Chapitre 4 - Attentat à la caféine

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Eli se présenta à l'adresse indiquée. C'était une bâtisse classique de la banlieue de Boston en briques avec ces fameuses fenêtres en saillie, le toit pentu afin de pallier les importantes chutes de neige de la région, identique à toutes les autres avec un petit jardinet à l'avant et certainement un autre l'arrière.

Après avoir sonné et patienté quelques instants, il dû se rendre à l'évidence, il n'y avait personne. Il composa le numéro fourni dans le maigre dossier, mais pas de réponse. Il s'apprêtait à appeler Perry lorsqu'une voisine sortie de la maison de droite vint à sa rencontre.

« Vous êtes de la police ? » demanda la dame proche de la soixantaine, sur un ton agressif.

Elle était sur la défensive probablement du fait de la carrure du garde du corps qui en inquiétait souvent plus d'un.

« Bonjour madame. Non, Pegasus sécurité » répondit-il avec un sourire qui se voulait rassurant.

« Le cambriolage de la semaine dernière a assez fait de bruit et de dégâts comme ça, nous avons déjà répondu à toutes les questions de la police donc nous aimerions être tranquilles.
C'était un quartier calme, avant ! » énonça-t-elle avec un regard plein d'animosité vers la demeure de Bishop.

Ce fut suffisant pour qu'Eli comprenne que la sérénité de ce quartier pavillonnaire avait été grandement ébranlée depuis l'arrivée du scientifique.

Prenant sur lui, il déploya tout son charme pour ne pas accabler cette femme acariâtre sachant qu'elle pouvait peut-être le renseigner sur sa future destination.

« Je ne comptais pas vous causer du désagrément, madame, je cherche juste Alex Bishop. » expliqua-t-il posément.

« Allez au croisement de State Streets et de Osborn Streets près du MIT, son labo est là-bas. » Puis elle tourna les talons en bougonnant.

Ne voulant pas se la mettre à dos, il remercia tout de même cette dernière, désormais presque sur son perron et parti en direction du lieu indiqué.

Ravi d'avoir obtenu l'information désirée, il songea toutefois qu'il lui faudrait s'entretenir d'urgence avec cette vieille pie aigrie afin qu'elle ne communique pas à l'avenir, de renseignements personnels au sujet de Bishop.

Une fois devant le bâtiment qui ressemblait plus à un immense entrepôt, le garde du corps entra sans difficulté dans l'enceinte.

Il dressa une liste mentale des points à améliorer. Et ça commençait mal. Une voisine bavarde, aucune mesure de sécurité sur le lieu de travail, il était entré comme dans un moulin, pas de badges, pas de codes, et encore moins de traces de quelques caméras de surveillance.

Tout en énumérant les failles, il essaya de se repérer dans ce dédale de couloirs gris où il semblait ne pas y avoir âme qui vive.

Au détour d'un passage, il percuta quelque chose. Ou plutôt une personne, qui visiblement venait de se servir un café, désormais répandu sur elle.

Passée la surprise et l'impact, le garde du corps observa avec attention la jeune femme dégoulinante de caféine.

Pas encore trentenaire, petite de taille en comparaison du bodyguard, les cheveux châtains, il ne distingua pas immédiatement son visage puisqu'elle s'affairait à ramasser les papiers échappés lors du choc.

Elle était plutôt mince, voir fine, mais il était difficile de remarquer grand-chose sous le sweat informe aux couleurs du MIT qu'elle portait. Pull qui désormais aurait besoin d'un bon nettoyage.

« Excusez-moi pour votre tenue », tenta Eli en s'agenouillant près de la jeune femme pour l'aider à réunir ses documents et se redresser.

Elle releva vers lui un visage en forme de cœur et au teint pâle où se mêlaient surprise et colère. Eli nota qu'elle avait de magnifiques yeux verts mais se concentra instinctivement sur ses lèvres pleines, qui formèrent une moue agacée.

EliWhere stories live. Discover now