Téléphone bouillant

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Aziraphale ressortit du nouveau magasin (que la vendeuse, et propriétaire en fait, qualifiait élégamment de loveshop) avec une idée assez complète des produits qui y étaient vendus, et une idée tout à fait précise de leur utilité.

Cela le fit tellement réfléchir le reste de l'après midi qu'il ne la vit pas passer, et à 17h02, comme chaque jour, le téléphone sonna.

"Crowley! C'est amusant, je pensais à toi tout à l'heure, un magasin a remplacé la boutique du vieux Ziang...
-Tu as besoin de ça pour penser à moi?"

Ce n'était pas la meilleure manière d'entamer la conversation, mais Aziraphale s'en rendit compte un peu trop tard.

"Non, bien sur que non, mon amour. Mais le moindre détail me fait penser à toi. Laisse tomber. Comment c'est passé ta journée?"

La conversation poursuit son court. La semaine aussi, et bientôt, le weekend était déjà pour le lendemain. Aziraphale avait tergiversé toute la semaine, et s'était enfin décidé jeudi à retourner au loveshop. Il y avait moins de monde sur le temps de midi, heureusement.

"Monsieur Fell, je suis ravie de vous revoir!" Le sourire de la vendeuse était si radieux qu'il aurait pu demander une réduction de 10% qu'elle l'aurait accepté, mais il n'était pas là pour profiter de la reconnaissance de la demoiselle.

"J'ai bien réfléchis, et je pense que je vais investir dans certains de ces petits jouets que vous m'aviez montrer..."

Lorsqu'il rentra au magasin, il tenta de chasser de son esprit le visage dubitatif de la vendeuse. Peut-être était-ce du aux utilitées très diverses de ses nouveaux jouets?

Il du se retenir toute l'après-midi de fermer la librairie pour s'empresser de les essayer. Mais le jeudi, les jeunes de l'AGS du quartier se rejoignaient dans un coin, discutaient sans faire trop de bruit et, parfois, lui posaient des questions sur la vie, la sexualité, l'univers et le reste.

C'était une habitude depuis quelques décennies: Le jeudi, vers 16h, une bande de jeunes gens se retrouvaient devant les portes de la librairie. Dans les années 90, Aziraphale les avait invités à entrer, et, depuis, malgré le changement régulier de membres, le petit club se rassemblaient dans la librairie avant d'aller profiter de leurs diverses activités du jeudi soir qu'ils avaient prévus.

Même lors des années ou il était jardinier chez les Dowling, il avait toujours pris son jour de congé le jeudi pour pouvoir leur ouvrir et les accueillir avec une bonne tasse de thé.

Aujourd'hui, ils avaient amenés des confettis qu'ils ne jetèrent pas dans la librairie. Ils étaient respectueux de leur hôte, remettant les sièges en place avant de partir, faisant parfois la vaisselle dans l'arrière-cuisine et en n'achetant jamais de livre. C'était même devenu une blague entre eux.

"Et aujourd'hui je vous demande un grand 'Hourra' pour Lily, qui est sortie de l'hopital hier et qui s'est lamentablement traînée jusqu'à la pire librairie de Soho juste pour venir nous voir."

Le reste de l'assemblée applaudit chaleureusement, et Aziraphale arriva pour leur servir leurs tasses de thé.

"Soyons honnête, je suis venue pour le thé, pas pour vous, bande d'imbéciles.
-Nous aussi on t'aime, Lily. Ta nouvelle poitrine est vraiment réussie, au passage. Oh, merci monsieur Fell!"

En général, il n'intervenait pas dans la discussion, mais cette fois-ci, ce sont eux qui l'interpellèrent.

"Cela fait un petit temps que l'on n'a pas vu votre bon ami, Monsieur. Il va bien, j'espère?
-Oh, bien sûr, merci. Je lui dirait que vous avez demandé de ses nouvelles.
-On craignait tous un peu qu'il vous ai quitté...
-Non, pas du tout! Nous avons acheté un cottage dans les South Downs et il y habite toute la semaine. J'y retourne le weekend, et en semaine, je suis ici.
-Mais... pourquoi?"

Lily et les autres le regardaient avec des yeux ronds. "Vous n'avez pas vraiment besoin de cette librairie, Monsieur Fell.
-Vraiment? Et ou iriez-vous prendre le thé les jeudi après-midi, jeunes gens?"

Cette réponse ne sembla pas les satisfaire, mais ils devraient s'en contenter.

Quand il les mis doucement dehors vers 17h, il se promis de parler de Lily à la patronne du café qui cherchait justement une serveuse à temps partiel. La jeune femme n'avait pas vu son précédent contrat renouveler lorsqu'elle avait annoncé sa future opération.

Dire que certains se plaignaient de perdre leur boulot pour des dizaines de tweets transphobes, c'était ceux qu'ils insultaient qui souffraient le plus, rejetés pour vouloir être tout simplement qui ils étaient.

"Allo mon ange?
-Oh, chéri, tu me manques terriblement. Les jeunes de l'AGS m'ont demandé de tes nouvelles.
-Si charmants! tu leur a dit que tu me négligeais toute la semaine?
-Crowley!"

Désireux de continuer à écouter la voix de son amour, il l'encouragea à raconter sa journée.

"Anathème est passée. Je te raconterais demain soir! J'ai aussi planté quelques arbustes dans le jardin. Un pommier, par exemple.
-Oh... et que comptes-tu faire de ses pommes?"

Anticipant un récit de tentation, il était pendu au téléphone, suspendu à ses lèvres.

"Hum... je pourrais les croquer, quand elles seront mûres..."

Crowley fronça les sourcils au son du rire de l'ange. Un rire... excité?

"Aziraphale?
-Hu? Oui, Crowley?
-Je pensais aussi faire des tartes aux pommes.
-Hmmm..."

Wow, quoi? Etait-ce de l'anticipation? de quoi? la gourmandise? autre chose? Crowley décida de tester une dernière chose.

"On pourrait aussi en faire du cidre. Je suis sûr que tu adorerais faire sauter les bouchons d'un petit nectar maison?
-Hiii! Hum, calmons-nous, tu sais comment me tenter, vieux serpent! J'ai hâte de gouter ce breuvage délicieux. A demain soir!"

Et il raccrocha aussitôt, persuadé de ne pas pouvoir plus se contrôler. Il était temps d'aller essayer ses petits jouets s'il ne voulait pas sauter sur Crowley dès qu'il entrerait dans la Bentley.

Crowley, quant à lui, regardait d'un air vide le cornet du téléphone depuis que l'ange avait raccroché.

"D'accord c'était quoi ce délire? Depuis quand l'angelot réagit comme ça aux blagues salaces?"

😇🐍

Aaaah je pourrais détailler les joujoux d'Aziraphale mais je ne le ferais pas.

I want it allWhere stories live. Discover now