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- Salut, je m'appelle Hoseok. Et toi?

- Moi, c'est Namjoon...Kim Namjoon.

Il s'est dirigé vers un homme qui lisait son journal debout, à quelques mètres de nous. Il a levé les yeux au ciel en soupirant, à sorti une cigarette de son paquet, Hoseok l'a attrapée sans le regarder, puis il est revenu vers moi.

- Je t'ai déjà vue ici, plusieurs fois. Qu'est-ce que tu fais?
- Je viens pour regarder les gens.
- Ah! Et des gens, y'en a pas chez toi?
- Si. Mais c'est pas pareil.
- T'as quel âge?
- Quinze ans dans pas longtemps.
- T'aurais pas deux ou trois euros, j'ai pas mangé depuis hier soir?

J'ai cherché dans la poche de mon jean, il me restait quelques pièces, j'ai tout donné sans regarder. Il a compté avant de refermer sa main.

- T'es en quelle classe?
- En seconde.
- C'est pas l'âge normal, ça?
- Bah non j'ai un ans d'avance.
- Comment ça se fait?
- J'ai sauté une classe.
- J'ai bien compris, mais comment ça se fait, Nam, que t'as sauté une classe?

J'ai trouvé qu'il me parlait d'une manière bizarre, je me suis demandé s'il n'était pas en train de se moquer de moi, mais il avait l'air très sérieux et très embêté à la fois.

- Je ne sais pas. J'ai appris à lire quand j'étais en maternelle, alors je ne suis pas allé au CP. En faite je m'ennuyais tellement que j'enroulais mes cheveux autour d'un doigt et je tirais dessus, toute la journée, alors au bout de quelques semaines j'ai eu un trou. Au troisième trou, j'ai changé de classe.

(Comment sauté une classe, avec l'aide de Kim Namjoon le chauve!)

Moi aussi j'aurais bien voulu lui poser des questions, mais j'étais trop intimidé, il fumait sa cigarette et me regardait de haut en bas et de bas en haut, comme s'il cherchait un truc que je pourrais lui donner.

Le silence s'était installé (entre nous, parce que sinon il y avait la synthétique dans le haut-parleur qui nous cassait les oreilles), alors je me suis sentie obligé d'ajouter que maintenant, ça allait mieux.

- Ça va mieux quoi, les cheveux ou l'ennui?
- Ben...les deux, j'ai plus de trou quoi.

Il a ri. Alors j'ai vu qu'il lui manquait une dent, je n'ai même pas eu à réfléchir une dixième de seconde pour trouver la bonne réponse: Une prémolaire.

Depuis toute la vie je me suis toujours sentis en dehors, où que je sois, en dehors de l'image, de la conversation, en décalage, comme si j'étais le seul à entendre des bruits ou des paroles que les autres ne perçoivent pas, et sourd aux mots qu'ils semblent entendre, comme si j'étais hors du cadre, de l'autre côté d'une vitre immense et invisible.
Pourtant hier, j'étais là, avec lui on aurait pu j'en suis sûr dessiner un cercle autour de nous, un cercle dont je n'étais pas exclus, un cercle qui nous enveloppant, et qui, pour quelques minutes, nous protégeait du monde.

Je ne pouvais pas pas rester, mon père, ce beau gosse, m'attendait je ne savais pas comment lui dire au revoir, s'il fallait monsieur, jeune homme ou hyung, ou si je devais l'appeler Hoseok puisque je connaissais son prénom. J'ai résolu le problème en lançant un au revoir tout court, je me suis dit qu'il n'étais pas du genre à se formaliser sur la bonne éducation et tous ces trucs de la vie en société qu'on doit respecter. Je me suis retourné pour lui faire un petit signe de la main, il est resté là, à me regarder partir, un petit sourire aux lèvres, ça me fait de la peine parce qu'il suffisait de voir son regard, comme il était vide, pour savoir qu'il n'avait personne pour l'attendre, pas de maison, pas d'ordinateur, et peut-être nul par où aller.

Le soir au dîner j'ai demandé à ma mère comment de très jeunes personnes pouvaient être dans la rue, elle a soupirer et m'a répondu que la vie était ainsi: injuste.
Pour une fois je me suis contenté de ça, alors que les premières réponses sont souvent des esquive, il y a longtemps que je le sais.

J'ai revu la pâleur de son teint, ses yeux agrandis par la maigreur, la couleurs de ses cheveux, son écharpe bleu, sous l'empilement de ses trois blousons j'ai imaginé un secret, un secret planté dans son coeur comme une épine, un secret qu'il n'avait jamais dit à personne. J'ai eu envie d'être près de lui. Avec lui.
Dans mon lit j'ai regretter de ne pas lui avoir demandé son âge, ça me tracassait. Il avait l'air jeune.

En même temps il m'avait semblé qu'il connaissait vraiment la vie, ou plutôt qu'il connaissait de la vie quelque chose qui faisait peur.

••••••••••

Seokjin s'est assis au dernier rang, à sa place.
De la mienne je peux voir son profil, son air de bagarre. Je peux voir sa chemise ouverte, son jean trop large, ses pieds nus dans ses baskets. Il est renversé sur sa chaise, bras croisés, en position d'observation, comme quelqu'un qui attéri là par hasard en raison d'une erreur d'aiguillage ou d'un malentendu administratif. Posé au pied de sa table, son sac semble vide. Je l'observe à la dérobée, je me souviens de lui, le jour de la rentrée.
Je ne connaissais personne et j'avais peur. Je m'étais installé dans le fond, Monsieur Jeon distribuait les fiches, Jin s'est tourné vers moi, il m'as sourit. Les fiches étaient violettes. Leurs couleurs change chaque année, mais les cases sont toujours les mêmes, nom, prénom, profession des parents, et puis tout un tas de trucs à remplir qui ne regardent personne. Comme Seokjin n'avait pas de stylo, je lui en ai prêté un, je lui ai tendu comme j'ai pu, de l'autre côté de l'allée centrale.

- Monsieur Kim Seokjin, je vois que vous commencez l'année dans les meilleurs dispositions. Votre matériel est resté sur la plage?

Jin n'a pas répondu. Il a jeté un oeil dans ma direction, j'avais peur pour lui. Mais Monsieur Jeon à commencé la distribution des emplois du temps.
Sur ma fiche je suis arrivé à la case 《frères et soeurs》, j'ai écrit zéro en toutes lettres.
Le fait d'exprimer l'absence de quantité par un nombre n'est pas une évidence en soi. Je l'ai lu dans mon encyclopédie des Sciences. L'absence d'un objet ou d'un sujets s'exprimé mieux par la phrase 《il n'y en a pas》(ou《plus》). Les nombres demeurent une abstraction et le zéro ne dit ni l'absence, ni le chagrin.
J'ai relevé la tête et j'ai vu que Jin me regardait, il me regardait avec l'air de se demander comment une si petite chose avait pu arriver jusque-là.
Monsieur Jeon à fait l'appel puis il a commencé son premier cours. Dans ce silence attentif j'ai pensé que Seokjin Kim était le genre de personne à qui la vie ne fait pas peur. Il était resté appuyé sur sa chaise et ne prenait pas de notes.

Aujourd'hui je connais tous les noms, les prénoms et les habitudes de la classe, les affinités et la rivalités, le rire de Jin et les chuchotements de Jimin, les jambes interminables de Yuli qui dépassent dans les allées, la trousse clignotante de Lucy, la longue tresse de Lisa, les lunettes de Cho, le sourire de Taehyung.
Sur la photo prise quelques jours après la rentrée, je suis devant, là où on met les plus petits. Au-dessus de moi, tout en haut, Seokjin se tient debout, l'air renseigné. Si on admet que par deux points on peut faire passer une droite et une seule, un jour je dessinerai celle-ci, de lui vers moi ou de moi vers lui.

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Deuxième chapitre.

Ne vous inquiétez pas, on va voir Hoseok dans les prochain les copaings!

Kiss kiss les bouffons!

La suite dans XX temps ⬇️➡️






☁︎ jefaispitierjesais





𝑏𝑖𝑡𝑒

𝐖𝐡𝐲 𝐇𝐨𝐬𝐞𝐨𝐤 ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant