Faire partie de ton passé

Chapitre 11 - On ne choisit pas son sang

Surprise, Hermione avait perdu sa baguette et se retrouvait la tête en bas, en très mauvaise posture. Elle tenta vainement de lancer dans sa tête un "Accio baguette" mais rien n'y fit : sans sa baguette, c'était peine perdue.

Le garçon hautain aux cheveux noirs la fit monter un peu plus haut dans le couloir et dans un rictus, dit :

- Alors, on fait moins la maline comme ça !

Hermione était désemparée mais pas paniquée au point de perdre la raison. Elle n'avait pas de baguette, elle était à sa merci. C'était un fait. Maintenant, que faire à part empêcher sa jupe de remonter sur sa tête ? Pas grand chose à part utiliser ses mains. Elle se calma, prit une grande inspiration, et lui répondit calmement.

- Et si tu me faisais descendre ? Ce n'est plus très drôle !

Elle fit mine d'examiner sa manucure, comme si de rien n'était. Ce geste enragea son adversaire.

- Tu te prends pour qui, sale sang-de-bourbe ?

- Parle pour toi ! répondit-elle d'un ton froid.

- Je ne suis pas un sang-de-bourbe, langue de vipère ! s'indigna le garçon, au bord de l'apoplexie. Je suis un sang pur, pas comme toi.

- Et alors ?

- Je te ferai avaler ta face de rat...

- Et bien vas-y !

Le garçon était en rage mais il était à court d'idées. Soudain, il arrêta son sort et Hermione s'affala lourdement sur le sol. Pour le coup, elle eut très mal sur tout le flanc gauche et ne put s'empêcher de pousser un gémissement, ce qui la fit rougir car elle enrageait de montrer un quelconque signe de faiblesse. Elle releva la tête et vit que sa baguette était encore deux mètres trop loin.

- Ahah, que tu es ridicule ! Que de vains efforts pour une fille comme toi ! Je ne sais même pas pourquoi je m'échine à te donner une leçon, dit le garçon d'une voix moqueuse.

- Merci pour tes efforts, sincèrement, maintenant, si tu veux bien m'excuser... dit-elle tout en se relevant prudemment. Elle fit un pas vers sa baguette.

- Expulso ! lança le garçon vers sa baguette qui fit un bond de trois mètres, très loin d'Hermione. Tu crois vraiment que je te laisserai reprendre ta baguette. Tu m'as pris pour un de ces idiots de sorciers ayant de la bouse de dragon à la place du cerveau.

- Non, pas vraiment, marmonna Hermione.

- Maintenant, tu vas t'excuser, et quand je dis que tu vas t'excuser, je te veux accroupie sur le sol, tête baissée ! dit-il d'un ton impérieux et narquois. Il pointait directement sa baguette vers elle, d'un air menaçant.

Si elle avait été plus proche de lui, Hermione lui aurait mis son poing sur la figure, mais malheureusement, elle était bien trop loin. Qui était ce garçon arrogant ? Pourquoi lui en voulait-il autant ? Bien sûr, c'était un Serpentard. Mais à son époque, jamais un seul garçon, de n'importe quelle maison ne l'aurait autant persécutée, surtout elle en septième année, préfète en chef de surcroit. Il y avait bien Malefoy et sa clique mais elle savait comment les gérer à force de les avoir côtoyés pendant plus de six ans. Celui-ci, c'était une autre histoire. Il avait quelque chose dans le regard... très proche de la démence. Elle était en colère contre lui, contre elle-même et sa stupidité mais ce regard la fit frissonner.

N'ayant pas d'autre option, elle fit mine de commencer à s'accroupir lorsqu'elle entendit une voix impérieuse dans le couloir.

- Expelliarmus ! lança un Sirius furieux. En 4 enjambées, il fut devant Hermione et la protégeait de son corps. Mais son sort rata sa cible car le garçon hautain le bloqua immédiatement et dirigea sa baguette vers Sirius.

- Mais qui voilà ? dit-il d'un air moqueur. Le FAMEUX Sirius Black ! Mais voyons ! Ce sauveur des âmes Moldus perdues ! Ce courageux et vaillant chevalier servant !

- La ferme, Regulus ! répondit Sirius, d'une voix ferme. Laisse-la tranquille !

- Oooh, ricana Regulus, MONSIEUR souhaite que je la laisse tranquille ! Et pourquoi donc ? MONSIEUR le séducteur a encore frappé ! C'est ta nouvelle petite amie ?

- Tu délires ! Maintenant, va-t-en retrouver les tiens, tu n'as rien à faire ici !

- Et en plus, il me donne des ordres !

Regulus fit quelques pas comme s'il réfléchissait. Et soudain, lança :

- Petrificus totalus !

Sirius para le coup sans même dire un mot.

- Tu crois vraiment me battre en défense contre les forces du mal ? demanda Sirius, un sourire aux lèvres. N'as-tu rien compris ? Ce n'est vraiment pas me connaître...

Il ne dit plus un mot mais Hermione comprit d'instinct le sort qu'il lança à Regulus : celui du silence. Regulus voulut dire une incantation mais rien ne sortit de sa bouche. Il fulmina.

- Mon frère, tu n'as vraiment rien compris, dit Sirius d'un air désolé.

Et d'un coup de baguette, Regulus se retrouva projeté contre le mur et après avoir atterri lourdement sur le sol, toussota. Il voulut dire quelque chose mais se retrouva muet. Néanmoins, ses yeux en disaient long : il était fou de rage et Hermione sentit qu'il n'allait pas en rester là. De plus, son regard exprimait une jalousie débordante, réprimée pendant de longues années. Elle constata que bien qu'hautain et doué en magie, Regulus n'avait rien d'extraordinaire. Il ressemblait à Sirius mais semblait une pâle copie de son grand frère. En plus de la trahison de Sirius envers sa famille, Regulus ne pouvait supporter le succès que son frère avait : en magie, auprès des filles, même auprès des professeurs, qui, malgré ses farces, l'appréciaient. C'est pourquoi il le détestait, comprit-elle.

Elle continua de le regarder, interdite, comme bloquée sur un tableau de maître mais Sirius l'entraîna vers la salle commune en ramassant ses affaires. La rixe était terminée, il n'y avait plus rien à voir.

- Je... balbutia Hermione, hum...

- Tu peux juste me dire merci, cela me conviendra, lui répondit Sirius, simplement.

Elle voulut lui répondre d'un ton cinglant mais lorsque son regard se posa sur lui, elle arrêta net les mots qu'elle avait sur le bout de la langue : Sirius avait le dos rond, le visage fermé, les yeux tristes. Elle sentait que le sujet était délicat. Regulus ! Elle avait rencontré le frère de Sirius, un garçon qui s'était tourné vers les forces du mal et qui le détestait de surcroît. Et Sirius en était très affecté. Elle connaissait son histoire, comment il avait rejeté sa famille et son sang. Mais en réalité, c'était plutôt ses parents qu'il avait rejeté, leurs idées rétrogrades, leurs humiliations. Malgré tout, son frère restait son frère. Elle se rendit compte de sa douleur et ne répondit rien, à part un "merci" à demi-voix.

Ils se turent et arrivèrent dans la Salle Commune. Plus par habitude que par envie, elle se dirigea vers la table vide où elle révisait fréquemment avec Ron et Harry. Elle y déposa ses livres et sans réfléchir, prit le premier qui lui tomba sous la main. Elle ne sut pas ce que Sirius alla faire mais au bout de quelques minutes, elle releva la tête et se rendit compte qu'il n'était plus là. Elle eut un pincement au coeur mais s'admonesta. Sirius avait ses propres soucis et elle ne voulait pas s'inquiéter pour lui, s'intéresser à lui de près ou de loin, ni même penser à lui. Elle devait l'effacer de son esprit.

Elle reprit sa lecture et ne vit pas le temps passer.