tous les sens, un grand sourire éclairant son visage.

Elle est à à peine dix mètres de moi quand j'aperçois la flaque. Pile sur sa trajectoire. Une belle plaque de verglas sur laquelle elle se précipite à toute vitesse.
Maladroite comme elle est, elle va sûrement glisser dessus et se briser quelque chose !

Je m'élance vers elle au même instant où son pied droit se pose sur la glace. Sa basket dérape, sa jambe droite part en avant et elle bascule en arrière, la surprise se peignant sur ses traits, ses lèvres ouvertes en un O de saisissement...

❄❄❄

Antoine :

... Bérénice pousse un cri aigu mais avant qu'elle ne percute le sol, le bras d'Iwan se glisse dans son dos.

Je pousse un soupir de soulagement et tous mes muscles se décrispent. C'est pas croyable d'être aussi maladroite !

Je reprends ma marche dans leur direction, en serrant les pans de mon manteau contre moi.

— Antoine !

Je relève la tête. Bérénice m'a aperçu, elle me sourit de toutes ses dents, ses boucles rousses encadrant son visage.

— Dépêche-toi, on t'attendais !

J'accélère le pas pour les rejoindre.

❄❄❄

Merlin :

Pile au moment où je tourne au coin de la rue, je vois Bérénice se faire rattraper in extremis par Iwan. Antoine, qui s'était figé à quelques mètres de là, semble se rasséréner et se joint au duo.

Le nez dans l'écharpe, je trottine jusqu'à eux.

— Belle gamelle, dites-moi ! je m'exclame.

— Presque gamelle, me corrige Bérénice.

— En tout cas, on sait pourquoi tu as été prise pour le rôle, renchérit Antoine.

— Ah. Ah. Ah, réplique-t-elle, pince sans rire. Bon, on y va ? On va encore être en retard, sinon, et on va encore dire que c'est de ma faute !