Partie 28

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Une main sur ma hanche, l'autre sur la barre qui sert en cas de panne, tu attendais dans l'ascenseur qui montait en silence. 

Nous ne nous étions pas beaucoup parlé après cette soirée. Un simple "merci" était sortit de ta bouche lorsque nous avions décidé de rentrer, et puis, le vide. Peut-être était-ce la fatigue. Ou peut-être était-ce du au fait que tu avais inventé un mensonge pour que ta mère croit du bien de toi.

On arrivait à l'étage, et je retirais violemment ta main de moi.

- La prochaine fois, préviens moi au moins. Histoire que notre histoire soit cohérente. 

Tu soupirais et m'ouvrais la porte en souriant.

- Bah au moins tu sais désormais que tu es venue à mon avant première !

Ton sourire sarcastique, ta gestuelle, ou encore même l'air que tu respirais me mettait en rogne. Je n'avais toujours pas d'explications. Ni sur ce qui venait d'arriver, ni sur la soirée dernière. Je recommençais à te haïr de nouveau, et dieu sait que je détestais ce sentiment. Comment pouvais-tu te montrer si arrogant, alors que je venais juste de sauver ta relation avec ta mère ?

- Tu comptes rester ici combien de temps ?

Je fermais la porte tout en finissant ma phrase, et tu écarquillais les yeux. Heureusement que mon père était rarement à la maison.

- Tu veux que je m'en aille ? 

- Je n'arrive plus à vous supporter, toi et ta fierté.

Tu t'assis au bar et posa tes coudes en avant. 

- J'ai pas envie de partir. Je suis bien mieux ici qu'à l'hôtel. 

- Pourquoi t'as raconté ça à ta mère ?

Tu détournas les yeux. Je venais de toucher un point sensible.

- C'est mal ?

- Oui. C'est le principe du mensonge. 

- Alors je m'excuse, rétorquais tu avant de te diriger vers la salle de bain.

Tu t'excusais, c'était tout ? Non... Timothée, je refusais de le croire. Jamais tu ne faisais "que" t'excuser. Jamais tu t'avouais vaincu. À aucun instant tu avais changé, et moi non plus. Je pouvais toujours te décrypter comme autrefois, et même peut-être encore mieux. 

- Ça change quoi à la donne, que tu sois navré ?

Tu ressortais soudain en trombe de la salle de bain, vêtu d'un simple boxer, et te plantais à quelques centimètres de moi, ta brosse à dents dans la bouche.

- Tu veux que je fasse quoi de plus ? Que je parte ?

- P-par exemple.

Tu ne me lâchais pas des yeux. Cet air je commençais à le connaitre. Celui que tu abordais lorsque tu t'apprêtais à faire une erreur.

- Et bien je partirai.  

Tu retournais ensuite à ta toilette, me laissant abasourdie. Je devais t'ignorer, te faire comprendre que ça m'était égal. Alors je m'enfermais dans ma chambre avec mon ordinateur, et commençais un nouveau chapitre de mon histoire.

Je t'ai toujours aimé Timothée. J'aurais aimé pouvoir te le crier de toutes mes forces ce soir là. Mais dès que je m'approchais de toi, je me sentais si loin. J'avais pris l'habitude, pendant six ans sans une seule pause, de violer ton intimité. Partout où j'allais, peu importe à quel fan je parlais, j'essayais d'obtenir un maximum d'infos à ton propos. Je voulais tout savoir. Tout. Que ce soit sa situation amoureuse ou l'argent que tu te faisais. Je notais tout sur mon petit bloc note.

La première fois que je t'ai revu, ce sentiment a commencé à s'effacer. Et lorsque nous nous sommes touchés, que mon plus gros fantasme s'est déroulé à la lumière, tout ça avait définitivement disparu. Tu n'étais plus le Timothée que j'avais aimé. Tu n'étais qu'un humain. Mais un humain que je n'aurais laissé passer pour rien au monde. 

Tu me complétais, et quelque part, j'avais le sentiment que nous avions besoin l'un de l'autre pour survivre dans ce monde.


...


- Papa ?

- Humff...

Mon père ouvrait ses yeux et me découvrit, assise au coin de son lit, pleurant comme une madeleine. 

- Vio-Violette ? Que fais tu, il est cinq heures du mat' ?!!

Du coin de ma manche, j'essuyais honteusement mes joues et reprit mon calme.

- Où...

Il releva son buste pour venir m'entourer de ses bras. 

- Ça va aller. Re-spire. 

J'expirais bruyamment pour retrouver mon sang froid, et réveillais Julia par la même occasion. Mais rien n'y fit, alors je murmurais dans un sanglot :

- Où- où est Timothée ?



À nos pensées antérieuresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant