- Chapitre 6-

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Dimanche. Nous voilà enfin dimanche. Le jour fatidique, inéluctable. Sans crainte, sans peur, je souris de toutes les dents.Aujourd'hui c'est le jour parfait.

Mes parents vont promenés avec Holly dans une ville voisine.

Will va chez un ami.

Et Léo sort.

J'ai simulé une fausse insomnie, et que je suis trop fatiguée pour sortir et que je préfère me reposer, en vrai c'est la première fois que je dors aussi bien. Le fait de savoir qu le calvaire se termine me rend inéluctablement heureuse. Tout se déroule comme je l'avais prévue.

Sourire béat, profiter d'eux un petit moment.

J'ai savouré la soirée d'hier pour dire au revoir une dernière fois à mes amis, je les ai tous serré fort.

Ce matin, c'était la première fois que j'étais autant investie dans la vie de famille.

Mais maintenant, maintenant faut en finir.

Mais avant, je dois leurs laissé un mot.

Après avoir écris plusieurs lettres du comment et pourquoi, je les ai finalement mise en boule. Mieux vaut que je fasse court. Mes raisons sont mes raisons. Mes choix, et je fais le choix de les garder secrètes.

A vous, a vous que j'ai tant aimé,

Je suis là, depuis trop longtemps à me regarder, contusionnée par l'ouragan de l'amour.

Abîmée, dégradée, froissée par ce qui devait me ravir, je contemple dorénavant mon cadavre meurtri par la vénération du prince attrayant.

Pardonnez moi, je vous aimerez toujours, continuez à vivre, à vous battre parce que la vie est une longue guerre interminable. Mais qui dans mon cas, fut fatale. Promettez moi de franchir tout ce qui suivra, promettez moi d'être heureux.

Je vous aime.

Pardon...

Émeline

Je pose mon stylo et relis la lettre. Non. Elle ne me convient pas. Elle dévoile trop mes secrets. Je la met en boule et la mets sous mon oreiller. Je vais faire plus court.

A vous, vous que j'ai tant aimé, tant chéri,

Juste, pardonnez mon geste, ne lâchez rien, battez vous pour atteindre vos objectifs. Battez vous comme vous ne l'avez jamais fait encore. Battez vous et sortez vainqueur de chaque batailles mené.

La vie sera bien mieux sans moi.

J'espère que vous trouverez la force de me pardonner un jour.

Je vous aime,

Émeline.

Voilà ce qui est mieux. Je pose la feuille sur mon bureau et mets mon stylo juste à coté. Je prend une grande inspiration et sors de ma chambre.

- Émeline ! Cri Léo d'en bas.

- Quoi ? Hurlé je a mon tour.

- J' y vais, tu seras seule, je ferme la porte à clé ou pas ? Me cri t'il toujours.

- Attend !

J'ai besoin de le serré dans mes bras, ce sera la dernière fois, mieux vaut en profiter.

Je déboule les escaliers et à peine en bas je saute dans ses bras.

Je le serre fort, je sens une boule se former dans ma gorge et les larmes montées. Il reste surpris par mon geste d'affection quelques secondes puis fini par m'enlacer aussi.

- Tu sais je rentre ce soir hein. Me lance t'il en riant

Oui je sais Léo, mais ce soir tu n'auras plus de jumelle.

- Je sais, dis je la voix enrouée. Je me colle à lui et inspire profondément.

- Émeline ? Tout va bien ? Je sens un brin d'inquiétude dans sa voix. Non Léo tout va mal. Mais bientôt ça ira mieux.

- Oui, je voulais juste un câlin. Je ravale ma boule et me décale.

Je place une mèche blonde derrière mon oreille et lui fais mon plus beau sourire. Il me sourit en retour, m'embrasse la joue et sors de la maison.

Me voilà seule. Enfin.

Je souffle un bon coup et monte les marches. Je fais un détour dans ma chambre pour me vêtir légèrement. Je garde uniquement ma culotte et un tee-shirt large. Puis j'ouvre ma boite sur ma table de chevet et en sors une lame de rasoir, toujours dans son emballage. Je prend une boite de pilule et sans un mot, me dirige vers la salle de bain.

La salle de bain du premier étage est la plus belle, de plus elle est juste à coter de ma chambre donc j'en bénéficie beaucoup plus que la famille. Enfin bref.

Je rentre dans celle-ci et place les deux objets sur le lavabo en marbre.

Le silence est tellement profond, que j'entends mon cœur battre la chamade. Je sors la lame de son emballage et la tient précieusement entre mes doigts. Je relève ma tête et fixe mon reflet une dernière fois. Je caresse mon visage et fais glisser ma main doucement.

Je pose mon instrument acéré et d'un coup sec ouvre la boite de pilule. Je fixe l'intérieur de la boite, est-ce que j'aurais vraiment besoin de ça ? Me tranché les veines suffit amplement en fin de compte. Je repose la boite de médicaments intacte et attrape l'objet métallique, je sens une larme glisser sur ma joue.

Est-ce de la joie, de la peur, de la tristesse ? Un flot de questions dans ma tête dont je n'ai pas les réponses. Peut être que l'ignorance est mieux après tout.

J'inspire comme pour me calmer. Mais me calmer de quoi ? Ça fait longtemps que j'attends ce moment, ça doit sûrement être l'excitation d'en finir.

Je ferme les yeux et puis les ouvres soudainement, aller, ce martyre a assez durer, faut en finir ma vielle.

Je prend l'objet métallique dans ma main gauche et le plonge dans mon bras droit.

Des que le métal froid rentre dans ma peau, un frisson de douleur me parcours le corps. Je fais glisser la lame verticalement, l'enfonçant le plus profondément possible. J'étouffe un gémissement de douleur et tandis que ma respiration se fait plus rapide, je répète la même action sur mon bras gauche.

A ce moment là, la douleur est si intense, si glaciale que mon instrument de torture glisse entre mes doigt avant de tomber au sol dans une flaque de sang.

Je m'accroche au lavabo pour éviter de tomber. J'ai la tête qui tourne et des tâches sombres apparaissent dans mon champ de vision. Je respire toujours aussi fort d'une manière irrégulière. Tandis que mon sang coule abondamment, de plus en plus fortement de plus en plus rapidement, des images me viennent en tête.

Ma respiration se fait courte, très courte, presque inexistante.

Mes jambes tremblent et fléchissent en avant, le monde autour de moi commence à devenir sombre. Épuisée, mon corps tombe dans la flaque de sang qui se fait de plus en plus grande au fur et à mesure que je perds du sang. Mes paupières lourdes se ferment d'elles mêmes et des flash-back me viennent en tête.

Je deviens spectatrice de ma vie.

Ça commence le jour de ma naissance j'entends faiblement des voix «C'est des jumeaux». Je suis dans les bras de ma mère et elle me sourit. Les souvenirs défilent tellement vites que j'ai à peine le temps de les percevoir.

Léo me tient la main et on souffle des bougies, Melissa le jour de la maternelle. La naissance de Will. Notre rencontre avec Victor. Le premier jour à l'école élémentaire. Frank et ses cookies. Carnaval de l'école. Mon premier jour au collège. La naissance d'Holly.

Et puis tout va trop vite, les images défilent encore et encore sans jamais s'arrêter, elles persistent et puis se stop brusquement.

La dernière chose que dont je me souviens est mon bras gauche ouvert sur environ cinq centimètres étendu dans du sang, et un hurlement perçant et puis, plus rien. Trou noir.

Le néant.


Soudain, tout s'effondreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant