Chapitre 2

6K 470 39
                                    


― Louis, non, ne fais pas ça !

Arthur, le fils du secrétaire particulier du prince et meilleur ami de celui-ci, prit l'ordinateur des mains de son ami, ferma l'onglet actif et le reposa sur le bureau en acajou.

― Réfléchis, si tu n'es pas là pour l'arrivée de la duchesse de llyord, le roi va nous punir tous les deux. Toi pour ton escapade et moi, car je n'aurai pas réussi à te retenir. Donc, aujourd'hui, tu restes au palais.

― Mais, je...

Au moment où le prince voulut répliquer, on tapa à la porte.

― Entrez ! ordonna le prince.

Sa directrice des ressources humaines et un jeune homme de son âge entrèrent dans la pièce. À l'instant où son regard croisa celui de son futur valet, son cœur rata un battement. Les yeux d'un bleu éclatant voyageaient à travers la pièce et sa main droite triturait discrètement le bas de sa veste. Emilie fut la première à effectuer une révérence parfaitement, contrairement à son voisin qui fut maladroit. Cependant, il ne lui en tint pas rigueur. Il était novice en la matière et en plus, n'importe qui devenait malhabile en présence des monarques. C'était l'un des nombreux désavantages à être une personnalité publique très importante.

― Votre majesté, je vous présente Julien Dermotte. Julien, je vous présente le prince Louis et Arthur Fois, le fils de son secrétaire particulier.

Arthur alla lui présenter sa main tandis que Louis se contenta d'un rapide signe de tête, n'ayant pas le droit de lui offrir une poignée de main, car les souverains devaient garder une distance avec ses employés. Certaines stupides traditions avaient la dent dure. D'ailleurs, lorsqu'il deviendra roi, il changerait en priorité celle-ci. Lorsque Julien Dermotte donna une poignée de main virile à son meilleur ami, son visage s'illumina avant de se rembrunir.

― Je vous souhaite la bienvenue au palais, monsieur Dermotte, se contenta de dire Louis.

Il devait garder sa prestance, mais tout ce qu'il voulait faire, c'était se masser la nuque. Jamais il n'aurait cru que Julien Dermotte, Arthur et lui serait dans la même pièce, même lorsqu'il avait décidé de le prendre comme collaborateur. Le pire, c'est que son nouveau valet semblait se souvenir d'Arthur.

Les prochains jours vont être mouvementés...

Mais surtout, il risquait d'avoir de sacrées situations cocasses. C'était de sa faute et il assumait. En prenant l'identité de son meilleur ami – sans que ce dernier ne le sache sous peine de recevoir un speech sur la moralité et l'usurpation d'identité – à chaque fois qu'il sortait en ville de manière anonyme, il savait quelles seraient les conséquences lorsque ce secret serait révélé. C'était pour cette raison qu'il n'allait rien dire.

― Nous devons vous laisser, votre altesse, dit Emilie.

Ils firent une seconde fois la référence et sortirent de la chambre.

― T'as vu comment il m'a regardé ? l'interrogea Arthur.

Louis retourna à son bureau en pressant le pas.

― Non.

― On aurait dit qu'il me connaissait. Le problème, c'est que moi, je ne le connais pas...

― hum... hum...

Pitié, changes de sujet.

― Tu m'écoutes, au moins ?

― Oui, ne t'inquiète pas, je suis tout ouïe.

― C'est ça, je te crois. Bon, allez, je vais aider mon père dans les derniers préparatifs de la venue de la Duchesse de LLyord.  

― Tu devrais plutôt réviser. Tes examens sont dans huit mois, je te rappelle.

― À quoi cela sert ? Que j'ai mon diplôme ou non d'Histoire, on s'est tous les deux où je vais atterrir à la retraite de mon père.

― Arthur, je t'ai déjà dit que lorsque je deviendrai roi, je supprimerai cette tradition idiote de poste de père en fils. De plus, ton père a encore douze ans d'activité, donc d'ici là, tu peux avoir un travail en dehors du palais. Alors essaye quand même d'avoir ce diplôme.

― Ouais et moi je te réponds toujours que ton père n'a que cinquante ans, donc ce n'est pas demain la veille que cette tradition sera mise aux oubliettes. Quant au travail en ville, je n'ai pas envie d'être embauché grâce à mon nom de famille, si tu vois ce que je veux dire...

Louis grogna, n'ayant pas d'arguments pour le contester.

― Allez, j'y vais.

Louis le regarda partir, puis, il ouvrit une page internet. Sa promise, la duchesse de LLoyrd, arriverait d'ici quelques heures et il n'avait pas encore recherché d'informations approfondies sur elle. Certes, le père d'Arthur lui avait donné un dossier incluant sa photographie, ses passions, ses qualités et défauts, sa photographie et ses nombreuses associations caritatives, mais il voudrait aussi connaître ses envies, ses centres d'intérêts ou même s'ils avaient des amis en commun. Etant donné qu'il ne pourrait jamais l'aimer, il aimerait être avec une personne avec qui il pourrait discuter de sujets qui les intéressaient tous les deux, sinon, les années à venir seraient bien ennuyeuses.

***

Le soir venu, la famille royale et quelques employeurs importants dans l'organisation se rassemblèrent dans la cour arrière du palais, celle que les visiteurs ne voyaient pas depuis la façade avant de la demeure. C'était dans cette cour que les invités des monarques sortaient de leur voiture, loin des regards indiscrets. La berline noire de la duchesse entra dans la cour et avança jusqu'à eux.

― Je n'ai pas osé regarder sa photo. Elle est belle, au moins ? lui demanda Arthur.

Louis se retint de pousser un soupir. En ce qui le concernait, qu'elle soit mignonne ou non, cela ne changeait rien : les femmes ne l'attiraient pas. Et même si son titre d'héritier à la couronne lui était impossible de faire son coming out et de se montrer en compagnie d'un homme, il n'allait pas lui faire du charme pour faire plaisir au roi. La situation serait encore plus dramatique si elle tombait amoureuse. De toute façon, c'était un mariage arrangé, il était organisé pour sceller une alliance entre le gouvernement et un petit duché indépendant tout au nord du pays. L'union était aussi l'occasion de perpétuer la ligne. Ils allaient se marier, concevoir un enfant et ensuite, ils feraient leur vie chacun de leur côté.

― Ouais, ça va encore. Des cheveux blond coupés au carré, des yeux bleus, un visage en cœur et les traits fins comme beaucoup de filles. Il y a pire, quoi, répondit Louis.

― Tu m'as l'air très motivé. Ne t'inquiète pas, je suis certain que vous allez vous entendre.

Au même moment, un valet ouvrit la portière arrière et une paire de jambes, puis un corps vêtu d'un tailleur blanc apparurent. La duchesse de Lloyrd affichait un sourire resplendissant tandis qu'elle fit la révérence au roi et à la reine en récitant le discours d'usage. Lorsqu'elle se positionna près du prince, il lui sourit en retour et lui fit un baisemain.  

― Je suis enchanté de vous rencontrer, Rose de Lloyrd.

― Tout le plaisir est pour moi, prince Louis.

Ils échangèrent quelques mots de plus, puis, Louis l'invita à entrer à l'intérieur du palais. Le roi et la reine, eux, dut s'occuper des parents de la future mariée qui accompagnaient leur unique enfant. En parcourant les couloirs jusqu'au salon principal, le prince lui posa diverses questions. Il fut heureux de découvrir que les informations qu'il avait trouvé sur le net ne mentaient pas : ils avaient un certain nombre de points en commun.

C'est déjà ça. On n'aura pas à se regarder dans le blanc des yeux toute la sainte journée.

***

N/A : Eh voilà un nouveau chapitre.

Royal (BxB)Where stories live. Discover now