Le Quatrième Anneau

Elessar

Maintenant éloignons nous quelques temps de la jeune Meolyn et avançons légèrement vers l'ouest jusqu'à Minas Tirith. Une fois arrivés aux portes, suivons l'allée principale pour monter au septième et dernier niveau de la cité. Passons l'Arbre Blanc du Gondor dans la Cour de la Fontaine, et entrons dans la Maison du Roi. Enfin, faufilons nous jusqu'à la bibliothèque ( si l'on peut appeler bibliothèque ce que Gandalf qualifie de "amas de parchemins et de livres" au Conseil d'Elrond ). Maintenant, je peux reprendre mon histoire.

*

Aragorn soupira. Il s'était écoulé deux mois depuis qu'il avait fait cette découverte. Deux mois d'interrogations diverses, deux mois d'incompréhension, deux mois de recherches, et enfin deux mois qu'une inquiétude inexplicable s'emparait de lui, qu'un mauvais pressentiment l'assaillait.

Il faisait sombre dans cette pièce. Cette même pièce où, des années plus tôt, un Gandalf saisi du même pressentiment était venu chercher des réponses à ses interrogations pesantes sur la véritable nature de l'anneau que Frodon détenait.

Éclairé par une bougie qui tirait sur sa fin, Aragorn sondait les archives. Rien. Toujours rien ne mentionnait ce qu'il cherchait. Comment était-ce possible ? Pourquoi ne restait-il aucune trace ? Le seul document qui aurait pu le renseigner davantage était à moitié calciné et décomposé, de sorte que la partie qui l'intéressait était parfaitement inaccessible.

- Majesté !

- Qu'y a-t-il ?

- On nous informe que la jeune princesse Meolyn est à Osgiliath.

- Mmh, merci.

Le domestique s'en fut, laissant le vieux roi à ses méditations. 

Son fils, le prince Eldarion était partis depuis plusieurs jours aux Havres d'Umbar pour des négociations commerciales. La reine Arwen et la princesse Lindòrië, épouse de son fils, se reposaient. 

Il était las, las et fatigué des détours que la vie lui imposait pour parvenir à ses objectifs. Il savait qu'il devait partir en quête de réponses, parcourir les contrées des Terres Intérieures afin d'éviter un danger éventuel. Mais il était vieux. Son état ne lui permettait pas de repartir à l'aventure. Il était inutile de penser à Eldarion, bien trop occupé à gérer les affaires du Gondor, et qui le serait davantage lorsque Aragorn mourrait. Évidemment, il restait Meolyn. Mais était-elle prête ? Était-elle assez courageuse, assez déterminée, assez sage pour entreprendre une telle quête ? Oui, bien sûr qu'elle l'était. Le sang d'Isildur et celui d'Elendil coulait dans ses veines. Et, même en supposant que ce n'ai pas été pas le cas, quel autre choix avait-il ?

Il se leva pensivement de sa chaise et sortit. Dehors, l'air était frais, et on devinait le soleil décliner malgré la sombre masse de nuages qui cachait sa lumière. Aragorn s'avança jusqu'au bord de l'esplanade, en haut de l'avancé montagneuse coupant six des sept cercles de la cité, qui dominait Minas Tirith. Là, il regarda l'horizon chargé de nuages et, baissant le regard, contempla son royaume, le royaume d'Isildur et de ses descendants.