Chapitre 27 (La Salle des Banquets)

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L'étau se resserre pour le gouvernor...



Le cortège fuyant les bureaux Bouchard sortit des murs de la réception. Le soldat en tête de file ouvrit une porte dérobée. L'ouverture se cachait derrière l'immense rideau rouge vif qui encadrait une fenêtre tout autant immense. Les vitraux apportaient la luminosité nécessaire, avec les différents ajours pour éclairer l'ample salle aux nombreuses chaises. Au centre de la salle était implantée une estrade soutenant de vastes bureaux. C'était l'endroit où siégeaient le gouvernor et ses administrateurs durant des cérémonies ou réunions importantes.

Pendant que les deux gardes sortaient le gouvernor de la cachette, Annatar se présenta silencieusement dans la réception. Il ne s'était pas encore fait repérer à cet étage. De ce fait, il s'avançait lentement en direction de sa proie bien protégée. L'apostel reconnut le régent de Paradis par ses vêtements uniques de dirigeant de la cité. Les six personnes virent enfin l'assassin s'approcher. Aussitôt, les quatre gardes se mirent devant le duo fragile qu'était Bouchard et sa fille. Annatar, confiant, accéléra la cadence. Il pensa même proposer une reddition à ces soldats en armure. Une solution passive qui avait efficacement marché tout à l'heure. Cela lui éviterait une énième altercation. Car, bien que puissant, il préférait au maximum économiser ses forces pour sortir vivant de ce trou à serpents impériaux. Après évidemment avoir récupéré ce pourquoi il était venu :

- Donnez-moi la liste, Gouvernor Édouard, et je promets de laisser votre fille et vos gardes indemnes.

- Jamais ! Je porterai à jour l'identité des félons sous vos ordres ! À l'empereur lui-même s'il le faut ! Votre présence en ces lieux ne fait que confirmer l'identité et l'infamie des noms de cette liste. Votre secte horrible est en danger et vous le savez, mécréant !

Pricillia se demandait de quoi parlait son père. Elle écouta attentivement, tentant de canaliser sa peur. Et en même temps, elle ressentait de la fierté pour son paternel qui ne flanchait pas devant le danger :

- Messieurs, donnez-moi une arme. Je me battrai vaillamment à vos côtés, si je dois périr ici.

Annatar ne répondit même pas aux convictions suicidaires du gouvernor. Il avait proposé une opportunité passive. Se donnant ainsi bonne conscience sur les actes qu'il allait commettre au nom d'Herumor. Au nom de la Sybille. Soudain, il fronça les sourcils et arrêta sa marche. Il ressentit une présence qu'il se maudit de ne pas avoir détecté plus tôt.

Eslen Octopus et Jina Kolepse arrivèrent silencieusement derrière les protagonistes de la salle de réception. L'usurpateur en blason des réguliers se retourna et jura en reconnaissant la caste Ut Supra, par leurs accoutrements particuliers.

La sublime et pétillante rousse portait un kimono, dont le tomoeri, le tissu servant de long manteau arrivant jusqu'aux pieds, se colorait d'un violet occulté. Parallèlement, elle portait un haneri couleur de jais. Celui-ci étant le vêtement recouvrant le corps de la belle femme. Des habits amples et souples, afin de faciliter au maximum les mouvements du mage zélateur. Elle avait choisi de ne pas porter d'armure ou quelconque protection. Préférant rester leste dans ses combats et privilégier l'attaque brutale à la défense.

Tandis qu'Eslen arborait une toge blanche et bleue. Tenue quasiment similaire aux atours des magi-instructors de la caste Ut Supra. Il portait également des protections en acier aux
avant-bras. Car il utilisait surtout sa puissance par des combinaisons de mouvements de bras spectaculairement précis. Sous l'ondulation de sa tunique, on entrevoyait également des genouillères et des protège-tibias. L'homme était de toute évidence bien portant. Car sa toge, devant naturellement être relâchée, lui serrait un petit peu la taille. Sa bedaine de buveur de bière quotidien débordait légèrement de sa cuirasse à coque dure.

Apostel NoirWhere stories live. Discover now