I

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   Comme devant la scène, par des bribes de flashs qui viennent brusquer ma vue, je vois un homme, vieux et avec une jambe plus raide qu'une planche de bois. Tandis qu'il fait chauffer une bouilloire sur le feu, son regard se lève subitement vers une grande maison au loin, un manoir commençant à tomber en ruine. Pour moi qui vois la scène telle qu'elle est, je doute que la lueur de lumière tremblotante qui émane d'une des plus hautes fenêtres soit d'origine Moldue
  Le vieil homme, au contraire, pose la bouilloire en grommelant :

- Sales gamins.

  Enfilant son manteau, il attrape une vieille clé rouillée, pendue à un crochet près de la porte. Au passage, il saisit sa canne posée contre le mur et sort dans la nuit. Mais ni la porte d'entrée de la maison ni les fenêtres ne semblent avoir été fracturées. Le vieil homme fait le tour par-derrière et s'arrête devant une porte mangée par le lierre. D'un tournant de clé, il ouvre cette porte sans faire de bruit et pénètre dans la cuisine, aussi vaste qu'une caverne. Malgré l'obscurité qui y règne, il balaye la pièce de sa lampe torche en atteignant ensuite le vestibule, un peu moins miteuse, certes, mais l'odeur de moisi est toujours présente. Il est alors possible maintenant d'entendre des bruits de pas et des voix au-dessus de nos têtes, ce qui fait grommeler le vieil homme. Celui-ci passe devant une pendule entourée de toiles d'araignées et commence à gravir l'escalier aux marches recouvertes d'une épaisse poussière qui étouffe le bruit de ses pas et de sa canne. Parvenus sur le palier, il tourne à droite et on remarque tout de suite où se trouvent les intrus : juste en face de nous, une porte est entrouverte et la même lueur tremblotante brille par l'entrebâillement. À l'intérieur, on entend une voix rauque, froide comme de la glace.

- Comme tu es devenu indélicat, Queudver... Si je ne m'abuse, il n'y a pas si longtemps, le premier jour, nous décidions de se servir de cette maison... Peut-être que la tâche de me soigner est devenu lassante pour toi ?

  Ses mots suffisent pour me faire comprendre que la voix glaciale est celle de Tom Jedusor, mon arrière-arrière-grand-cousin par le mariage d'une Gaunt avec un Malefoy. Et à travers l'interstice de la porte, on peut très bien voir Queudver s'abaisser devant un gros fauteuil. Une main squelettique, presque inhumaine, en dépasse. Cette main... C'est forcément celle de Jedusor, ou plutôt de son « alter ego » Voldemort, même si les deux sont les mêmes.
Le vieil homme, de son côté, resserre sa poigne sur sa canne, tétanisé par la discussion qui s'affaire dans la pièce. Queudver, ce lâche qui a tué indirectement James et Lily Potter, semble pris de panique.

- Oh non, Seigneur Voldemort... blêmit-il. Je voulais dire qu'il serait possible de le faire sans les gamins... Votre... votre arrière-arrière-petite-cousine... Elle semble plus...

- Plus puissante ? siffle Voldemort. Elle ne le serait pas si tu avais fait en sorte de découvrir plus amples informations sur ce qu'elle est capable de faire !

- Mais !... Mais... Maître... Elle... Elle dispose de pouvoirs... Mettre la main sur elle présente de terribles difficultés, elle est si bien protégée... Éléona, l'ancienne cheffe des Aurors, la surveille comme son ombre depuis qu'elle est jeune... Et... Et Dumbledore semble veiller sur elle comme sa propre vie... Pire encore que Harry Potter ! Alors si... si nous le faisions sans Mélody... Peut-être pourrions-nous...

- Non ! Il nous faut les deux, rugit Voldemort aussi fort qu'il peut. C'est important qu'elle y soit aussi. Et cela sera fait tel que je l'ai décidé !

  Un deuxième homme s'agenouille près du fauteuil. Un homme aux cheveux raides, couleur paille, et au regard terriblement sombre.

- Je ne vous décevrai pas, Maître, dit-il en s'agenouillant face au fauteuil.

Elementum  {Tome 4}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant