𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚍𝚒𝚡

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Après une heure d'attente le verdict tombe. Quatre côtes cassées et le nez fracturé. J'ai honte devant le médecin, honte de mon mensonge. Honte de moi, d'être une mère minable incapable de protéger mon fils. Je savais que mon père n'y croyait pas. Je savais qu'il se doutait de quelque chose. Le médecin me met une sorte d'attelle au niveau du nez qui permettra de le maintenir dans l'attente  d'une date pour l'opération. De loin, nous entendions les bruits d'ambulances arriver à toute allure.

« Dégagez le passage, dégagez [...] »

Le brancard recouvert d'un drap blanc sanglant se dirige rapidement vers deux portes interdites au public. Au moment de se diriger vers la sortie un visage nous paraît familier.

- Ho, inspecteur Harmon. Comment allez-vous ?
- Monsieur Hope ! Ils se serrent la main d'une façon dynamique. Écoutez, ça pourrait aller mieux. Et vous ?
- Ma fille est tombée dans l'escalier, je l'accompagne.
- Aïe, l'escalier avait des bras peut être ?
- Heu .. Non juste des cartons en bas. Dis-je d'un air gêné.
- Et vous inspecteur, que faites-vous ici de bon matin ?
- On a retrouvé une jeune femme ce matin à Melmore, nue et sans dents. Mais vivante. Quelqu'un est arrivé sur les lieux avant qu'il n'est eu le temps d'achever son œuvre.
- Mon Dieu mais c'est horrible !
- Je ne vous le fais pas dire, bon excusez-moi je dois y aller. Passez une bonne journée.
- Merci, vous aussi.

On rentre à la maison, la voiture de Marc était là. À table avec ma mère en train de boire un thé, Ayden sur ses genoux, comme s'il n'y avait jamais rien eu. Il se dirigea vers moi avec un air paniqué.

- Que c'est, il passait ma chérie ? Me dit Marc tout en faisant semblant d'être inquiet.
- Je suis tombée dans les escaliers, je voulais aller à la cave, il y avait un drôle de bruit.
- Mais comment as-tu fait ton compte ?
- J'ai dû glisser sur quelque chose.

Je le regarde, il me dégoûte. Je vois en lui une part de plus en plus sombre. Ce soir, je retournerais à la cave ouvrir cette petite boîte qui m'intrigue. Mon père se met à raconter la nouvelle tentative de meurtre que l'inspecteur Harmon nous a expliqué à l'hôpital. Je regarde Marc du coin de l'œil, il a les poings fermés sous la table, la mâchoire qui se ressert, son front commence à briller, comme s'il avait l'air angoissé de la situation. Comme s'il avait peur qu'on découvre quelque chose ?
Je propose à mes parents de reprendre Ayden chez eux quelques jours, je pense qu'elle a dû comprendre que quelque chose ce tramer.
Je me repasse notre vie en boucle dans ma tête, nous avons déménagé trois fois en 12 ans. J'ai connu Marc j'avais 17 ans. Nous venons de France, nous vivions dans un petit village en Alsace, chez les parents de Marc. Nous avions décidé de nous rapprocher de mes parents qui vivent dans l'Ohio, mes parents ont dû partir pour des raisons professionnelles, ma mère étant professeur d'anglais elle a eu une opportunité à saisir ! Je l'ai encouragé. Nous sommes parties pour mon vingtième anniversaire. Marc m'avait fait la surprise en m'offrant le billet d'avion et une clef, celle de notre première maison.
Avant d'arriver à Sycamore, nous étions à Pittsburgh en Pennsylvanie. Et ensuite, une opportunité s'est présentée, nous avons acheté une maison à proximité de celle de mes parents.
La première année s'est plutôt bien passé. J'avais repris mes études, Marc travaillait. Ensuite, il a commencé à sortir avec ses collègues et à rentrer tard du travail, très tard même. Il m'arrivait parfois de me mettre en colère quand il rentrait ivre et qu'il était incapable de marcher jusqu'à notre chambre. Les premiers coups sont survenus en 2011, ce fut dans un premier temps des insultes sans gravité au début, mais par la suite s'est devenu beaucoup plus violent. Parfois des soirées d'insulte, parfois des soirées remplit de coups, parfois les deux.
Mais à quel moment les choses, on dégénérait ? Que s'est-il, passé du côté de Marc pour qui devienne aussi violent ? Je suis toujours en train de chercher les réponses à toutes mes questions qui restent en suspens.
Nous avions une vie tellement parfaite et idyllique, c'est vrai. Quelle femme ne rêverait pas de finir sa vie avec son premier amour ?
Je me suis souvent dit que c'était à cause de moi, une cuisson ratée, une chemise mal repassée, le ménage que je négligeais parfois. Et d'autres choses encore qui pouvaient facilement l'énerver. Il a toujours eu une emprise sur moi, depuis le début. Quand on se dispute, même si je n'y suis pour rien, je finis toujours par pleurer et m'excuser.

Comme une conne.

Blows and Wounds [/𝙲𝚘𝚛𝚛𝚎𝚌𝚝𝚒𝚘𝚗\]Where stories live. Discover now