LES FRERES D'YGGDRASIL

LES FRERES D'YGGDRASIL Chap 26 : Les Ombres et la Sylphide

Les Ombres psalmodiaient des chants démoniaques tout en dansant autour de lui. Loki était à bout de forces, totalement épuisé et il avait de plus en plus de mal à rester attentif. Pourtant, il le devait. C'était obligatoire. Il ne pouvait pas faire autrement parce qu'il était à leur merci dans ce monde qu'il ne connaissait pas et elles en jouaient avec un sadisme de plus en plus grand. Tout en continuant leurs litanies, les Ombres se rapprochaient de plus en plus. Elles le frôlaient et chaque frôlement laissait de profondes marques de brûlures sur sa peau. Le jeune homme glapissait de douleur et tentait de leur échapper, mais il était dans leur monde et il n'avait nul endroit où se cacher.

Une des Ombres le toucha dans le dos et son cri se fit plus fort, car le contact dura plus longtemps. Loki chancela et tomba à genoux. Il haleta. Ce n'était pas normal. Son corps n'était pas ici... Il était là-bas... étendu dans son lit, à Asgard... Là... Il n'y avait que son âme et elles étaient en train de la détruire, lentement, douloureusement... Loki ne savait pas combien de temps il pourrait tenir... Il ne savait pas combien de temps il pourrait supporter ça, mais il devait résister... Il ne pouvait pas céder. Il avait encore des raisons pour lutter et il s'y accrochait le plus farouchement possible !

Quand les Ombres lui laissaient quelques fractions de secondes de repos, il parvenait à se projeter à Asgard et il voyait... Oui, il voyait la rage de son frère, sa détermination et sa colère. Il voyait ses larmes et sa peur de ne pas pouvoir le sauver. Thor passait ses journées à côté de son corps inerte. Il lui tenait la main, lui murmurait des encouragements et des mots d'affection en caressant son front. Puis, il hantait la bibliothèque à la recherche d'une solution ou d'un sort pour l'aider, oubliant de dormir ou de manger. Loki était touché par sa détermination à le sauver. Si Thor faisait preuve d'autant d'acharnement, il ne pouvait pas céder. Il devait lutter.

Mais le combat était inégal. Elles étaient si nombreuses et lui il était seul... Mais ce n'était pas la première fois... Il était seul, mais il n'était pas impuissant, il lui restait assez de forces pour se battre et au moment où les Ombres foncèrent sur lui, Loki rouvrit les yeux, faisant exploser sa magie qui les consuma brutalement. L'éclair lumineux verdâtre s'éteignit et le silence revint brutalement. Loki se sentait encore plus épuisé et il posa la main devant lui pour ne pas s'effondrer, mais au moins il aurait un peu de répit...

En sursautant, légèrement, Loki ouvrit les yeux. Il faisait nuit et il lui fallut de longues minutes pour se remettre les idées en place. Il se rappelait de la discussion avec son père, de sa promesse d'aller voir Erdaa et du sourire de la vieille guérisseuse qui l'avait assis sur le bord du lit avant d'observer la plaie à l'arrière de son crâne et de l'allonger de force. Loki avait protesté pour la forme, tout en se laissant faire et il avait apprécié la douceur de ses mains sur un coup violent qui le tirait dans son dos. Elle lui avait murmuré quelque chose, mais il s'était endormi sans le retenir.

Le jeune homme était toujours étendu dans le lit des Chambres de Guérison, mais Erdaa n'était plus là. En revanche, il y avait un poids dans son dos, un poids qui dormait et respirait fort. Loki jeta à coup d'œil par-dessus son épaule. Son frère était tourné vers lui, endormi et il fut touché par l'attention. Il avait dû le rejoindre après et il était resté près de lui. Loki sourit. Il aurait voulu continuer à profiter de ce moment, mais son cauchemar le hantait encore et il avait besoin de prendre l'air. Bon, sa dernière escapade nocturne lui avait valu de prendre trois jours de sa vie au fond d'un bois, mais il en avait besoin.

Malgré les menaces, l'atmosphère de la nuit restait le meilleur moyen pour lui de s'apaiser. Il glissa donc doucement de son lit, prit le temps de remonter la couverture sur les épaules de Thor et sortit doucement de la chambre avant de disparaître dans la pénombre des couloirs du palais.