La silhouette de l'inconnu s'efface lentement quand les portes de l'ascenseur se referment sur lui. La tension qui avait tendu tous mes muscles comme un arc, vient enfin de me quitter, me permettant enfin de respirer correctement et non comme une asthmatique en pleine crise. J'ai l'impression qu'un poids immense quitte mes épaules, je me sens beaucoup légère, mais quelque chose continue de me peser : la crainte d'aller voir mon patron.
J'ai vraiment un très mauvais pressentiment.
Assez pour que mes poils décident de se hérisser tout le long de ma nuque, me donnant un sentiment d'inconfort intense. C'est comme si quelque chose me donnait un avertissement ou une chose de fuir avant que quelque chose de grave arrive. J'avais donc deux choix face à moi. Le premier, aller voir mon patron malgré ma crainte non fondée et le second, fuir par le même ascenseur que cet inconnu a pris il y a quelques minutes.
Même si le choix que je dois faire était fondé, je ne peux pas m'empêcher d'être curieuse. Je sais que c'est un vilain défaut, on me l'a souvent reproché lorsque j'étais petite. Mais qui n'est pas curieux ? Sans la curiosité, le monde serait un peu triste. Du moins, je suppose.
Après une longue inspiration, je pose les paumes de mes mains sur la surface lisse du bureau pour me donner la force d'appuyer sur mes jambes et de me lever. J'ai l'impression de faire un effort surhumain, ou juste d'être une vieille sur le point de claquer. Mon grognement digne d'un sportif mourant en témoigne.
Mon Dieu, je suis vraiment en train de me demander ce qui a bien pu me prendre pour que je décide de vouloir faire un stage ici. Je suis sûre que si j'avais fait au moins quelques recherches, je serais tombée sur des articles et des témoignages sur l'enfer que les employés pouvaient vivre ici. Non, tout ce que j'ai fait, c'est avoir voulu faire un stage dans une grosse entreprise pour me la péter, si ça ce n'est pas un retour de bâton terrible.
Je lève mon postérieur quelque peu engourdi de ma chaise, marchant d'un pas très peu assuré vers le bureau de mon nouveau patron. Je prends le courage de toquer, trois petits coups pour indiquer ma présence et l'informer que je voudrais entrer. Mais je n'ai aucune réponse, pas même un bruit.
Je fronce les sourcils, hésitant à entrer sans autorisation. Je me retourne pour vérifier que personne ne m'observe, puis j'appuie doucement sur la poignée et pousse la porte.
La scène qui s'offre à moi est tirée d'un cauchemar. Le bureau, d'ordinaire impeccable, est en désordre. Des papiers éparpillés, des meubles renversés et, au centre de cette pagaille, Taehyung, allongé sur le sol, immobile. Mon cœur s'arrête une fraction de seconde. L'image d'un cœur arraché et la vision du sang me paralysent.
— Mon dieu... qu'est-ce qui s'est passé ici ? murmuré-je, ma voix à peine audible.
Je me précipite vers Taehyung, m'agenouillant à ses côtés. Sa chemise blanche est tâchée de rouge, et une plaie béante là où devrait se trouver son cœur. La panique me gagne, mon souffle se fait court et rapide.
— Monsieur, réveillez-vous ! crié-je en secouant son épaule.
Aucune réponse. En même temps, c'est normal, il n'a plus de cœur, je suis trop conne!
Je cherche désespérément mon téléphone dans ma poche pour appeler les secours, mais mes mains tremblent tellement que je le fais tomber maladroitement. Alors que je me penche pour le récupérer, une sensation étrange me parcourt le dos, comme un souffle glacial.
Je relève la tête juste à temps pour voir un mouvement imperceptible du corps de Taehyung. Sa main, qui quelques secondes plus tôt pendait mollement, commence à se contracter dans un bruit de craquement très dérangeant. Je recule brusquement, les yeux écarquillés.
— Impossible... murmuré-je en voyant son corps se redresser lentement.
Son regard croise le mien, et une lueur étrange, presque surnaturelle, brille dans ses yeux. La plaie sur sa poitrine semble se refermer d'elle-même, comme par magie. Je recule encore, trébuchant presque sur mes propres pieds.
— Vous... vous êtes... ?
Je ne trouve même pas les mots pour terminer ma phrase. Taehyung se redresse complètement, se tenant sur ses jambes avec une facilité qui défie toute logique après ce qu'il vient de subir. Il ajuste sa chemise avec une nonchalance qui me laisse bouche bée.
— Ji-yeon, dit-il calmement, comme si rien d'anormal ne s'était passé.
— Comment... ? bredouillé-je, incapable de rassembler mes pensées.
Il s'approche de moi, et je recule instinctivement. Ses yeux, d'un noir insondable, plongent dans les miens, émettant une lueur glaciale qui semble pénétrer mon âme. Une vague de terreur me submerge, et je suis paralysée par cette présence écrasante. Je sens une sensation étrange, comme si un courant électrique glacé traversait mon corps, tandis qu'une chaleur oppressante envahit ma poitrine, rendant ma respiration difficile.
Ses mouvements sont fluides, presque trop fluides pour être naturels, et un sourire froid étire ses lèvres, révélant des canines légèrement pointues. Chaque fibre de mon être hurle de fuir, mais je suis clouée sur place, incapable de détourner les yeux de ce regard hypnotique.
— Tu n'es pas encore prête à connaître toute la vérité, ajoute-t-il doucement. Mais sache que tu es plus importante que tu ne le penses.
Je secoue la tête, tentant de comprendre ce qui vient de se passer. Rien n'a de sens. Mon patron, se remet d'une blessure fatale en quelques minutes, comme si de rien n'était. Et ses paroles... Qu'est-ce que cela signifie ?
— Mais... vous... vous devriez être mort ! m'exclamé-je, toujours sous le choc.
Il esquisse un léger sourire, presque amusé par ma réaction.
— La mort est un concept... relatif, pour certains d'entre nous.
Je recule encore, me heurtant presque à la porte. Mon esprit tourne à toute vitesse, essayant de trouver une explication rationnelle. Mais il n'y en a pas.
— Vous... vous êtes quoi ? finis-je par demander, la voix tremblante.
Il me fixe un moment, puis secoue légèrement la tête.
— Tout viendra en son temps, Ji-yeon. Pour l'instant, il vaut mieux que tu retournes à ton poste et essaies de te concentrer sur ton travail. Nous en reparlerons plus tard.
Incapable de répondre, je hoche simplement la tête. Je fais un pas en arrière, puis un autre, avant de tourner les talons et de quitter précipitamment le bureau. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. Quoi qu'il soit, Taehyung n'est pas humain. Et moi, je suis apparemment bien plus mêlée à cette histoire que je ne l'aurais jamais imaginé.
En regagnant mon poste, je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule. La porte du bureau de Taehyung est maintenant fermée, comme si rien d'anormal ne s'était produit. Mais je sais que ce n'est pas le cas. Et cette pensée me terrifie autant qu'elle m'intrigue.
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𝐈𝐌𝐏𝐄𝐑𝐎 | kth
FanfictionKim Taehyung n'est que de loin un simple PDG. Sous le nom de son entreprise Impero, il menait un théâtre morbide pour assouvir ses désirs... diabolique. Tout allait bien jusqu'à ce que cette jeune stagiaire décide de mettre son nez dans ce qui ne fa...