Chapitre 2 : Marber and Low

21 2 3
                                    

Le réveil fut difficile, je sentais la fatigue d'hier soir encore présente. Il fallait absolument que je trouve un autre endroit pour dormir. Je n'avais même pas la possibilité de me laver. Et j'avais une haleine de chacal (ce n'était pas du tout le bon moment pour draguer). 

Avant de partir, je pris le soin de bien regarder s'il n'y avait personne. Il ne fallait surtout pas que j'attire le regard d'un habitant de Denyss. Mais je sais que je n'aurais pas le choix… si je veux survivre, il me faudra faire face aux habitants de cette ville. 

En essayant de me faire le plus petit possible, je me rendis au restaurant du coin. J'avais tellement faim depuis hier soir. 

"MARBER & LOW : Soirée 75 ans de Denyssville ce soir, 19h". Je lisais la carte du restaurant.

Les fêtes c'est sans moi. Trop risqué. Trop de gens. Et puis… de toute manière, le dancefloor ne m'a jamais accueilli à bras ouverts. 

Une femme, la quarantaine, s'avança vers moi avec son uniforme "M&L". Ça devait être la serveuse (quelle subtile réflexion).

- Qu'est-ce que je peux te servir mon garçon ? 

Elle avait la voix d'une femme qui ne se laisse pas faire. Un timbre grave qui m'indiquait clairement un pur message : "tu m'cherches, j'te trouve"

- Vous avez des pancakes ? Avec des œufs au plat ?

La serveuse sentie son hésitation. 

- T'es pas du coin toi, ça s'voit. C'est rare les étrangers ici...

Elle se rapprocha un peu plus de moi. Comme pour me dire un secret.

- Je dirais même que c'est vraiment extrêmement rare… 

Pendant que je tentais de comprendre le sous-entendu de ces paroles, elle m'apporta en un rien de temps ma commande. 

- C'est un joli nom Marius. Tu devrais venir ce soir à 19h. Toute la ville sera là. Je compte sur toi.

Elle me fit un clin d'œil est partie comme si de rien n'était. 

En voilà encore de drôle de chose. Comment sait elle que je m'appelle Marius ? Et comment peut elle m'obliger à venir à cette fête ?

C'est tout. J'irais à cette fête. Je ferais peut-être quelques connaissances.

Je sais que je suis quelqu'un d'assez solitaire, et pas très communiquant. Mais je pense que ça me ferait du bien d'avoir quelques amis. Je n'allais pas rester éternellement seul dans cette ville. 

Toute la journée j'eus l'impression de tourner en rond. J'avais de la chance que l'on soit en pleine journée. Les habitants étaient soit à l'école ou au travail. Ça me montrait à quel point j'étais seul ici… les états d'âme géniales d'un ado fugueur. Ça en ferait un super roman. 

Je pris quand même le temps de retranscrire la discussion de la nuit dernière entre Emma et Jérémy. Ce que j'avais entendu m'avaient ouvert l'esprit. Je voulais vraiment en savoir plus. Cette soirée chez M & L serait probablement l'occasion d'en entendre davantage. Voilà qui rendrait mon séjour à Denyssville plus agréable ! Rien de mieux que les découvertes (mon corps en frisonne) ! C'était comme une sorte d'enquête policière. 

L'heure approchait. Je n'avais pas de tenue autre que celle que je portais depuis deux jours. Il fallait que je prenne une douche, ce n'était plus supportable.

- Si tu veux je peux aller voir mon boss. On a une salle de bain dans les vestiaires du resto. 

Je n'avais eu que cette solution-là. Je suis retourné chez Marber & Low demandé conseil à la serveuse. 

- Euh… ouais pourquoi pas. Mais il va se poser des questions votre directeur ?

- Ne t'inquiètes pas Marius, je gère la situation.

- Mais comment pouvez-vous savoir que je m'appelle Marius ?! 

J'allais exploser. Je ne comprenais rien !

- Je connais ton père depuis longtemps. Il a grandi ici, tout comme moi. On était au lycée ensemble. 

- Ah. Je comprends mieux. Bien sûr. 

Elle avait bien vu mon air désenchanté. Je ne voulais pas que ma famille sache où j'étais parti. Et voilà c'était fait. Pire que les agents du FBI ! Même dans cette foutue ville on me surveillait ! 

La serveuse vit mon embarras…

- Tu sais Marius… ton père ne m'a pas demandé pourquoi tu étais parti. Et je n'ai pas cherché à savoir non plus. Tu peux rester tranquille, ne t'inquiètes pas. Je lui ai promis que je veillerai sur toi. Donc si tu as besoin de quoi que ce soit… viens me voir. Tu peux m'appeler Véro. 

Malgré ce feu qui brûlait en moi, je me sentais rassuré. Cette femme avait vraiment un instinct… De mère. 

- C'est d'accord. Merci Véro. Il est où ton boss ?

La soirée s'annonçait plutôt bonne. Marber & Low avait sorti le gros lot pour les festivités. Un groupe de rock allait mettre l'ambiance, et les prix sur la carte étaient exceptionnellement réduits de moitié. Pour ma part, j'avais le droit à des pancakes gratuits (encore merci Véro !)

- Marius ? Viens ! je vais te présenter quelqu'un ! 

En parlant du loup, Véro était justement là.

- Je te présente Andréa ! Je le connais bien. Il vient souvent manger ici. Va lui porter compagnie !

Andréa leva son regard vers moi. Il avait les yeux d'un ange. C'était juste incroyable. 

- Salut Marius ! Vas-y, assied toi ! 

On parla un temps de nous, de ce qu'on aimait, et détestait aussi.

-Tu devrais peut-être venir au lycée ? Plutôt que d'errer tel un fantôme dans les rues de Denyss. Si tu aimes lire, il y a une bibliothèque. Elle est immense ! 

- Oui c'est vrai. J'aimerais beaucoup mais… il faut déjà que je trouve un logement stable ici. Disons qu'en ce moment je passe mes nuits dans un garage. Et… je me lave ici même, au M&L. Grâce à Véronique.

Je savais que je pouvais lui faire confiance. Il me racontait sa vie, et je lui racontais la mienne.

- Tu n'as qu'à venir chez moi, j'en parlerai à mes parents. Je trouverais bien une histoire bidon comme excuse.

Il me sourit. Je ne pouvais pas refuser ça.

C'est comme ça qu'avec Andréa nous avons fini la soirée ensemble, à nous gaver de tout ce que l'on pouvait ingurgiter. 

Andréa était devenu dès à présent mon meilleur ami. Je découvrais enfin pleinement les joies de l'amitié. 

THE SPIRIT OF FRIENDSHIP (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant