Chapitre 63 (Marc)

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     Éva entame doucement son cinquième mois de grossesse, ses hormones commencent sérieusement à la travailler, ses sautes d'humeur sont de plus en plus fréquentes, elle peut passer des larmes à la colère en quelques minutes et je suis souvent la cible de ses énervements. Je ne dis rien car je sais que c'est la grossesse qui cause sa mauvaise humeur et elle le sait aussi, après avoir déversé sa colère sur moi, elle revient vers moi honteuse et douce comme un agneau, s'excusant pour la tempête qu'elle génère. À chaque fois je la rassure et caresse lentement d'une main ses cheveux noirs et pose l'autre sur son ventre qui se moule à présent dans ses vêtements, bien visible aux yeux de tous. J'adore laisser courir mes doigts sur sa peau tendue et douce qui abrite ma fille depuis cinq mois, je peux passer des heures à lui parler d'une voix douce, à la sentir s'éveiller au son de ma voix, remuant dans le ventre de sa mère qui me regarde d'un œil moqueur. 

- T'es vraiment grave, lâche-t-elle alors que je discutais avec ma fille. 

     Je me redresse sur le coudes tandis qu'elle se se cale un peu mieux en tailleur contre la tête de lit, je hausse les sourcils l'air faussement indigné : 

- Excuse-moi d'avoir une conversation avec ma fille ! 

     Elle lève les yeux au ciel et je me rapproche comme un loup vers sa proie : un sourire fier aux lèvres. 

- Tu feras moins la maligne quand tu te rendras compte qu'elle me préfère à toi, ajouté-je 

- Pff, tu peux toujours courir, réplique-t-elle en encerclant mon cou de ses bras, JE vais la mettre au monde et la nourrir, ce sera forcément moi sa préférée. 

     Je fronce le nez et fait mine de réfléchir tout en approchant mon visage du sien. Mes mains se posent sur ses hanches et commencent à courir le long de ses flancs, un sourire s'étire sur son visage : signe qu'elle apprécie mes caresses. Délicatement, je l'embrasse et sens le goût sucré de ses lèvres se répandre sur ma langue dans une explosion de sensations, j'approfondis notre baiser en la serrant, comme son ventre me le permet, plus fort contre moi, elle éloigne soudain sa bouche et je fronce les sourcils. 

- Après faut pas se leurrer. Elle va être pourrie gâtée avec sa tante, ce sera Louise sa préférée en fin de compte. 

     Je soupire et laisse ma tête reposer contre sa poitrine. 

- Si tu pouvais éviter de faire allusion à ma sœur alors que je t'embrasse ça m'arrangerait. 

     Je sens sa poitrine tressauter au rythme de son éclat de rire, je respire à plein poumons son parfum et sens ses mains venir s'emmêler dans mes cheveux en un massage relaxant. Mes muscles se détendent mais j'essaye de rester sur mes appuis pour ne pas gêner le ventre d'Éva. Celle-ci se redresse d'ailleurs, arrêtant son doux massage, je proteste comme un enfant, encerclant sa taille de mes bras pour l'immobiliser. 

- Marc, il faut qu'on se lève, dit-elle 

- Pourquoi ? gémis-je entre ses seins. 

- Peut-être parce qu'il faut aller vérifier que notre fille va bien ? glisse-t-elle à mon oreille. 

      L'entendre dire "notre fille" a le don de faire accélérer mon rythme cardiaque, c'est comme une piqûre de rappel pour me dire qu'elle m'a choisit, que quoi qu'il arrive je serai le père de cette enfant. Je plante une dernière fois mes lèvres sur celle d'Éva et me redresse pour la libérer de mon emprise, déçu de devoir écourter notre moment mais tout de même content de pouvoir voir à nouveau ma fille en vrai. Éva se lève lentement, faisant basculer ses jambes au bord du lit et en prenant appui sur la table de chevet, je la regarde s'étirer un peu maladroitement à cause de son ventre proéminent et se diriger vers l'armoire pour retire son haut et revêtir à la place une robe couleur écrue ample qui laisse pointer son nombril, Éva continue de bouder ses jeans de grossesse mais bientôt elle sera bien obligée de les mettre pour ne pas mourir de froid durant l'hiver. Je regarde la femme que j'aime s'afférer à recouvrir ses lèvres d'un rouge à lèvres bordeaux et peigner ses cheveux crépus qui encadrent son visage, dans le miroir de la coiffeuse elle remarque que je l'observe et lève un sourcil : 

Un dernier départWhere stories live. Discover now