Prologue

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« De nos jours, la tromperie est universelle.

Être honnête devient un acte révolutionnaire. »

Boubacar Thiam

2020, France, vendredi 13 mars, Aix en Provence

Même dans mes rêves les plus fous je n'aurais jamais pensé que Bryan soit capable de me trahir de cette manière. Comment a-t-il osé me faire ça ?

Après trois ans de relation où il n'a jamais été voir ailleurs enfin pas à ma connaissance. Il a fallu qu'il le fasse aujourd'hui le jour de nos trois ans de relation. Quand il m'a demandé il y a deux heures de venir le rejoindre en boîte comme quand l'on s'était rencontrés, je me suis vite préparée espérant une surprise de grande envergure, espérant le séduire une nouvelle fois, comme la première fois, je me suis bien apprêtée, est mis une robe noire moulante et l'ai finalement rejoint à la boîte qu'il m'avait indiqué.

Je ne cache pas ma surprise quand je le trouve avec sa langue dans la bouche de ma meilleure amie, Astrid, elle, à moitié allongée sur une table, la bretelle fine de sa robe enlevée. Les larmes me montèrent aux yeux immédiatement, je ne pleure jamais habituellement. Ça n'a jamais été mon genre.

Astrid s'est relevée pour sûrement avoir plus d'équilibre, non non, elle ne s'est pas dit qu'elle était en train de rouler une pelle au mec de sa meilleure amie. Ils se sont tournés et c'est à ce moment-là que mon copain –ce que je croyais être mon copain- Bryan m'a aperçu alors que les larmes dévalaient mes joues. Il s'est vite détaché d'elle et il a couru vers moi. Astrid s'est alors mis la main devant la bouche, probablement choquée. Quand Bryan arrive à ma hauteur, je me réveille et ne fixe plus Astrid mais me concentre sur celui que je considérais avant comme l'homme de ma vie. Il a des traces de rouge à lèvres rouge carmin, celui qu'Astrid porte tout le temps, celui-là même que j'ai mis une fois et où ce cher Bryan m'a dit que ça ne lui plaisait pas, que ce n'était pas mon genre.  Il me dégoute. Il me lance cette fameuse phrase « ce n'est pas ce que tu crois », je le fixe d'un regard tueur. Ce n'est pas ce que je crois, tu as ta langue dans la bouche de ma meilleure amie mais vous êtes en train de faire un Monopoly. Je crois que si je n'étais pas toute chancelante je l'aurais tué. Je lui dégaine la meilleure gifle que je peux lui donner. Il tourne la tête et la laisse comme tel. Je me retourne en lançant un dernier regard assassin à celle que je croyais être ma meilleure amie et celle qui je pensais serait la meilleure marraine pour mes enfants avec Bryan, qu'est-ce que je pouvais être naïve. Finalement ce serait peut-être moi la marraine de leurs enfants.

Je ne suis pas en colère contre eux mais plutôt contre moi. Contre moi parce que je suis naïve, parce que j'ai laissé trop de libertés à Bryan, et aussi et surtout parce que j'ai fait confiance à un homme qui ne méritait pas un seul de mes regards. Je repars vers ma voiture et m'installe sur le siège conducteur. Je pleure encore, mes joues sont humides tout comme mes yeux. J'allume le contact. La voiture fait un drôle de bruit avant de démarrer. Je vois passer les voitures et le paysage. Je ne suis sûrement pas en état de conduire et je le sais mais je n'ai pas le choix, hors de question que je reste à leurs côtés. Il faut que je parte de cet endroit de malheur. Je repense à ce que Bryan vient de faire et mes larmes coulent instinctivement. Je n'en reviens pas, Astrid, ma meilleure amie. Qu'aurait-il pu se passer si je n'étais pas arrivée ? Je n'ose pas l'imaginer. Sans que je le remarque, je viens de griller un feu rouge. Grillant ainsi la priorité à droite. Une voiture qui elle était sensée passer au vert me percute de plein fouet. Dans un bruit de tôles froissées et de klaxons, je suis projetée de l'autre côté de la rue et mon crâne heurte violemment le sol. J'entends les gens qui se sont arrêtés m'appeler, je suis incapable de répondre, mes paroles sont comme bloquées. J'entends les gens s'affoler et appeler les secours. Je ne vois rien, je suis incapable de prononcer un seul mot mais j'entends. Bientôt, les sirènes des pompiers résonnent dans la nuit, je me sens porter, on me parle encore et encore mais contrairement à tout à l'heure, je ne comprends pas, plus, je sens que l'on me pose quelque chose sur la poitrine. Ce que j'imagine être le camion commençe à rouler mais quelques centaines de mètres plus loin, je me sens partir et quelques temps plus tard, je n'entends plus rien, je suis comme endormie.

SANS NOMWhere stories live. Discover now