Tuor & Idril

Eöl & Arehdel

Turgon, roi de Gondolin, s'apprêter à passer à table quand un évènement imprévu bouleversa sa soirée : devant la porte du château, éreintée, sale, tenant par la main un jeune garçon dans le même état qu'elle, se tenait sa soeur, Arehdel. 

Des années plus tôt, elle avait quitté Gondolin contre l'avis de son frère et il ne l'avait jamais revue depuis lors. Certains racontaient qu'elle s'était perdu dans la forêt de Nan Elmoth.

Le roi n'en croyait pas ses yeux.

- A...Arehdel ? 

- C'est moi. Par pitié Turgon, pardonne moi, mais ne me laisse pas ici, seule avec mon fils.

Le roi sourit, et lui assura que jamais il ne lui en avait voulu, bien qu'il ai été très attristé de sa disparition. Il l'accueilli, heureux de ces retrouvailles, et l'invita à se réchauffer auprès du feu.

Arehdel lui raconta alors ce qu'il lui était arrivé depuis le jour de leur séparation. Effectivement égarée dans la forêt, elle avait été capturé par Eöl, l'Elfe Noir ( surnommé ainsi en raison de son aversion pour la lumière du jour et pour les Noldor ), et lui avait par la suite donné un fils, celui là même avec lequel elle était arrivée. Elle l'avait nomé Lómion ( "fils du crépuscule") et Eöl l'avait nommé Maeglin ("yeux perçants").

- J'étais las d'Eöl et de sa froideur. Les Noldor me manquaient, alors je me suis enfuie avec mon fils, pendant qu'il était en voyage chez les nains, et...

- Majesté ! Nous avons trouvé cet elfe errant dans les rues de la ville, nous ignorons comment il s'est introduit dans la cité.

Une demi-douzaine de gardes avaient fait irruption dans la pièce, escortant un elfe de haute stature, au visage rude et au regard pénétrant. Ses cheveux noirs, collés à son front par la sueur, cachaient partiellement son visage. Arehdel poussa un cri.

- Eöl !

Turgon se leva précipitamment et alla au devant de l'elfe.

- Étranger, tu as pénétré illégalement dans la Cité Cachée, et pour cela tu devrais être puni. Cependant je crois comprendre que tu es l'époux de ma soeur et par conséquent le père de mon neveu.

L'elfe ne broncha pas. Arehdel avait les larmes aux yeux. Les gardes attendaient, impassible. L'air était lourd, l'atmosphère tendue. Turgon réfléchissait : il ne pouvait le laisser partir car il connaissait désormais l'emplacement de la cité, mais il répugnait à tuer l'homme qui avait donné un enfant à sa soeur.

- Eöl, j'ai décidé de t'offrir le choix entre les deux alternatives suivantes : rester pour toujours à Gondolin en compagnie de ta femme et ton fils, ou mourir.

Mais Eöl détestait par dessus tout les Noldor, et refusait du plus profond de son coeur d'obéir à l'un d'entre eux. Il comprenait que le situation était irréversible et il préférait mourir, mais l'idée de leur laisser son fils l'horripilait.

S'emparant alors vivement du javelot de l'un des gardes, il le lança droit sur Maeglin. Sans réfléchir, dans un geste de protection héroïque qui allait se répercuter sur le destin de Gondolin, Arehdel se précipita devant son fils et l'arme la blessa à l'épaule.

Turgon, fou de rage, ordonna qu'on mette immédiatement Eöl en prison, puis il se jeta sur sa soeur mourante. La lame du javelot était en effet empoisonnée, il ne lui restait que quelques instants à vivre.