J'avais le besoin de me ressourcer après ce qu'il s'était passé la veille. Alors j'ai donné rendez-vous à mon meilleur ami dans un petit lieu tranquille pour profiter de ce samedi après-midi. Le café où je me trouve avec Jimin est un petit havre de paix, niché au coin d'une rue discrète. Les murs sont ornés de tableaux aux couleurs chaudes, et l'odeur réconfortante des breuvages et de la nourriture flotte dans l'air. Je tiens une tasse de chocolat chaud entre mes mains, la chaleur se diffuse lentement à travers la porcelaine, me réconfortant un peu. Devant moi, une assiette de macarons au chocolat, disposés avec soin, attend d'être savourée.Pourtant, je ne suis pas vraiment là. Mon esprit est encore dans ce bureau, face à lui, revivant chaque mot qu'il a prononcé. Et si on faisait du blanchiment d'argent ? Non, encore mieux, un trafic humain ! Ses mots résonnent dans ma tête, me glaçant encore. Je revois à travers le liquide brun et mousseux de ma boisson, son sourire moqueur, ses yeux brillants d'une malice effrayante, et ce geste lent, presque théâtral, lorsqu'il a pointé ses index vers moi. Que vais-je bien pouvoir trouver ? Et surtout, que vais-je faire quand je vais trouver quelque chose ?
Une vague de panique me submerge à nouveau. Je sens encore sa main légère sur mon épaule, et son souffle chaud contre mon oreille lorsqu'il a murmuré : J'ai hâte de jouer. Je frissonne.
— Hé, tu m'écoutes ? La voix de Jimin me ramène brusquement à la réalité.
Je relève mon regard perdu vers lui, ce qui a tendance à l'agacer légèrement puisqu'il fait tiquer sa langue contre son palais. Je n'ai absolument pas écouté un traitre mot de ce qu'il m'a raconté, et je me sens soudainement mal à l'aise. Je suis une si mauvaise amie.
— Pardon j'étais ailleurs... J'avoue en venant me cacher derrière ma tasse pour prendre quelques gorgées de ma boisson chaude. Tu disais ?
— Je demandais comment se passait ton stage, tu m'as donné aucune nouvelle depuis que t'as commencé. Il répète en gobant un macaron.
Ah oui. Mon stage. Comment lui dire que je me suis trompée sur toute la ligne ? Que l'entreprise dans laquelle je travaille n'est qu'en fait celle d'un gros malade mental beaucoup trop tactile ? Un frisson de dégoût me parcours quand je repense à ses mains sur moi ou encore aux surnoms farfelus qu'il me donne. Comme petite souris pour ne pas le nommer, hein.
— Ça se passe super bien. Ma voix tremble, trahissant mon mensonge, mais j'espère qu'il n'y fera pas attention.
Je lève les yeux vers Jimin, et je vois aussitôt à son regard qu'il sait. Ses lèvres se pincent légèrement, et ses sourcils se froncent imperceptiblement. Il n'a pas besoin de dire quoi que ce soit ; je sais qu'il ne croit pas un mot de ce que je viens de dire.
Il faut dire que je suis bien la dernière à savoir mentir. Dans un soupir désespéré, je m'empare à mon tour d'une petite patisserie pour croquer à pleines dents dans la coque. Je vois bien qu'il m'observe, et je sais qu'il capte chaque détail de ma nervosité. Ses yeux sont trop perçants pour qu'il n'ait pas remarqué le tremblement dans ma voix, l'hésitation dans mes gestes.
— C'est juste beaucoup de boulot, tu sais c'est une grande entreprise. J'ajoute pour tenter de me rattraper.
Mais c'est comme lancer une bouée à la mer pour sauver un éléphant.
Et je suis l'éléphant.
Jimin hoche la tête, un sourire léger se dessinant sur ses lèvres, mais ses yeux racontent une autre histoire. Ils sont remplis d'une inquiétude qu'il essaie de dissimuler, comme s'il ne voulait pas me pousser à bout. Il prend une gorgée de son café, un geste délibérément lent, me laissant croire qu'il accepte mes explications.
— Oui, évidemment, répond-il d'une voix douce, presque trop compréhensive.
Il fait semblant d'y croire, mais la manière dont il évite de me regarder directement, dont son sourire ne parvient pas à atteindre ses yeux, me prouve davantage qu'il sait. Il sait que je lui mens ouvertement, mais il joue le jeu, me laissant cette illusion fragile, peut-être pour me donner le temps de parler quand je serai prête.
Mais si je lui en parle, il va sûrement s'emporter et me sortir d'innombrables solutions que je serais incapable de suivre, parce que je ne suis pas lui. Je suis loin d'être aussi débrouillarde que lui, et je me laisse toujours marcher sur les pieds, et les doigts en acceptant mon sort. Contrairement à lui.
— Tu sais que je suis là si tu as besoin, me rassure-t-il en venant remuer son café.
Je me perds dans le bruit que produit sa cuillère en inox dans sa tasse en porcelaine. C'est vrai qu'il a toujours été là pour moi, mais je ne sais pas pourquoi, quelque chose m'empêche de dire quoi que ce soit. J'ai cette sensation d'avoir les mots sur le bout de la langue, mais d'être incapable de les prononcer, et pourtant, je les ai clairement en tête. Ce n'est pas comme si je les avais oublié non, c'est comme si mon subconscient m'interdisait formellement de les laisser s'évader.
Exactement comme quand mon patron m'a ordonnée de rester assise. Comme si je n'avais pas le contrôle de mon corps.
— Je pense que je serais incapable de te dire quoi que ce soit... je marmonne.
La surprise se lit dans le changement rapide de son expression ; son sourire s'efface presque imperceptiblement, laissant place à une expression plus sérieuse. Sa bouche s'entrouvre un instant, comme s'il était sur le point de réagir mais hésitait à le faire. Il reprend rapidement contenance, mais son regard reste plus vif, plus scrutateur, comme s'il tentait de cerner l'ampleur de mon malaise.
— Comment ça ? T'as peur de quoi ?
Peur ? Étrangement je n'ai pas peur. Je suis juste paralysée, incapable de dire quoi ce soit qui se passe là-bas. Pourtant j'aimerais tellement, mais vraiment aucun son ne veux sortir de ma gorge. Aucun.
— Le secret professionnel, j'imagine... C'est plus simple de le faire passer comme ça.
Parce qu'après tout, même-moi je suis incapable d'expliquer pourquoi. Mais je commence à croire que mon patron est un magicien et qu'il s'est très bien manipuler et hypnotiser les gens. Du moins, c'est ce que je me force à penser pour trouver une réponse rationnelle, parce que sans ça, je ne vois pas du tout.
Jimin me regarde, son expression mélangeant empathie et une pointe de frustration silencieuse. Il semble peser mes mots, cherchant à comprendre ce que je n'ose pas dire. Je vois dans ses yeux qu'il veut me soutenir, mais il est évident que je ne lui facilite pas la tâche. Il prend une profonde inspiration, essayant de trouver les mots justes.
— Écoute, si tu ne veux pas en parler, c'est ok. Mais sache que je suis là pour toi, quoi qu'il arrive.
Il me sourit doucement, un sourire qui essaie de me rassurer mais qui ne parvient pas complètement à effacer la tension dans l'air. Le chocolat chaud refroidit lentement dans ma tasse, tout comme le macaron que je n'ai toujours pas fini.
Je regarde autour de nous, réalisant à quel point le café semble maintenant étrangement calme, en contraste avec le tumulte de mes pensées. Le monde extérieur continue d'avancer, indifférent à mes préoccupations. Jimin et moi restons assis là, en silence, comme si le poids de mes secrets alourdissait l'air autour de nous.
Finalement, je décide de changer de sujet, en essayant de retrouver un semblant de normalité.
— Alors, qu'est-ce que tu as prévu pour ce week-end ?
Mon meilleur ami semble soulagé par ce changement de sujet et se lance dans une description animée de ses projets. Je l'écoute distraitement — je suis horrible —, tout en réfléchissant à ce que j'ai révélé, à ce que je n'ai pas encore dit, et à ce que je pourrais faire pour comprendre cette situation troublante. Jimin peut être un refuge temporaire, mais il ne résoudra pas les mystères que je dois affronter.
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𝐈𝐌𝐏𝐄𝐑𝐎 | kth
FanfictionKim Taehyung n'est que de loin un simple PDG. Sous le nom de son entreprise Impero, il menait un théâtre morbide pour assouvir ses désirs... diabolique. Tout allait bien jusqu'à ce que cette jeune stagiaire décide de mettre son nez dans ce qui ne fa...