Chapitre 20

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Lundi 18 novembre 2013

          Finalement, en réalisant que mes enfants n'allaient pas tarder à se réveiller, je me résignai à faire face à ce poids énorme qui commençait à comprimer ma poitrine. Je compris même qu'il devenait vital que j'apprenne à lutter contre toutes émotions qui risquaient de rendre interminable cette nouvelle séparation. Forte de cette résolution, je décidai par conséquent d'entamer ma journée. Dans un premier temps, j'attrapai mon portable sur la table de nuit pour consulter l'heure. Je constatai alors qu'il me restait encore du temps avant que l'alarme ne se mette à sonner. Ravie de pouvoir m'occuper un peu de moi avant d'être entraînée dans le tumulte de mes obligations quotidiennes, je commençai par aller me préparer une tasse de thé. Cependant cette tâche était beaucoup trop simple pour pouvoir occuper mon esprit étant donné que je ne pus m'empêcher de repenser à lui. De là, je réalisai que plus je passais de nuits en sa compagnie, plus je souffrais de notre séparation diurne. C'est sans doute la raison pour laquelle très vite, je ressentis le besoin de compter les heures qui me séparaient de lui. Ce qui de toute évidence ne pouvait m'apaiser puisqu'il m'était impossible de prédire avec certitude le moment où je pourrais à nouveau me blottir dans ses bras. En effet, maintenant qu'il s'apprêtait à en finir avec cette Cathie, je me doutais qu'il ne pouvait se permettre de rester qu'une heure ou deux auprès d'elle. Seulement, je préférais ne pas y penser, consciente que le poids que je portais déjà sur mon cœur deviendrait très vite insoutenable si je commençais à l'imaginer couché contre elle.

Heureusement le moment de préparer les enfants pour l'école arriva rapidement. Pour le coup, la tâche beaucoup plus complexe, me donna très peu l'occasion de laisser mon esprit divaguer. Toutefois, lorsque je me retrouvai seule, il s'empressa de m'échapper pour de nouveau se concentrer sur l'être qui me faisait tant défaut à ce moment là. J'essayai alors de ne pas penser à cette fille qui allait bientôt obtenir de lui, ce que jamais il ne m'accorderait, de peur qu'il ne soit alerté par le chagrin dévastateur qui risquait de me submerger. Mais je n'arrivais pas à stopper le flot de mes pensées qui sournoisement s'arrangeait toujours pour me rappeler que j'allais devoir prêter l'homme que j'aimais à une autre. Convaincue que l'inaction ne pouvait qu'encourager ce phénomène, très vite je décidai de me lancer à corps perdu dans les tâches ménagères, ce qui par ailleurs, devenait vraiment nécessaire. En effet, depuis que je connaissais mon incube, je me contentais d'effectuer mes corvées quotidiennes sans jamais m'attaquer au travail de fond de la maison. Seulement, je ne pouvais offrir un cadre de vie sain et agréable à mes enfants, simplement en m'occupant du linge et des repas. Par conséquent, après avoir fini de ranger la cuisine, et fait les lits, j'entrepris de nettoyer les vitres. Vu le nombre de fenêtres qu'il y avait dans la maison, j'étais certaine d'être occupée jusqu'à l'heure du déjeuner. Mais alors que je sortais l'escabeau de la buanderie, mon portable m'interrompit, me signalant que j'avais un nouveau message. Sans me poser la moindre question au sujet de l'expéditeur, j'attrapai mon téléphone dans le fond de ma poche. Seulement j'étais tentée de l'envoyer valser à l'autre bout de la maison lorsque je vis qu'il s'agissait d'un SMS provenant du père de mes enfants. Consciente néanmoins que ce genre d'attitude ne pouvait me permettre de rayer définitivement cet homme de ma vie, ni de le décourager à m'approcher, je me ravisai. Finalement, j'étais même pressée de savoir ce qu'il avait de si urgent à me dire pour ne pas respecter la recommandation que je lui avais faite la veille, d'après laquelle je souhaitais qu'il se montre le plus discret possible jusqu'à son départ de la maison. Je me dépêchai par conséquent d'ouvrir ce satané message sur lequel je lus les mots suivants:

- Si tu n'y vois pas d'inconvénient, je rentrerai de bonne heure ce soir, pour commencer à réunir quelques-unes de mes affaires.

Bien que ça ne m'arrangeait pas de devoir supporter encore un dîner en sa compagnie, je réalisai que c'était inévitable. Il ne pouvait quitter la maison les deux mains dans les poches, après y avoir vécu plus de dix ans! Et même si je doutais que de faire ses valises devant ses enfants soit une excellente idée, je devinai qu'il n'avait pu obtenir de jours de congés sans en avoir fait la demande plusieurs semaines à l'avance. Dans ces conditions, j'en conclus que je n'avais d'autre choix que de lui envoyer une réponse favorable.

Mon Incube - TOME 1 - Rendez-vous nocturnesWhere stories live. Discover now