Projet Earth (en réécriture)

Chapitre 47 (2096)

Aujourd'hui était un grand jour. 

Brume venait d'avoir douze ans. 

Elle avait, comme à son habitude, bondi de son lit à une heure bien trop précoce, réveillant ses deux tuteurs en criant de joie. 

Mandragore était toujours amusée de voir la mine heureuse de la jeune fille lorsqu'elle se levait le matin. Alors que le soir même, elle était d'un calme olympien. Elle comptait le temps qui se rapprochait de l'heureux évènement, puis quand elle était trop fatiguée, elle s'endormait toute seule, la bouche encore ouverte pour décompter les secondes qu'ils restaient. 

Mais ce jour, Brume était encore plus excitée que d'habitude : vêtue de son pyjama blanc, ses yeux devenus dorés pétillaient d'impatience, et ses cheveux ébouriffés lui donnait un air un peu fou, bien qu'adorable.

Mint, qui venait de les rejoindre dans la cuisinette, en grommelant qu'il était bien trop tôt pour se lever, s'assit à côté de Mandragore. 

Celle-ci jeta un regard à son compagnon : vu les énormes cernes sous ses yeux, son réveil avait été difficile. Mais il aimait trop Brume pour gâcher son anniversaire avec sa mauvaise humeur coutumière. 

Du moins, avant que Brume ne revienne. En effet, sa petite louve venait de s'éclipser en prétextant qu'elle devait aller chercher quelque chose. 

En vérité, et au grand amusement des deux instructeurs, elle s'en allait simplement pour qu'ils aient tous les deux le temps de déposer son cadeau sur la table, comme s'il était apparu par magie. Brume adorait ça. 

Mint se leva pour prendre un verre d'eau filtrée, tout en passant une main sur son visage fatigué pour se réveiller. 

Mandragore, elle, ouvrit le frigidaire, dont la porte grinça. Tout en se disant qu'il fallait sérieusement qu'elle songe à l'huiler, elle ouvrit un minuscule compartiment invisible aux yeux curieux de Brume, pour en sortir une petite bouteille de jus d'abricot. 

- Elle est quand même sacrément unique, cette gamine, déclara Mint en posant son verre sur la table, chaque année, c'est la même tradition, elle veut son jus d'abricot, et rien d'autre. 

Pour toute réponse, sa camarade rit et répondit en déposant la bouteille à la place de Brume avec la petite carte (une feuille de papier pliée de quatre, il n'y avait pas d'enveloppe ici) écrite par eux deux. 

- Ce n'est pas comme si on pouvait lui offrir autre chose. 

A ses paroles, Mint soupira et dit : 

- Je lui offrirais la Terre entière, si je le pouvais. Elle le mérite tellement. 

- Je sais, Dé...(elle plaqua une main sur sa bouche devant sa bêtise et vérifia que Brume n'était pas revenue. Heureusement, la petite semblait encore attendre en sautant sur son fauteuil élimé tout en poussant des cris de joie) Démos... 

Ce nom coula entre ses lèvres comme du miel. Cela faisait si longtemps qu'elle ne l'avait pas prononcé. En général, elle ne disait même pas Mint, elle avait l'impression que c'était quelqu'un d'autre qu'elle apostrophait. 

Dudit Démos prit délicatement sa main et la serra fort, pour lui manifester son soutien. A travers ce simple geste, il lui faisait comprendre qu'il comprenait. Tout, même ce qui était invisible aux autres. 

Ils n'eurent pas le temps d'épiloguer davantage, car Brume revient au pas de course, flottant dans son pyjama blanc. Mandragore se prit à penser qu'elle ressemblait à un petit ange, comme cela.