Chapitre 2

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Le lendemain, Neila rendit son devoir de métaphysique, fière de son travail. Elle avait corrigé toutes les fautes d’orthographe, et même si elle l’avait presque entièrement rédigé en étant à moitié endormie, au moins, elle avait eu le temps de le terminer avant l’intrusion franchement imprévisible.

Cela ne l’effraya pourtant pas, et le soir venu, elle laissa la fenêtre ouverte pour dormir. Elle n’allait pas changer ses habitudes juste parce qu’une personne était entrée chez elle avec une justification un peu bancale. Son histoire n’avait aucun sens, mais c’était le dernier de ses problèmes : Neila était persuadée qu’elle ne le reverrait jamais.

Trois jours plus tard, quelqu’un entra par la fenêtre de la chambre de Neila. Sauf que cette fois-ci, c’était vendredi soir : Neila ne dormait pas, elle avait sa lumière allumée et elle écoutait tranquillement de la musique sur YouTube. Cette fois-ci, donc, elle fut témoin de l’entrée de la personne, qui se jeta la tête la première dans sa chambre, et atterrit sur le ventre.

-Salut !

Elle resta quelques secondes les sourcils haussés, à se demander comment est-ce qu’elle était supposée réagir à ce qui venait de se passer.

Elle n’avait pas vu sa tête, la dernière fois, ni entendu sa voix, mais ça ne faisait aucun doute pour Neila : c’était bien la même personne. Dès son entrée, son niveau d’énervement avait grimpé au même niveau que trois jours plus tôt.

-Je peux savoir ce que vous faites ? 

-T’inquiète, pas de groupies, aujourd’hui ! Je suis juste venu en paix.

Neila décida de s’énerver mentalement plutôt qu’oralement : encore une fois, sa mère dormait, et elle n’avait aucune envie de lui expliquer pourquoi un mec venait de s’introduire par sa fenêtre. Elle allait forcément tirer des conclusions hâtives dont elle préférait largement se passer.

-En paix ? répéta-t-elle.

-Ouais, je suis venu te remercier pour la dernière fois. J'ai pu rentrer chez moi sans recroiser les groupies. Merci beaucoup.

Il se redressa enfin et s'approcha de Neila, lui tendant sa main.

-Adil, enchanté.

-Joséphine, répondit-elle en lui tendant sa main, et Adil ouvrit grand les yeux.

-Tu t'appelles vraiment Joséphine ?! Je suis trop fort !

Neila soupira.

-Non, je m'appelle pas du tout Joséphine. Mais comme tu as décidé de me renommer comme ça sans me demander la permission, je perpétue la tradition.

-Donc je peux continuer à t'appeler Joséphine ? demanda Adil, complètement perdu, et Neila le fusilla du regard.

-Non.

-Je comprends vraiment rien, soupira Adil d'un air désemparé, et Neila haussa les épaules.

-Merci d'être passé, c'était un plaisir de te sauver de tes groupies.

-Joséphine, c'est pas vrai du tout, ça. En fait, tu utilises ce ton là, celui pour se débarrasser de moi.

Même si elle voulait garder son air blasé, Neila ne put s'empêcher de pouffer de rire.

-Arrête de parler du ton que j'utilise comme si on se connaissait depuis des années.

-T'as vu, parler du ton, ça donne un air connaissance de longue date, même ami d'enfance ! sourit Adil, tout fier de lui. Mais bon en vérité, c'est le seul ton que je t'ai entendu utiliser depuis qu'on se connaît.

-Je répète, et écoute bien le ton que j'utilise : merci d'être passé, je te raccompagne pas jusqu'à la fenêtre, tu connais le chemin.

-Euh, Joséphine… je peux toujours pas sortir par là. Les groupies m'ont vu entrer par là, et--

-Mec, tu n'as pas de groupies ! s'agaça Neila. T'as vu ta coiffure ? T'es l'idole de personne, et personne ne va te sauter dessus quand tu vas passer par la fenêtre. Maintenant dehors.

Adil resta silencieux pendant presque une minute. Il avait l'air vexé, mais Neila ne pouvait rien y faire. Il fallait qu'il entende la vérité.

-Bon, bah, salut, dit-il finalement, et il sortit par la fenêtre.

Neila s'attendait presque à le voir faire demi-tour pour ajouter quelque chose--de stupide, sûrement--, mais Adil n'en fit rien. Ce jour-là, Neila ne revit pas Adil.

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Merci pour vos réactions sur le premier chapitre ça m'a fait trop plaisir, wattpad est un peu mort ces derniers temps alors je m'y attendais pas ♡

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