John

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Tout au long du voyage, Sherlock ne pensa qu'à une chose: le visage amer de son docteur. Il était allé jusqu'à faire une seconde requête au prêt de Mycroft pour avoir le privilège de passer ses heures de vol dans une solitude parfaite. Le détective consultant avait tenté de se focaliser sur l'histoire de Goerge et Pepper mais la moindre de ses pensées revenaient irrémédiablement sur « lui ». Sur l'ex militaire qui chamboulait son esprit plus qu'il ne le croyait.
À son arrivée à Bakerstreet, il ne s'attarda pas sur la vacuité de l'endroit. Il le mis sans dessus-dessous en une minute à la recherche de quelque chose qui lui permettrait de vider sa tête le temps de l'enquête.

-Oh, Sherlock ! S'époumona Madame Huddson qui venait de monter, armée d'un semi-automatique, J'ai cru qu'un cambrioleur était entré !

-En pleine journée Madame Huddson ?

-Il se passe tant de choses dans ce quartier vous savez... Souffla-t-elle dans ses pensées.

Il l'ignora, elle et son arme sortie de nul part, s'acharnant sur un amas de dossiers entasser sous un bureau. Il sentait que son cerveau allait exploser s'il ne trouvait pas ce qu'il cherchait.

-Vous rentrez bien tôt... Ajouta-t-elle en le regardant faire. Mais où est John ?

Le détective se stoppa dans son mouvement, pris une immense bouffée d'air, se redressa et afficha un sourire à la femme qui avait osé prononcer le nom de son mal:

-Il n'y a ni cocaïne, ni cigarettes et je suis presque sûr que tous mes patch ont disparu ! Pouvez-vous m'expliquer pourquoi ils ont disparu ? S'impatienta-t-il en gesticulant.

-Vous avez promis à John d'arrêter de...

-Et si vous ne parliez plus de Watson ? Ne parlons plus d'Afghanistan ! De blog ! Ou de tout ce qui a un rapport avec un problème psychosomatique !

-Mais je n'ai pas parlé de problèmes psychosomatiques, Se plaignit la pauvre logeuse face à tant d'agressivité.

-Vous savez quoi ? Ne parlons plus. Pesta Sherlock en se laissant tomber sur son canapé.

Madame Huddson le regarda dévisager le plafond comme s'il allait se battre avec lui à un moment où à un autre et se dirigea vers la cuisine en déclarant qu'elle irait faire du thé.
Dès qu'elle quitta la pièce, Sherlock soupira bruyamment et couvrit son visage torturé par toutes sortes d'émotions de ses mains froides. Il s'était défoulé sur sa logeuse et sur l'appartement mais rien de tout ça ne suffisait.

-Ne fais pas cela Sherlock. Fit la voix de John dans sa tête.

Le brun s'était souvenu du petit sachet de poudre dissimulé dans une fente du canapé mais la voix de son partenaire lui interdisait de s'en servir.

-Tu n'es même pas là... Geint-il, les yeux toujours caché derrière ses pommes.

-Tu n'as pas besoin de te droguer pour résoudre cette enquête Sherlock. Relève toi et va interroger cette femme ! Lui ordonna le docteur, emplissant ses pensées.

Il grommela un instant puis se redressa. S'il voulait s'occuper de l'enquête sur Mélanie Hopper, il devait terminer celle de Pepper et Goerges. Une chose à la fois. Dès qu'il en aurait finit, il pourrais se focaliser sur ses amourettes perdues.

-Prêt pour un tour ? Fit-il en posant ses yeux sur le fauteuil vide adjacent.

Cela faisait déjà deux heures que Greg attendait Sherlock et il commençait sérieusement à perdre espoir sur sa venue. L'inspecteur avait pu éviter à l'agent Donovan de s'empresser d'interroger Pepper qui se trouvait dans la chambre d'hôpital devant laquelle il se tenait debout. Il avait l'impression de jouer au chien de garde pour le détective consultant et cela avait l'art de le contrarier hautement.

-Il ne viendra pas ! S'exclama Sally hors d'elle. Vous le savez aussi bien que moi.

-Sherlock arrive toujours en retard. Répliqua-t-il en soupirant. Laissez lui encore du temps.

-Je prends la suite. Fit une voix non loin des deux agents de police.

L'homme de la situation se dirigeait vers eux avec désinvolture. Donovan se mit au milieu de son chemin pour lui faire une scène mais Sherlock s'en occupa comme on chasse une plume d'un souffle:

-Je sais, cette femme s'est à peine réveillée donc je dois la ménager. Allons Sally, je connais mon travail. Vous semblez par contre oublier que vous êtes dans un hôpital et que vous égosiller ici n'est pas le meilleur des comportement pour un membre des forces de l'ordre.

Cela fait, il la contourna et entra dans la chambre d'hôpital. Pepper ne bougea pas, seuls ses yeux se posèrent sur le nouveau venu. Sherlock déduisit donc qu'elle devait être paralysée suite à sa chute.

-Bonjour Pepper, je suis Sherlock Holmes: détective consultant pour les deux zouaves à l'extérieur.

Les lèvres de la patiente aux cheveux mauves s'étirèrent très légèrement à cette petite boutade.

-Puis-je vous poser quelques questions ? Demanda-t-il en lui rendant son sourire.

-...Oui... Souffla faiblement Pepper sans le quitter des yeux.

Sherlock la remercia d'un signe de tête, s'empara de la chaise réservé aux visiteurs et s'assit à son chevet. Le regard triste de la femme se posa sur un point invisible dans la salle tandis qu'elle écoutait la première question du brun.

-Que s'est-il passé le soir de votre dispute avec Goerges ?

-On s'est battu... Commença-t-elle avec difficulté, Je suis allé...je...

En constatant que chaque mots lui causaient plus de souffrances physiques, Sherlock lui intima de garder le silence.

-Ne vous faites pas plus de mal Pepper... Je serais le seul à parler, vous n'aurez qu'à répondre par oui ou par non.

Elle accepta et le remercia de sa compréhension.

-Est-ce Goerges qui vous a poussé du haut de l'immeuble ?

-Non... Répondit-elle en sentant les larmes lui monter aux yeux.

-Y avait-il quelqu'un d'autre avec vous ? Lui demanda-t-il en ayant une bref pensé pour l'idée de la maîtresse en furie.

-Non... C'est moi qui me suis jeter... Sanglota-t-elle ne pouvant plus retenir ses larmes.

Sherlock se sentit davantage confus. Il avait sa réponse pour ce qui concernait la chute mais tout restait étrange. Pourquoi avoir sauté ? Pourquoi Goerges s'était-il suicidé ? Soudain, il se rappela des empreintes de Pepper sur le manche de l'arme du crime et posa un regard ahuris sur la patiente:

-Vous l'avez tué ? Murmura-t-il plus pour lui même que Pepper.

-Je ne voulais pas...je l'aimais...

Les pleurs de la femme le touchèrent plus qu'ils ne devraient. Peut-être avait-il l'impression de se voir dans le regard de la jeune femme. Elle aimait un homme de tout son être et ce dernier lui avait briser le cœur en choisissant une autre personne. Son amour avait agis comme un poison et l'avais probablement mené à commettre ce meurtre. Lui, il avait étouffé John pendant tout ce temps avec cette peur de ne pas l'avoir à ses côtés. Il l'avait privé d'une vie amoureuse en espérant quelque chose de lui. Aucune des deux personnes se trouvant dans cette chambre n'avaient pu échapper à cet amour. Pepper avait échoué dans son suicide et Sherlock n'arrivait pas à briser une promesse en tombant dans la drogue.

-Nous ne sommes pas fait pour ce genre de relations...

247A BaltimoreDonde viven las historias. Descúbrelo ahora