Chapitre 1

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Les champs de colza d'un jaune vif défilaient sous les yeux d'Adel, tandis que la vieille Simca rouge roulait en direction du sud. Assise à l'arrière, Adel contemplait le ciel bleu et la nature pensivement, laissant la musique l'emporter. Bob Dylan fredonnait dans ses oreilles « Blowin' in the Wind ». Un délicat sourire apparut sur son visage parsemé de taches de rousseur. Il ne passa pas inaperçu. Sa grand-mère, Ida, le vit, alors qu'elle gardait un œil sur sa petite-fille en regardant dans le rétroviseur. Elle ne put s'empêcher de sourire.

– Nous sommes bientôt arrivés ma douce ! s'exclama Ida.

 – Hein ? Qu'est-ce que tu as dis ? demanda Adel, en retirant un de ses écouteurs.

– On arrive bientôt !

– Et on ne va pas tarder à voir la mer, intervint son grand-père.

 – Cool ! s'exclama Adel.

Son grand-père ne se trompait pas, deux minutes plus tard,  le bleu scintillant de l'immense mer fut visible à l'horizon. Heureuse d'enfin retrouver la mer, Adel ouvrit la fenêtre puis passa sa tête dehors, avant de prendre une grande inspiration et de pousser un cri de joie. Le vent frappait son visage, faisant danser ses cheveux. Le sourire d'Adel s'élargit.

À quelques kilomètres seulement de la Simca et d'Adel, Andreas, allongé sur son lit, écoutait ses parents se disputer une énième fois. Agacé, il monta le son de sa musique, laissant crier dans ses oreilles Bob Dylan et sa guitare. Après quelques secondes, il se sentit apaisé et se mit à fredonner les paroles de « Blowin' in the Wind » :

How many roads must a man walk down, before you call him a man ? Yes, and how many seas must a white dove sail, before she sleeps in the sand ? Yes, and how many times must the cannon balls fly, before they're forever banned ? The answer, my friend, is blowin' in the wind, the answer is blowin' in the wind.

Mais la dispute monta d'un ton et Andreas entendit leurs cris malgré la musique. Il soupira puis se leva, mit ses baskets, enfila son sweat avant de sortir de sa chambre. Une fois dehors, il se fit discret pour que ses parents ne le voient pas, puis fila vers la porte d'entrée. Il dévala les escaliers, jeta son skate à terre, avant de monter dessus. Il arpenta la ville, le soleil tombant peu à peu. Andreas inspira profondément, le vent secouait ses vêtements et ses cheveux tandis qu'il prenait de la vitesse. Il se dirigea vers le bord de mer, seul refuge où le bruit des vagues pouvait recouvrir les cris de ses parents.  

Sleep with the fishesWhere stories live. Discover now