Chapitre 4

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ROSIE


—Rosie, chérie, explique-moi ce qu'il s'est passé.

Agenouillée au sol, adossée contre la porte de la salle de bain, j'essuie rageusement mes joues, là où reluisent plusieurs larmes qui ne cessent de couler. Depuis que je suis rentrée chez moi en pleurant, ma mère tente de me tirer les verres du nez. Je suis incapable de lui raconter mon horrible journée. Je ne sais pas si c'est la honte de ce qu'on raconte sur moi qui m'empêche de me confier. Comment expliquer à ma mère que le monde entier semble me considérer comme une salope doublée d'une pétasse ?

Je me suis enfuie en plein milieu de l'heure du dîner, après un énième commentaire concernant ma rupture avec Elliot. Tout le monde semble s'être mis contre moi. Même mes amies me reluquent bizarrement. Je me retrouve à être la bête de foire du lycée. Je déteste ça.

—Ma chérie... j'ai besoin de comprendre. N'es-tu pas censée être en cours à cette heure-ci ?

Un énième sanglot s'échappe de ma gorge à la mention du lycée. De l'autre côté de la porte, ma mère soupire. Je pleure tout sauf gracieusement. Certaines filles, dans les séries surtout, pleurent en reniflant doucement, paraissant presque mignonnes dans leur tristesse. Moi, je pleure comme si j'étais une maman éléphant. Les bruits de mes sanglots résonnent dans la salle de bain. Je me cambre en deux, comme si une douleur physique m'accablait, mais ce n'est que mon cœur qui se brise. J'essuie à nouveau mes joues.

Pourquoi est-ce si douloureux ? Et pourquoi, mais pourquoi, ai-je rompu avec Elliot ? Je ne comprends pas. Tout allait bien entre nous. Bien entendu, nous étions différents, et j'avais conscience que ce n'était pas pour la vie. Mais nous sommes jeunes ! Quel est le problème à avoir un copain même si on sait que ça ne durera pas éternellement ?

Je ne me comprends plus. La semaine passée, ma décision m'est arrivée naturellement, comme si j'y avais réfléchi depuis des mois. Ce n'était pas le cas. Elle m'est apparue comme une évidence le soir de la soirée, comme si ce n'est même pas moi qui y ai songé.

—Je vais te préparer un chocolat chaud. Tu viendras me rejoindre dans la cuisine.

Elle reste pendant encore quelques secondes, attendant une réponse de ma part. Réponse qui ne vient pas. Je ne me crois pas capable d'ouvrir la bouche sans crier. Le silence, enfin, m'accompagne durant les prochaines minutes. Une migraine fait lentement son apparition. Dès que je pleure, j'ai un de ces maux de tête affreux. C'est presque automatique.

Mes jambes tremblantes, je me lève et m'appuie contre le comptoir de la salle de bain. Je jette un coup d'œil au miroir. Mes yeux rougis sont bouffis. Je me passe une main dans les cheveux, essayant de défaire les nœuds qui s'y sont logés. J'appuie sur mon front. J'espère que la pression accumulée dans ma tête se libère. J'ouvre l'armoire de la salle, à la recherche de médicaments. Mes yeux atterrissent sur le rasoir de ma mère et je me fige. Mes doigts tremblent sur la poignée de l'armoire et je déglutis.

Non, non. Je tente de refermer la porte, mais mes doigts refusent de m'écouter.

Fais-le, murmure une voix dans le fond de ma tête, qui lorgne comme une voyeuse. Fais-le. Plus de douleur, plus de mal. Tu seras libéré.

Non, non, je ne veux pas, je ne veux pas ça.

FAIS-LE ! hurle une voix dans ma tête qui, j'en suis certaine, ne m'appartient pas.

Mes yeux s'ouvrent soudainement. Je réalise que je les avais fermés. La pièce tangue autour de moi, et le son d'un verre qui se brise sur la céramique retentit. Je descends le regard à mes pieds. Le verre brisé jonche le sol. C'est le verre que je me suis rempli d'eau pour avaler les médicaments. Je l'ai échappé.

Ombre Mortelle / à lire sur @HauntedSouls_Donde viven las historias. Descúbrelo ahora