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THE TOWER HOTEL, London.

Je suis assise sur le lit d'un hôtel de Londres, l'hôtel où loge Kenny. Ça fait à peu près deux heures que je n'ai pas donné de nouvelles aux garçons mais je pense que ça va, ils ne m'ont pas encore harcelé de messages. Je pensais le contraire, puisqu'on doit avancer sur le morceau mais, j'ai confiance en nous. Je sais qu'on peut le faire.

Kenny refait son apparition dans la pièce avec un verre de whisky pour lui et une cannette de bière pour moi. Je suis pas vraiment d'humeurs à boire, aujourd'hui donc, je préfère prendre quelque chose de très soft pour l'instant. J'ouvre la canette de bière puis là claque contre le verre de whisky de Kenny et il en sourit un peu.

« Du coup, t'as trois jours pour écrire une chanson de tonnerre pour la présenter à Greg ? », me demande Monsieur le rappeur.

« Ouais, mais ça va je suis plutôt confiante. Les paroles on les a. Les beats, on les a. On sait juste pas encore quel parole va avec quel beat, c'est simple à faire en trois jours non ? »

« T'as l'air d'être un petit génie de la musique alors ouais si tu le dis, il rigole. Mais moi, en trois jours je peux me mettre à écrire qu'un seul couplet. »

« Mais toi c'est du rap. Les rappeurs, vos textes peuvent en vrai faire trois ou quatre chansons que moi je peux écrire tellement ils sont longs. Vous racontez vos vies entières; dans les moindres détails. »

« Mais c'est ça qui est bien dans le rap non ? Les détails, les figures de styles, les différentes tournures de phrases, les détails. C'est ça qui rend un morceau vivant. »

« Je n'écoute pas de rap, alors je ne peux pas te dire si c'est ce qui est bien ou non. »

« T'écoutes pas de rap, il répète doucement. Comment peux-tu ! Je t'assure que tu rates quelque chose. Kendrick Lamar, t'écoutes ? C'est un dieu lui tu ne peux pas ne pas écouter. »

« J'entends, mais je ne vais sans doute jamais aller écouter une musique de lui, de moi-même. Ce qu'il fait est bien, c'est même génial mais c'est juste que c'est pas moi. Je me suis jamais vraiment faite une culture rap. Moi c'est plus, j'sais pas, vieux rock des années soixante-dix à début deux milles, tu vois. ? »

« Tu peux pas dire ça à un rappeur tu sais ça ? Tu perds tout ton charme là ma belle Amy. Le rap c'est une forme d'expression tellement pure. Tu sais c'est réel. Je dis pas que le chant en lui-même ne l'est pas mais, y'a des gars qui se sont servis du rap comme force et arme contre l'oppression de la société en général. Y'a tellement plus d'histoire dans le rap que tu ne le penses. Tellement d'enjeux, de risques, de vérités, de règlements de compte, de poésie, de tristesse, de joie, de cœur, de familles. Y'a tellement d'histoire très profond dans le rap, tu ne peux même pas faire le tour tu sais, c'est tellement, putain y'a pas mieux que le rap je t'assure. »

« T'es passionné, ça se voit. C'est beau à voir même, je lui dis et il me sourit. Tu me fais écouter un morceau de rap qui pour toi, bat tous les morceaux du monde ? »

« Hm, ça c'est difficile. Mais je vais te faire écouter du 2PAC. Ma belle, dis moi que tu connais 2PAC. »

« J'ai dit que j'écoutais pas du rap, pas que j'étais inculte. »

Il met une chanson à partir de son téléphone, chanson très douce, mais 2PAC qui commence à poser son flow sur le beat est assez poignant. Il parle de la difficulté de vies de la "délinquance" des noirs américains. Du manque d'opportunités les concernant et que même s'ils ont l'air de vrais "thug" ils ont quand même des sentiments et qu'il leur arrive de pleurer de leurs situations. C'est brisant je trouve, on voit qu'il parle d'une réalité de vie. Qu'il a grandi dans ça et qu'il parle en connaissance de causes. Ce n'est clairement pas ce que j'écouterai tous les jours de ma vie mais cette musique est vraiment belle pour le coup.

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