Chapitre 17: Baisers volés

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« L'amour est emportement, l'amour est enthousiasme, l'amour est risque. »

Martin Gray

2020, Paris, 18e arrondissement, dimanche 15 mars

-Tu sais quand on était au lycée, je ne parlais pas, enfin pas souvent. Le loup solitaire, c'est comme ça que vous m'appeliez, ça m'a blessé parfois, je faisais partie du groupe mais j'étais l'outsider du groupe. J'en faisais partie sans en faire partie. J'ai pensé au pire souvent. La vengeance... Je te comprends un peu. Dix ans après je peux te dire que je suis content d'être en vie.

-Gab, tu as pensé au pire mais moi j'ai fait le pire. Je n'suis pas sûre que tu me comprennes.

Midi approchait alors Gab me proposa d'aller manger pour « parler des bons souvenirs au lieu de ressasser les mauvais » comme il me l'a dit. Alors on partit vers le premier restaurant que l'on trouva. On s'installa et ce moment commença à ressembler à notre premier restaurant.

-Ça ne te rappelle rien ?

-Si, le premier restaurant que nous avons fait en tête à tête.

-Le jour où j'ai appris à connaître Jade, dit-il en me lançant un pic.

Je savais que le sujet reviendrait sur le tapis, évoquer les bons souvenirs, y'en avait-il seulement des bons souvenirs ? Je n'avais pas de réponses à son pic alors je plongeai mon regard sur mon verre vide, je sentis un souffle près de mon cou, je savais très bien que ce n'était pas Gab, le serveur sûrement.

-Un verre de coca s'il vous plait et toi ? me demanda Gab

-Un verre de rouge, dis-je en m'adressant au serveur et à Gab en même temps.

Le serveur repartit, Gab posa son regard sur moi.

-Tes parents à toi, ils vont bien ? lui demandai-je pour changer de sujet.

-Ma mère est morte, il y'a six ans, un an avant la tienne, mon père est à Paris seul.

-Sujet sensible n'est-ce pas ?

-C'est un sujet sensible. Alors on va changer de sujet. Raconte-moi ta vie paisible à Marseille.

-J'habite plus à Marseille, j'ai déménagé de chez ma tante pour aller à Sanary. C'est plutôt cool, Louna est encore en primaire mais elle est très mature. Elle a plein d'amis et moi aussi, ça va nous faire bizarre quand... dis-je en me coupant au moment où j'allais faire une gaffe.

-Quand quoi ? demanda-t-il automatiquement.

-Rien, ça te regarde en rien.

-Ambre, on ne va jamais y arriver si tu me laisses pas un minimum entrer dans ta vie, chuchota-t-il assez fort pour que je l'entende.

Je relevai la tête immédiatement, il voulait entrer dans ma vie, il en avait envie, moi aussi, mais je ne pouvais pas le laisser entrer dans ma vie, je n'avais pas le droit, je me l'interdisais.

-Tu ne peux pas entrer dans ma vie, Gab.

-Pourtant tu m'appelles Gab depuis le début de la journée alors que tu ne l'avais pas fait depuis longtemps. Tu m'appelles Gab comme avant.

C'était vrai, je l'appelais Gab comme avant. Comme je le faisais avant que tout dérape.

-Avant, on n'était pas amoureux, Gabriel.

-Je n'ai jamais parlé d'amour, Ambre, dit-il en approchant d'un coup sa tête de la mienne.

-Pourtant si je t'ouvre la porte de ma vie, ce serait seulement pour ça, murmurai-je approchant encore plus ma tête de la sienne.

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