Partie 2

307K 13.1K 6.3K
                                    

Après cette altercation plus ou moins honteuse avec Adam, je me suis habillée, fis mes ablutions et je partis prier. Ça me fait du bien, une bonne douche et une prière rien de mieux pour avoir le moral.

Une fois fini, je partis dans la cuisine me concocter un petit plat. Des pâtes à la sauce blanche rien de spécial en somme. Je mangeais tranquillement mes pensées allant de ma famille à ma vie etc ... Quand je fus interrompue par la sonnerie de mon téléphone, l'appel était inconnu je ne décrochai donc pas. Mais après maintes répétitions je décrochai pensant qu'il s'agirait d'une urgence sans doute :

La voix au téléphone était grave et je la reconnu aussitôt :

...: Allô, as selem wa ayleykoum

...: Wa ayleykoum selem baba, comment vas-tu ? Dis-je avec une pointe d'amertume. ( Je repensais à ce mariage catastrophique, un mariage que j'ai du accepter contre mon gré, un mariage que je n'ai jamais voulu et qui est loin d'être le mariage dont j'avais tant rêver, avec un homme amoureux qui me regarde avec les yeux brillants d'amour etc ... Bref )

Mon père : Je vais très bien al hamdoullilah, je voulais juste passer quelques minutes si ça te dérange pas.

Moi : Mais non au contraire marahba bik, tu es toujours le bienvenu ...

Mon père : Très bien j'arrive alors.

Et nous raccrochâmes.

Ma relation avec mon père a toujours été plus ou moins compliquée. En effet, étant donné que j'étais sa première fille il a toujours voulu que je sois "l'exemple", donc le moindre écart je me faisais incendier. Ca pouvait être une claque, ça pouvais être un correction avec la ceinture, ou un morceau de bâton ... Mais je ne lui en veux pas, je ne lui en voudrais jamais de ma vie. Il m'a déjà dis " je t'aime bien" et pour un père maghrébin, croyez-moi c'est assez rare, enfin je parle en généralité, je ne prend pas les cas par cas. Mais en tout cas, le mien, ses sentiments il n'en faisait jamais part. Le jour où il m'a dit ces 3 mots, j'ai pleuré, pas devant lui, mais j'ai pleuré. Il m'a offert tout ce dont j'avais besoin, il m'a tout de même marié contre mon gré, mais je ne lui en veux pas, j'étais amère certes, mais je ne lui en veux pas. Je place ma confiance en Dieu et je me dis qu'écouter ses parents ne peuvent que nous apporter un bien. Adam m'aimeras-t-il un jour ? Sa haine pour moi, se transformera t-elle en amour ? En sera-t-il réciproque pour moi ?

Après toutes ces réfléxions je haussais les épaules, et je me mis à préparer un marbré pour mon père. Je n'avais aucun biscuits, ni gâteaux. Le marbré c'est le gâteau qui permet d'accueillir quelqu'un qui se déclare en dernière minutes (lol); et puis les ingrédients sont toujours trouvables ...

Bref, une fois le marbré au four, je me suis mise à ranger le bordel du salon. Adam pour me provoquer une fois de plus a laissé ses chaussettes sur le tapis du salon, il a aussi un de ses t-shirt noir, ses magazines de foot ... Pff ! Je me suis mise à ranger de fond en comble, sans répis " Ah qu'il rentre juste, je lui ferais sa fête à ce gamin ! ".

--------------------

23h00 : Mon père arrive, eh oui pas d'heures pour les visites chez les rebeux lol.

J'ouvre la porte, souriante, et il me prend dans ses bras. J'étais émue, et je répondis à son élan de tendresse. Il posa deux sachets et pris mon visage entres ses deux mains rudes et ridées, des mains qui en avaient porter des pierres ... Mon père était mineur à l'époque. Il me regarda et me dit :

Benti, tu es ma fierté.

Mon coeur a fait un bon dans ma poitrine et je le repris dans mes bras. Je pouvais pas lui en vouloir, non je pouvais pas en vouloir à mon père. J'ai eu sa bénédiction pour ce mariage, il me dit que je suis sa fierté, mais quelle fille ne voudrait pas que son propre père lui dise une telle chose ?

Après notre câlin, je lui demandai de s'installer, il s'installa et regarder notre déco.

Mon père : Ah mliha décoration te3kom quand même ( Ah elle est belle votre déco quand même )

Moi : Oui c'est Djamila la soeur à Adam qui l'a faite, elle est décoratrice d'intérieur.

Mon père : Mlih mela dok njibouha pour la grotte li 3endna fi dar ( C'est bien, alors on va la prendre pour la grotte qu'on a à la maison [ en référence au manque deco chez mon ancien chez moi ] ). Je rigolai avec lui et je suis allée sortir le marbré du four. Je l'ai laissé refroidir sur le four et je partis m'asseoir à coté de mon père. Je pris la télécommande et la hshouma y'avait une pub de serviettes hygénique.

Avec un raclement de gorge je mis direct Canal Algérie mdr, chaîne 0% de heshma c'est sur. Ils montraient les appartements que Bouteflika avait donné à des familles, tout le monde qui faisait des zaghlet on était morts de rire lui et moi.

Puis on a discuté du temps, de la religion aussi parce que mon papounet il est vraiment collé en Dine mashaAllah, c'est même lui qui m'a appris l'Islam de A à Z alors que j'avais 6 ans, à l'école les gens étaient choqués quand je "prêchais" mdr ! Il me rappelait y'a deux ans quand je lui ai tordu sa nouvelle voiture à cause d'une marche arrière trop rapide, quand je venais d'avoir mon permis B. J'étais gênée mais il m'a dit : " Ma3lich, quand la vois ça me rappelle toi quand tu vivais avec nous ". J'ai rigolé et je suis partie dans ma chambre. J'ai fais un petit chèque, et je lui ai donné. Il a refusé et m'a demandé pourquoi ? Je lui ai demander de le prendre pour me faire plaisir. Alors il l'a pris à contre-coeur parce que j'avais hlef (hihi), il a pris les deux sachets qu'il avait ramené et m'a donné des tas de petites choses : des couettes si on avait froid mdr, des ustensiles de cuisine ( c'est ma mère qui l'a forcé à en acheter), des chocolats ... Ca m'a fait plaisir, puis il m'a demandé :

" Radjlek Adam warah ? " ( Ton mari Adam est où ? )

J'ai rougis et je lui ai dit qu'il allait pas tardé de toute façon. Il m'a fixé puis m'a dit :

" De toute façon rani rayeh ( j'y vais )! Merci pour l'accueil "

Je lui ai donné le marbré parce que j'en avais pas besoin et lui demanda de passer le bonjour à la famille. Il m'a fait les bises et m'a laissé...

Je me suis couchée dans mon lit et j'ai dormi si paisiblement que j'en été choquée ...

Chronique d'Aliya : Aimerais-je un jour mon mari ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant