Chapitre 2

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Chapitre 2

Jane

1936

Nous sommes en 1936 et une guerre vient d'éclater en Espagne. La terreur fait surface et les affiches de propagandes se multiplient dans les rues. La seule émotion ressentit est la peur. Les premiers jours toute la ville continue sa vie comme si de rien était pensant que ce n'est qu'un simple conflit politique exagéré par les médias. Cependant cette image de la guerre civile espagnole laisse place à la réalité lorsque les premiers bombardements se font entendre et que les premières maisons sont détruites par les bombes. Mes parents n'en attendent pas plus pour tenter fuir le pays. Mon père et ma mère ont vécus la première guerre mondiale et ne veulent pas que Martha et moi subissent les mêmes horreurs et conditions de vie.

Quand j'étais plus jeune, j'ai demandé à maman comment était son enfance et elle m'a répondu qu'elle était très différente de la mienne. Au début j'ai pensé que c'était parce que nous n'avons pas vécu à la même époque mais quelques mois plus tard je lui ai reposé la même question. Elle m'a alors demandé de m'assoir avec elle à la cuisine et elle m'a raconté comment c'était réellement passé son enfance. J'étais un peu stressée à l'idée qu'elle me dévoile son passé, je n'arrivais pas à tenir en place sur la chaise en bois mais lorsqu'elle commença son récit j'étais entièrement absorbée par son histoire qu'il ne m'est pas venu une seule fois à l'esprit de détourner le regard des doux yeux verts de maman.

Dès lors qu'elle eut 5ans, une guerre venait d'éclater en Europe de l'ouest et s'est propagé jusqu'en Espagne et finit par toucher le monde entier. Son père est parti combattre pour défendre notre doux pays comme beaucoup d'autres hommes du continent. Ces hommes étaient fiers de partir pour leur pays car ils pensaient que ça n'allait pas durer mais malheureusement les actions qui ont suivit ce sont déroulés d'une autre manière. Ma mamie était donc obligée de s'occuper de ses quatre jeunes enfants seule. Ce fut de longues semaines fatigantes, les habitants du pays étaient voilés par la peur de ne jamais revoir leur proche. Les quelques semaines de combats auxquelles étaient forcés les hommes de familles ce sont transformés en longs mois et les années suivirent. A la fin de cette guerre ma mère avait 19 ans et elle a rencontré mon père et je suis venue au monde dans les deux années qui suivirent le conflit international.

Lorsque mes parents m'ont vu pour la première fois à ma naissance, ils se sont promis de ne jamais me faire endurer ce qu'eux ont vécus peu importe les circonstances. La guerre d'Espagne est en train de prendre de plus en plus d'ampleur au cours des jours et mes parents sont terrifiés à l'idée que nous puissions voir les horreurs que peuvent réaliser certains humains. Chaque soir je les entends discuter de l'idée de partir sur la côte ouest de la France avec papi et mamie. Je n'aime pas les voir aussi soucieux, ça m'angoisse mais malgré le fait que je suis très attachée à mon pays j'espère qu'on arrivera tout de même à s'enfuir pour éviter cette guerre. Hier, la maison de Lydia à été détruite par un nouveau bombardement. Sa famille et elle ont tout perdu, ils se retrouvent avec pour seul réconfort le toit de ses grands-parents. Je ne veux pas vivre la même chose, jamais, je veux partir avant qu'il ne soit trop tard.

Une fois de plus, je me tiens debout, pieds nus sur le plancher froid du couloir, mon doudou à la main. Je tente de dissimuler la conversation de mes parents à travers le mur qui séparent les deux pièces. Je n'arrive à distinguer que quelques mots comme « Il ne faut plus tarder », « On préviendra les filles demain matin ». Je n'ai pas besoin de rester ici plus longtemps pour comprendre ce que cela signifie. Je retourne dans ma chambre et en fermant doucement la porte je sens les larmes me monter aux yeux. Je tente de rejoindre mon lit en ravalant ma tristesse mais mon corps ne m'obéit pas et je fini par m'écrouler malgré moi. Je glisse le long du grand mur violet et éclate en sanglot. Au bout de quelques minutes je relève la tête pour regarder la pièce qui m'entoure et profiter des derniers instants que j'aurais dans ma chambre avant de changer de pays et recommencer toute ma vie pour finir par oublier ce que j'ai vécu ici, en Espagne. Car c'est comme ça que fonctionne la vie. On vit de merveilleux moments mais une fois qu'ils se terminent on finit par les oublier, petit à petit, jusqu'à ce que ces souvenirs s'envolent comme de la poussière laissant place à des légers flashs troubles au fond de notre esprit. Je déteste l'oubli, je ressens cette idée comme un vide profond et ça me fait peur. Je ne veux pas partir mais je n'en ai pas le choix. La guerre d'Espagne prend de plus en plus d'ampleur chaque jour et nous ressentons beaucoup plus rapidement les conséquences de cette guerre car nous vivons dans la capitale du pays. Perdue dans mes pensées ne me suis même pas rendu compte que mes larmes ont cessés de couler sur mes joues. J'éteins la lumière et rejoins mon lit toujours avec mon doudou à la main. J'ai peur de ce qu'il peut nous arriver, je le sers fort contre moi et m'endors au bout de quelques instants.


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⏰ Last updated: Apr 04, 2020 ⏰

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