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(Secret) ~ Nuit de Noël

C'était la nuit de Noël. La neige qui tombait au dehors couvrait la ville d'un fin manteau blanc.

Dans sa librairie du quartier de Soho, Aziraphale préparait tout avant l'arrivée de son ami. Il avait invité Crowley chez lui pour la soirée, et espérait secrètement que celui-ci resterait y passer la nuit.

Aziraphale avait allumé les guirlandes enroulées autour de son sapin, avant d'allumer celles accrochées au mur. Alors qu'il venait de placer les bûches dans son feu de cheminée, une sonnerie retentit, indiquant que la cuisson des cookies était terminée. Il les sortit donc du four et les disposa avec soin dans une assiette d'un blanc immaculé qu'il porta jusqu'à la petite table basse ronde qui faisait face à son canapé, lui-même disposé à côté de la cheminée.

Il sortit ensuite d'une armoire une bouteille de Châteauneuf-du-Pape qu'il vint placer à côté de l'assiette de cookies d'où s'échappait une légère fumée. Il ajouta à la table deux verres à vin, ainsi que deux tasses : la sienne, blanche, dont l'anse représentait des ailes d'anges, et celle de Crowley, noire, dont il ne s'était servi qu'une unique fois par le passé.

Une fois tout en place, Aziraphale entreprit de ranger un peu les livres qui traînaient ça et là. Ce ne fut pas long, puisqu'il ne laissait jamais ses livres n'importe où, de peur qu'ils ne soient abîmés ou salis. Il en choisit alors un qu'il n'avait pas lu beaucoup de fois et s'installa dans son canapé.

Aziraphale regarda sa pendule composée de chiffres romains. Il était presque vingt heures, Crowley n'allait pas tarder à arriver. Il ferma donc son livre et le posa sur la table avant de rejoindre la cuisine pour y préparer du chocolat chaud. À peine quelques minutes plus tard, il entendit la porte s'ouvrir puis se refermer. « Bonsoir, mon cher. », salua Aziraphale en sortant de la cuisine avec un thermos tartan plein de chocolat chaud dans les mains.

« Bonsoir, mon ange. », lui répondit Crowley. « Tes cookies sentent très bon. » Il était déjà assit sur le canapé, du côté gauche, afin d'être au plus près de la cheminée. Aziraphale déposa son thermos sur la table et vint s'asseoir à sa droite.

Durant le début de la soirée, ils discutèrent à la fois de tout et de rien, tout en buvant quelques verres de Châteauneuf-du-Pape : de l'Apocalypse qui, quelques mois plus tôt, aurait dû avoir lieu ; de leur camps respectifs qui, depuis leur jugement, les avaient laissé vivre en paix ; ou encore d'Adam et de sa condition désormais purement humaine.

Aux alentours de vingt-trois heures, le silence s'installa entre les deux êtres célestes. La neige, quant à elle, continuait de tomber. La ville de Londres était à présent couverte d'un voile d'un blanc pur de plusieurs centimètres. Aziraphale, après avoir bu une gorgée de chocolat chaud, prit un nouveau livre et se mit à lire, tandis que Crowley observait le feu crépitant dans la cheminée.

Le silence s'éternisait mais était loin d'être gênant. La simple présence de l'un et de l'autre leur suffisait, les mots n'étaient que secondaires. Il était un peu avant minuit, et Aziraphale continuait de lire. Crowley, quant à lui, observait toujours le feu crépitant et les flammes dansant dans l'âtre de la cheminée. Ses paupières se faisaient lourdes et commençaient à se fermer. Il ne lutta pas plus longtemps et, appuyant sa tête contre le dossier du canapé, se laissa sombrer dans le sommeil.

Minuit sonna alors au clocher de BigBen. Aziraphale leva les yeux de son livre et se tourna vers son ami afin de lui souhaiter un joyeux Noël avant de remarquer que celui-ci s'était endormi.

Il observa Crowley dans son sommeil. Sa respiration était lente et régulière, et sa poitrine se soulevait doucement au rythme de ses respirations. Sa bouche étant entrouverte, il pouvait l'entendre inspirer puis expirer. Il semblait apaisé.

Un sourire tendre apparut sur les lèvres d'Aziraphale tandis qu'il continuait d'admirer le démon. Bien qu'il disait à Crowley le considérer comme un ami, il y avait pourtant bien longtemps qu'il savait que ses sentiments à son égard avaient surpassé ceux de l'amitié. Il ne savait pas si ce sentiment était réciproque, ou si le démon se doutait de ce qu'il pouvait ressentir.

Une pensée traversa l'esprit de l'ange et, bien qu'il voulut la chasser, elle y resta ancrée. Il se pinça les lèvres, hésitant à faire ce qu'il s'apprêtait à faire. Et si Crowley le remarquait, s'il se réveillait à ce moment-là, que penserait-il ? Se moquerait-il de lui ? En serait-il fini de leur amitié ? Aziraphale hocha la tête pour en déloger toutes ces interrogations.

Il continua de regarder Crowley, hésitant. Il y avait bien longtemps qu'il rêvait de faire ça, mais il n'en avait jamais eu l'occasion. Ou plutôt, il n'en avait jamais eu le courage lorsque les occasions – qui étaient bien peu nombreuses – s'étaient présentées.

Aziraphale, sans plus réfléchir, se pencha vers Crowley et déposa avec douceur un baiser sur sa joue, fermant les yeux durant ce court instant. Il tourna ensuite la tête vers la table basse, son regard se posant sur les cookies dans leur assiette immaculée. Il se sentit rougir, et un sourire timide se dessina sur son visage.

Il avait finalement osé. Aziraphale avait osé. Ce simple baiser portait tout l'amour qu'il éprouvait à l'égard de Crowley. L'ange coula un regard à son ami, constatant que celui-ci n'avait pas bougé d'un pouce et dormait toujours profondément, bien que sa position ne fut pas très confortable.

Aziraphale baissa les yeux sur le livre posé sur ses genoux pour en continuer la lecture, son sourire demeurant toujours sur son visage. Il avait osé montrer à Crowley ce qu'il ressentait pour lui, et il en était fier. De plus, le démon ne s'était pas réveillé, ce dont il était satisfait. Au moins, il ne risquait rien.

L'ange continua de sourire. Ce baiser serait pour toujours son petit secret.