Chapitre 21 : Dean

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Je roule sans savoir où aller. Je n'ai pas envie de rentrer chez moi, du moins pas tout de suite. J'ai besoin de réfléchir. Je tourne à la première intersection et arrive dans une petite ruelle sombre. Je me gare et coupe le moteur mais laisse les phares allumés. Je ne vois personne. Il faut que je prenne l'air. Je sors de la voiture et me dirige vers la lumière des phares. Pourquoi je l'ai embrassé ? Pourquoi je me suis confié sans aucune difficulté ? Pourquoi j'ai terriblement envie de lui à chaque regard ? La réponse est si évidente mais je ne veux pas l'admettre. C'est impossible, je ne suis pas gay, putain ! Pourtant j'ai apprécié ce baiser plus que n'importe quel autre baiser. Je ferme les yeux et me remémore les lèvres douces de Castiel sur les miennes.

- Putain de merde !

Je donne un coup de pied dans une lame en bois et la casse en deux. Je m'arrête pas et frappe le mur en face de moi en continue jusqu'à ce que ma main me fasse trop souffrir. Celle-ci tremble de douleur et le sang coule sur mes doigts avant de finir sur le sol.

On dit souvent que les yeux sont le reflet de l'âme, et cela est vrai. Car ce soir, lorsque j'étais plongé dans son regard, j'ai vu son âme. Sa pureté malgré son passé noir, son innocence malgré tout ce qu'il a vécu. J'ai senti, au plus profond de moi, que cette âme était celle d'un ange, un ange bon et sain. J'ai aperçu au fond de ses yeux bleus, l'amour qu'il éprouve pour moi mais également la peur. La peur que je le rejette, que je ne l'aime pas en retour. Mais bordel que si ! J'ai envie de lui crier « Moi aussi je t'aime, Cas' ! Je t'aime à m'en tuer ! Je l'ai toujours su dès que je t'ai vu alors n'est pas peur je serai toujours là pour toi ! » Mais je sais que ces quelques phares sont mensonge.

« Je t'aime », ces mots si simples que je n'arrive pas à définir, à éprouver. Qu'est-ce que signifie aimer ? Lui le sait parfaitement. Car l'amour que j'ai vu dans ses yeux est si fort et si intense que j'ai pris peur. Peur de ne pas réussir à l'aimer comme il m'aime, peur de ne pas ressentir ce qu'il ressent à mon égard, peur de lui faire du mal, peur qu'il souffre par ma faute...

Je retourne dans la voiture et démarre le moteur avec ma main en sang. Je sors de cette ruelle et roule en direction de chez moi. Je gare la voiture dans le garage. Je rentre dans la maison en faisant le moins de bruit possible. Mon père et mon frère doivent déjà dormir et ça m'arrange. Je pose délicatement les clefs de voiture sur le meuble d'entrée et me défais de mes chaussures ainsi que de ma veste. Je monte l'escalier toujours dans le silence absolu, m'introduis dans la salle de bain pour mettre un bandeau autour de ma main et me dirige vers ma chambre. Ouf ! Je n'ai croisé personne.

Je ferme la porte derrière moi et allume la lumière de ma table de chevet. Je me déshabille, gardant seulement mon caleçon et m'assoit sur mon lit. Je passe mes mains sur mon visage.

- Je suis qu'un pauvre con, m'insulté-je.

Je pose mon regard sur la photo de moi et de ma mère. J'attrape le cadre et la regarde longuement. Si seulement elle était encore en vie. Grâce à elle j'aurais connu l'amour et j'aurais pu donner cet amour à Cas', l'amour qu'il attend de moi.

Je m'allonge sur mon lit, posant le cadre sur mon torse, puis éteins la lumière et ferme les yeux en sentant la fatigue peser sur moi.

*
Le week-end est passé. C'était un week-end de deuil, il n'a pas cessé de pleuvoir. Je n'ai évidemment eu aucune nouvelle de Castiel et j'en ai pas donné non plus. Par contre, pour passer le temps, j'ai beaucoup parlé avec Lisa que ça soit par message ou au téléphone. J'ai commencé par m'excuser d'être parti de la fête sans l'avoir prévenue en prétextant que je me sentais mal. C'est passé sans problème. Sinon j'ai joué à la console avec Sammy et c'est à peu près tout. Cela fait longtemps que j'ai passé un week-end calme comme celui-là, et ça fait du bien.

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