La larme de Longénia

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Un éclat doré scintille sur mon visage, à travers mes paupières, me tirant de mon profond sommeil. Allongée dans mon lit, les rideaux rouges accrochés aux colonnes couvertes de coquillages nacrés, tirés, je grimace en comprenant que je suis obligée de me lever. Je suis souvent éveillée par la lumière des globes luminescents de Luces, qui fleurissent partout dans la ville, s'allumant lorsque la nuit meurt lentement pour laisser placer au jour, afin de guider les Céréins à leur réveil.

Je m'étire de tout mon long en levant les bras bien haut au-dessus de ma tête. Les os de ma nageoire, de mon dos et de mes bras craquent les uns après les autres, jusqu'à mes cervicales. Ma tête cogne contre la multitude de coussins qui ornent la tête de lit en quartzys blanc striée de vert. Une fine couverture d'hoyche émeraude recouvre mon corps, le protégeant du froid qui règne parfois pendant la nuit, et qui rafraîchit les eaux dans lesquelles j'ai grandi. Tous nos vêtements sont également tissés en hoyche, afin de résister à l'usure. Nous fabriquons le Hoyche à partir des fibres de Yini, une plante aux fibres épaisses que nous cultivons au cœur des serres du quartier de Nyane. Nous avons découvert ses propriétés résistantes des centaines d'années auparavant et avons décidé de nous en servir.

Des globes de lavas — notre source de chaleur que nous récupérons dans les terres profondes du quartier de Féréan — au croche épais, accrochés sur les murs de délésio beige chauffent correctement la pièce. Il arrive cependant, en fonction des courants marins, que cela ne soit pas suffisant. J'aime me rouler en boule dans mon lit, lorsque la nuit tombe et que le sommeil commence à m'envelopper de sa chape de plomb.

Le réveil est dur ce matin. Mon corps entier courbaturé me le fait sentir jusqu'au moindre nerf et muscle. La soirée d'Ayliae a duré pratiquement jusqu'à minuit. Je n'avais pas envie de lâcher Asher. Pour une fois que nous pouvions nous voir en dehors de notre travail, je ne voulais pas partir. Mais il nous fallait rentrer. Je me suis écroulée sur mon lit lorsque j'ai franchi la porte de mes appartements, en pensant immédiatement au boulot qui m'attendait le lendemain. Nous ne sommes rentrées qu'une heure après la fermeture de l'établissement, en prenant garde à ne réveiller personne au palais.

Je ne regrette pas d'avoir accompagnée ma cousine. J'ai pu profiter d'Asher et lâcher prise pendant quelques heures. Mais je sens que la journée va être compliquée, vu la fatigue qui pèse sur mon corps tout entier. Ma tête est encore lourde et mes paupières peinent à s'ouvrir. Je me sens molle, mes membres sont engourdis et lents à se réveiller. Mon cerveau a du mal à démarrer et mes pensées à se trier, pour que je puisse bien commencer ma journée.

Une femme de chambre aux mèches blondes relevées en chignon haut, vêtue d'une chemise blanche à dentelle aux manches retroussées pour ne pas les tacher et d'une petite jupe qui tombe jusqu'à la moitié de sa queue de sirène aux écailles rose bonbon, entre dans la pièce après avoir frappé, un plateau couvert de mets délicieux dans les bras. Elle le dépose sur la table basse en croche du petit salon, présent directement dans ma chambre. Je ne possède pas plusieurs pièces, si ce n'est une salle de toilette attenante, fermée par une porte en quartzys vert, dans les mêmes teintes que mon espace privé. Seuls quelques domestiques, triés sur le volet par ma tante, sont autorisés à mettre les pieds ici pour s'occuper du rangement et du nettoyage de l'endroit, ainsi que pour être à mon service.

Le doux fumet de pâte croustillante bien chaude et de beurre d'algue vert parvient à mes narines, m'obligeant à sortir de mon cocon douillet pour prendre mon petit déjeuner. Nous sommes parvenus, grâce aux diverses plantes qui poussent dans nos serres, à obtenir de délicieuses pâtisseries comme celles qui garnissent le plateau et qui me donnent l'eau à la bouche. Nous les cuisons en nous servant de la chaleur que dégage les globes de lavas.