Passé

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Comme quelques jours plus tot, Happy crochète toutes les serrures des portes qui mènent à l'appartement de la psychologue. La dernière ouverte un étrange spectacle s'offre à elle. April se tient debout, une bouteille de whisky à la main, de la musique en fond. Elle ne semble pas avoir remarqué la brune. La femme aux cheveux courts danse seule au milieu de l'appartement, buvant trop souvent au goulot de la bouteille. Des feuilles jonchent déjà la table, surement arrachées du carnet qui semble avoir été jeté sur le sol. La musique en fond est en français, c'est une chanteuse québécoise, Happy arrive à saisir le sens : ce n'est pas très joyeux. 

Soudain, April se précipite dans la salle de bain et vomi l'alcool qu'elle a consommé. Restée en retrait pour examiner la scène, Happy se dirige aussi vers la salle. Quand elle ouvre la porte, elle retrouve April assise sur le carrelage froid de la salle de bain. Ses yeux sont rougis, ses avant bras couverts de griffures, ses ongles rongés jusqu'au sang. La brune s'approche d'elle doucement et essaye de la serrer dans ses bras.

- LACHE MOI

April se lève d'un coup et s'apprête à frapper Happy. Cette dernière se recule au bon moment, la main de la psychologue se cogne violemment contre le mur. La mécanicienne en profite pour tenter une nouvelle étreinte. April se retrouve entre le mur et Happy, elle ne peut plus bouger, alors elle crie, les larmes emplissant ses joues.

- PAPA, ARRETE, LAISSE MOI.

- Bon ça suffit, je vais regarder.

Toby se dirige vers l'ordinateur le plus proche.

- Je sais que tu voulais pas qu'on fouille son passé, mais s'en est trop Walter ! La dernière fois, ce n'est pas son réveil qui n'a pas sonné, elle a fait une sorte de crise et ne s'est pas réveillée. Sly avec moi ?

- Je suis d'accord avec Toby, si elle est dangereuse il faut qu'on le sache, répond Sylvester.

Les deux hommes pianotent sur les ordinateurs, sous l'œil réprobateur de Walter et Paige. Il trouvent chacun leur tour des informations sur la psychologue. 

- Elle a de la famille en France, commence Toby. Tiens, je l'avais pas vu ça.

- Fille de militaire américain, sa mère est morte à ses 15 ans, continue Sylvester.

- Tiens, sa mère et elle ont un très grand passif médical. Fracture du tibia, du poignet, des zones fragiles en fait.

- Il nous battait... Il a commencé par ma mère, puis quand elle est... quand elle est morte sous ses coups... il s'est rattrapé sur moi...

April est assise dans la douche, dos contre le ventre de Happy. Les deux ont les vêtements complètement trempés. Happy a réussi à faire sortir la psychologue de son délire en lui balançant de l'eau glacée au visage. Elles sont l'unes contre l'autres depuis quelques minutes. April vient juste de commencer à parler, la présence de la brune la rassure et les papouilles de cette dernière dans ses cheveux trempés lui font un bien fou.

- Tu avais quel age ?

- Quinze ans...

Chaque mot s'échappe de la bouche de la psy dans un sanglot, les larmes reprennent de plus belle et l'étreinte de Happy se resserre.

- Et tu es partie quand de chez toi ?

- A mes 18 ans... 

- Et il est arrivé quoi à ton père ? Il est allé en prison ? Tu as porté plainte ?

- Elle a porté plainte pour coups et blessures et homicide volontaire, mais son père n'a pas été emprisonné, ni même jugé, informe Sylvester.

Plus ils fouillent le passé de la jeune femme, plus l'équipe se sens mal. La démarche est partie d'un doute infondé, et de la jalousie de Toby, ils se retrouvent à présent face à une enfant battue qui a vu sa mère mourir sous les coups de son père.

- L'armé à du enterrer l'affaire, son père est un bon combattant. Malheureusement ça arrive très souvent, explique Cabe.

- Bon maintenant que vous avez ce que vous voulez, on peut arrêtez de fouiller dans sa vie ! coupe Paige.

Toby et Sly ferment toutes les pages et éteignent les ordinateurs. Ils se retrouvent comme les plus grands des cons face au reste de l'équipe. Toby, pour une fois, se remet en question. Si ça se trouve le rapprochement entre les deux femmes suite à l'oléoduc, est simplement dû au fait que April ait dit son passé à Happy. Les deux femmes étant orphelines d'une certaine manière, se sont rapprochée. Il se sent bête et insupportable, il sort et, à l'endroit ou April fume ses clopes d'habitude, appelle Happy.

- Allo ?

- Oui. Tout va bien avec April ?

- Oui, oui, je te rappelle plus tard.

Happy raccroche et pose le téléphone sur le lit où elle est assise.

- C'était qui ?

La psychologue sort de la salle de bain, une serviette tenue par ses mains dans les cheveux. Elle est en sous vêtements. April frictionne la serviette sur sa tête, la pose sur ses épaules pour boire l'aspirine et le verre d'eau que lui a préparé la brune.

- Euhh... Rien, c'était Toby qui demande si ça allait.

La psy lève ses yeux au ciel et se dirige vers Happy.

- Excuse moi.

La brune met ses pieds sur le lit pendant que April tire le tiroir qui se trouve sous celui-ci. La mécanicienne essaye de détourner son regard du corps presque nu de la psychologue, mais en vain. Sa peau à l'air si douce, ses cheveux aussi, ses yeux verts sont magnifiques même si encore un peu rougis. Les courbes que dessine la taille et les hanches de la jeune femme sont parfaites. Seules les marques dans son dos et sur ses avant-bras font taches. Une phrase vient en tête à Happy et lui brule les lèvres "Je t'aimerais avec chacune de tes cicatrices, tu es parfaite avec tes imperfections". En enfilant la robe longue qu'elle a prit dans le tiroir, April prend la parole.

- T'as fini de te rincer l'oeil.

Sa réplique est accompagnée d'un rire cristallin. Happy rougit d'un coup, elle ne s'attendait pas à être si peu discrète. Sans qu'elle ne puisse réponde à cette pique, April s'approche et l'embrasse. Cette fois seul le gout du dentifrice à la menthe parvient aux lèvres de la mécanicienne. La psychologue enlève sa bouche rapidement et lui chuchote à l'oreille.

- Je t'en veux pas.

Laissant Happy rouge comme une tomate, April va enfiler des DocMarteens et un perfecto violet. Elle revient quelques secondes plus tard.

- Tu viens, ils vont s'inquiéter.

- Oui, oui, j'arrive...

Une nouvelle fois, la mécanicienne se retrouve derrière la psychologue sur la moto. Quand elles arrivent au garage, un silence et une gêne les accueillent.

- Désolée, j'ai eu un petit souci. On la fait cette surprise pour Ralph ! lance April comme si rien ne s'était passé.

Tout le monde suit ses directives. Avant de s'y mettre à son tour Toby prend Happy à part.

- Tu sais... Eu... On a fouillé dans le passé de April... commence-t-il.

- Quoi ! 

- Et je comprend maintenant pourquoi tu es très proche d'elle, vous êtes un peu pareilles. Donc je voulais m'excuser d'avoir été bizarre ces derniers temps, et aussi d'avoir fouillé dans son passé.

- T'inquiète pas, c'est mignon que tu soit jaloux, répond la brune avec un faux sourire aux lèvres.

Toby rejoint le reste de l'équipe, Happy reste quelques secondes pensive. Finalement, la jalousie de Toby a permis d'estomper les doutes de ce dernier. C'est une bonne chose, mais la brune se trouve encore plus troublé. Ce qu'elle ressent pour April et lors de leurs baisers est flou mais surtout puissant.

Happy retourne vers le groupe, n'ayant toujours rien démêlé. Face à elle, le sourire éclatant de April derrière lequel se cache une part sombre, ou le rire de Toby plus simple et un peu trop lourd.

TensionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant