Écrire librement : les histoires dans ma tête

Princesse recherche liberté

–– Hors de question, Papa! Je ne te laisserai pas ruiner ma vie de telle sorte! je crie du plus fort que je le peux.

Sérieusement, comment peut-il me faire un coup pareil? La tradition, qu'il dit, la tradition.

Je suis assise sur mon lit pendant que ma servante court me chercher une serviette. Mon front est tout en sueur et, comme Maman disait toujours, une princesse ne sue pas. Une princesse ne fait pas si, une princesse ne fait pas ça... et bien tu sais quoi? Une princesse ne marie pas un homme qu'elle n'a jamais rencontré de sa vie. Je reprends doucement mes esprits lorsque mon père, dans l'embrasure de la porte, m'interpelle :

–– Ma chérie, j'aimerais te dire que la vie est un conte de fée, mais hélas, ce n'est pas le cas. En tant que futur reine, tu as des responsabilités à prendre. Marier un jeune homme plein de bonne volonté fait partie de ces choses que tu dois faire.

–– Jamais, Papa. Tu m'entends? Je ne passerai pas ma vie avec quelqu'un que tu as choisi juste pour satisfaire le royaume. Ça, il n'en est pas question.

–– Prend la peine d'y réfléchir, au moins. Tu n'es pas en position de refuser, ma chérie. Une rencontre est déjà arrangée pour que ton prétendant et toi puissiez faire connaissance, me confie le roi.

Je n'arrive pas à y croire. Il n'en est pas question. Pas tant que je serai vivante.

Sans une ni deux, j'attrape un sac qui traînait dans ma chambre et y fourre quelques éléments de ma vie auxquels je tiens. J'ai beau me rebeller, je resterai toujours une princesse. J'envoie ma femme de chambre en congé et m'extirpe le plus discrètement possible du palais royal que mon père a fait construire en l'honneur de ma mère, décédée il y a quelques années. Je fais rapidement mes adieux à l'endroit que j'appelais ma maison auparavant et m'engage sur une route de terre. Selon mon papa, seuls les pouilleux l'utilisent. C'est donc la route parfaite pour ne pas me faire remarquer.

La boue tache mes souliers neufs. J'aurais peut-être dû changer de paire avant d'entreprendre mon périple vers ma liberté absolue. Je n'en sais rien, je n'ai jamais fugué de chez moi! Je ne suis presque jamais sortie du palais, puisque mes serviteurs allaient faire les courses à ma place et les peu de fois où je m'aventurais à l'extérieur, il y avait mes gardes-du-corps qui me suivaient sur les talons. Jamais je n'ai été seule dans la nature comme aujourd'hui. Je devrai m'y habituer, c'est la vie que j'aie choisie, apparemment.

La chaleur accablante du Soleil me donne soif. Évidemment, je n'ai pas pensé à m'apporter une bouteille d'eau. D'habitude, ce sont mes majordomes qui s'occupent de cela. Je n'ai plus envie de marcher, cela doit bien faire... trente minutes que je marche sur ces sols boueux, je n'en peux plus. Mes pieds me font mal, ma gorge est sèche et personne ne m'a encore adressée la parole. Je n'ai même pas croisé un seul habitant sur cette satanée route. Arriverai-je à la fin de cette dernière? Même moi, j'en doute.

Je dois faire une pause. Mon cœur bat à toute vitesse et je sens de l'eau couler dans mon dos. Cela doit bien être un signe de déshydratation, n'est-ce pas? Je ne serai bonne à rien si je tombe de fatigue et perds connaissance. Il faut que je me repose un peu. Je continuerai mon chemin plus tard, peut-être pendant la nuit? Qui sait ce que le futur me réserve!

Je trouve cette vie plutôt excitante. Je ne sais encore rien de ce qui m'arrivera et pourtant, je ne suis pas angoissée pour une miette! Bon, il est vrai que le confort de mon lit et de mon palais me manquera, mais... je suis une grande fille, je suis capable de m'occuper de moi-même seule. Et puis, ça ne peut pas être si dure que ça, vivre sans abris pendant quelques jours.

Mon ventre commence à gargouiller. Je n'ai effectivement pas pensé à emporter des collations. Je saute sur le premier petit restaurant que je vois, pas le temps d'être difficile en terme de nourriture, un jarret d'agneau ferait amplement l'affaire.