Ch10 - La jeunesse du Héros

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  C'était la première fois que je quittais le bourg d'Hyrule ; satisfait par mon talent à l'épée, mon père avait décidé que je pourrait accompagner la garde royale pour leur visite officielle au Domaine Zora plutôt que de rester seul entre les mains d'une de nos voisines. J'étais extatique de découvrir un nouvel endroit, si différent de ce que j'avais toujours connu ; les grandes arches, les longs escaliers, le grondement des cascades entourant le Domaine, tout me semblait si impressionnant. Je n'étais bien entendu pas habitué au sol mouillé, aussi avais-je fini par glisser, m'écorchant le genou. Une jeune Zora, quand bien même bien plus grande que moi, proposa alors son aide. C'était la première fois que je rencontrais la princesse Mipha. Et j'observais pour la première fois d'une longue série ses pouvoirs curatifs, avec tout l'émerveillement d'un enfant de quatre ans. En effet, Mipha fit vite une habitude de suivre partout cet enfant Hylien qui n'avait de cesse de se blesser en crapahutant partout, au soulagement de mon père ; il faut dire que j'étais sacrément turbulent, plus jeune. D'ailleurs, après plusieurs frayeurs lorsque j'escaladais les balustrades donnant sur le grand lac en contrebas, elle décida de m'apprendre à nager. Cela me prit tout notre séjour, mais le regard empli de fierté qu'elle m'offrit lorsque je traversais pour la première fois le plan d'eau sous la ville fût une récompense bien suffisante. Je commençais à voir la princesse Zora comme une sœur, aussi je versais de chaudes larmes lorsque la garde royale quitta le Domaine pour rentrer à la capitale.

  Huit ans s'étaient écoulés quand je suis retourné à la ville azurée ; j'avais douze ans et venais de terminer mes classes, la prophétie concernant le Fléau avait été rendue public et les fouilles archéologiques pour retrouver les antiques reliques Sheikah avaient été lancées dans tous le pays. Mon bataillon devait aider et défendre les scientifiques Sheikah faisant leur recherches aux alentours du domaine, avec la coopération des Zora. Cependant, les monstres se faisaient encore relativement discrets en ce temps ; aussi, tant que les scientifiques n'avaient pas localisé Vah'Ruta, nous autres soldats pouvions nous tourner les pouces. Ainsi, je passais de nouveau du temps avec Mipha, parlant de choses et autres tandis que nous nous promenions sur les plateaux autour de la ville. Le calme ne dura pas, en revanche : pendant que nous discutions assis au sommet d'une des cascades – je lui racontais mon entraînement – lorsqu'une explosion retentit dans les montagnes au sud-ouest du Domaine ; nous saurions plus tard que c'était l'œuvre des Sheikah, qui venaient de trouver la Créature Divine encastrée dans la roche. Ce qui m'inquiétais en revanche, c'est le rugissement qui suivit la détonation. Le Lynel qui avait élu domicile au Mont de la Foudre n'avait pas dû apprécier le bruit, et le voilà qui galopait vers nous, épée en main et arc dans le dos. J'ordonnai à Mipha d'aller se mettre à l'abri et me jetai sur l'ennemi, lame dégainée et bouclier levé – fort heureusement d'ailleurs, puisque la bête m'asséna un formidable coup qui m'envoya voltiger jusqu'au bord de la falaise. Je me relevai rapidement tout en esquivant un second coup, avant de contre-attaquer, touchant le monstre au flanc. J'assénai une seconde estocade qui le touchait à la patte, me permettant de prendre mes distances. D'un rapide mouvement de jambes, Je passais sur le côté du monstre et me jetais sur son dos ; je n'eut le temps de donner que quelques coups à l'arrière du crâne avant d'être violemment éjecté. A peine me relevais-je que je vis l'imposante lame qui s'abattait sur moi. Je tentais de bloquer mais n'arriver qu'à dévier l'acier qui écorcha profondément mon bras. Je me redressais malgré la douleur et, profitant du momentum de son dernier coup, je le bourrais d'un coup de bouclier qui le fit reculer. Sa patte blessée n'apprécia pas. J'en profitai pour asséner une seconde bourrade, qui expédia la bête au bas de la falaise. Je poussais un soupir de soulagement en voyant les volutes de fumée pourpre en contrebas, et en une seconde Mipha était à mes côtés, usant de sa magie pour soigner mon bras. Elle passa tout de même le reste de la journée à mon chevet, morte d'inquiétude suite à la violence du combat. Je pense que c'est à ce moment là que je commençais à comprendre que ses sentiments pour moi n'étaient pas ce que je croyais, et que notre relation était peut-être en train de changer. Je n'eut cependant pas le temps d'y agir d'une quelconque manière...

Un nouveau départWhere stories live. Discover now