Double Tap [TERMINÉE]

Chapitre 11 :

- Je vais prendre ma douche, je dis à ma mère en rentrant du lycée.

J'ai besoin d'intimité, d'être certaine que personne ne va rentrer dans la pièce sans frapper. La salle de bain est parfaite. Et puis j'ai eu sport aujourd'hui, donc j'avais aussi très envie de prendre une bonne douche.

Après avoir envoyé un SMS à Rick.

Je prends sa carte que j'avais glissé entre ma coque de téléphone et mon portable. Elle est plutôt simple, mais je me dis que c'est volontaire, il veut donner une impression de simplicité, comme sur son profil.

Je prend une grande inspiration, ce SMS représente beaucoup pour moi. C'est un privilège qu'il m'a donné en me tendant cette carte et je ne sais pas vraiment ce qu'il attend de moi.

Ni comment me comporter avec lui.

Un claquement de doigt de sa part suffirait à me faire perdre 30 000 abonnés d'un seul coup s'il décide de me faire une mauvaise pub.

C'est une certaine pression. Voilà pourquoi je ne l'ai pas recontacté tout de suite. J'ai peur.

Je dois quand même me rassurer : s'il me voulait du mal, il n'aurait pas attendu si longtemps avant de me recontacter et il aurait déjà posté quelque chose sur moi de peu glorieux.

- Salut, c'est Marjorie, désolée d'avoir traîné à te recontacter. Je t'avoue que je ne sais pas trop quoi te dire. Je ne suis qu'une fan, avec une petite communauté qui ne va rien t'apporter, alors je me pose des questions.

En parlant à voix haute, je m'aide à m'immiscer dans la tête de mon futur lecteur. Bizarrement, ça sonne plutôt juste, je ne mens pas et je ne l'insulte pas non plus.

Je décide de lui envoyer ce message et de prendre une douche la seconde suivante. Me connaissant, je serai restée à regarder mon téléphone jusqu'à ce qu'il me réponde. De plus, le fait que ce soit un SMS ne me permet pas de voir s'il l'a lu ou non...

Pire frustration au monde.

Ma douche est longue, je fais durer le plaisir pour éviter d'avoir à sortir, mais au bout d'un moment ma mère tambourine à la porte, signe que je consomme trop d'eau. Avec un soupir j'éteins le pommeaux de douche et me sèche. J'évite de regarder mon téléphone, il est sur silencieux, je n'ai aucune aide auditive.

Je décide de poser un petit masque de soin au karité sur mes cheveux, car je les trouve un peu secs et ternes. La douceur du produit me fait sourire, j'adorais quand ma mère me posait les masques, il y a encore peu. C'était notre petit moment d'intimité.

Je ne peux plus reculer, je suis en jogging, prête à sortir de la salle de bain.

Avec détermination je prends mon téléphone de la main gauche et le déverrouille de la droite. J'ai deux messages.

"Tu ne veux pas me laisser une chance ?"

"Et si je te payais un verre ce soir ?"

Je déglutis fortement, il faut que je me rhabille ? Et que je me maquille ? On est mardi soir, je ne suis pas sûre que mes parents soient d'accord. Peut-être que je peux donner ça, comme excuse.

J'en suis incapable.

J'ai envie d'aller boire un verre avec lui. Apprendre à le connaître. Profiter un peu de la vie, dehors.

Trente minutes plus tard, après deux secondes de négociations avec mes parents (ma mère semble tombée sous son charme) et une envie de naturel dans mes habits et mon maquillage, je sors presque en sautillant de l'appartement.