Lettres à Élise

septième lettre

S E P T I È M E⠀L E T T R E

⠀⠀Ma chère Élise,

Ce n'est que dans cette septième lettre que j'ai enfin résolu de t'avouer ce que j'ai toujours voulu te cacher, l'une des principales raisons pour lesquelles j'ai commencé à t'écrire ces lettres.

Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi je ne t'ai pas tout raconté depuis le début. Je veux dire, pas le début de l'écriture de ces lettres, mais le début de notre relation. Peut-être était-ce par pur égoïsme, une envie indomptable de te garder pour moi seule, causée par l'amour que je te portais qui m'aveuglait. Ou peut-être encore avais-je comme intention d'apprendre à se connaître mutuellement avant de te révéler la vérité, puis finalement je ne l'ai jamais fait de peur de tout gâcher. Comment avais-je eu l'espoir de saisir une chance, même des plus infimes, de vivre paisiblement dans le cercle vicieux du secret et des mensonges ? Je t'aimais tellement ; pardonne-moi.

Ce secret était trop lourd, beaucoup trop pesant pour quelqu'un comme moi. Vois-tu, j'ai été éduquée tout au long de mon enfance à ne pas mentir. Or, ne pas dire les choses dans leur intégralité, ce n'est pas tout à fait mentir, seulement dire la vérité dans une de ses parties ; c'est plus ou moins ce que j'ai fait pendant ces dix-sept années.

Seulement voilà, le simple fait que tu m'appelais par mon soi-disant surnom me faisait trembler extérieurement, me torturait intérieurement. En effet ce surnom était destiné à une autre que moi, et je ressentais cette affreuse impression de lui avoir volé sa vie et, pire encore, de lui avoir volé sa fille.

⠀⠀M.