3 || TOUT OUBLIER

36 8 17
                                    

❝ PAIN CHANGES PEOPLE ❞

──────── ☽ ────────

   LORSQU'IL FRANCHIT LE PAS DE LA PORTE, une douce odeur d'épices envahit Adam. Il déposa ses chaussures à l'entrée et tenta de se faufiler dans les escaliers sans faire de bruit.

— Par ici jeune homme.

   Adam ferma les yeux un instant et se résigna à faire demi-tour. Il rejoignit sa mère dans le salon. Elle avait le nez dans un tas de papiers et y mit un peu d'ordre lorsque son fils arriva près d'elle. Adam resta sans bouger derrière son fauteuil, attendant l'inévitable questionnement de la rentrée.

— Alors, tu comptais monter sans m'embrasser ?

   Quelque peu surpris, Adam finit par sourire et déposa un baiser bruyant sur la joue de sa mère. Il se détourna ensuite et se dirigea vers les escaliers.

— Et cette rentrée ?

— Maman...

   Le jeune homme ne s'arrêta pas et monta les marches. Sa mère sourit faiblement derrière son dos et retourna à ses papiers, le regard vide.

   Une fois dans sa chambre, Adam balança négligemment son sac dans un coin de la pièce et s'affala sur son lit. Son cerveau était en ébullition et la rentrée n'avait pas arrangé les choses. Il avait besoin d'oublier. De se vider la tête, rien qu'un instant. De tout oublier.

──── ☽ ────

   Adam se leva de son lit. Une soif soudaine l'avait réveillé et il lui fallait impérativement un verre d'eau. Il inspira un grand coup et, sans allumer la lumière du couloir, se dirigea vers les escaliers. Des ombres inquiétantes dansaient dans l'obscurité. Allez, ce n'était pas le moment d'avoir peur. Il ne fallait pas faire de bruit. Ses dents de lait s'entrechoquaient et  le parquet grinçait à chacun de ses pas, comme pour dénoncer le petit veilleur à la terre entière.

— Chut...

   Adam ne savait pas s'il s'adressait plus aux lattes du parquet ou à son cœur qui battait la chamade.

   Une marche. Deux marches. Trois marches.

   La mission était délicate, il ne fallait surtout pas le réveiller. Il ouvrit les yeux lorsqu'il sentit le carrelage frais sous ses pieds. Il était arrivé en bas et personne ne semblait l'avoir entendu. Un soupir de soulagement s'échappa aussitôt de sa bouche tandis qu'il se dirigeait vers la cuisine. Il avait réussi.

   Il fit couler l'eau dans un verre et put enfin se désaltérer. Mission accomplie. Il ne restait plus qu'à faire le chemin en sens inverse. Mais ni le parquet grinçant ni les ombres dansantes ne pouvaient plus l'atteindre. Il était fier de lui. Et personne ne se fâcherait ce soir.

— Qu'est-ce que tu fais ?

   Stop. Adam s'arrêta brusquement. Il ferma les yeux. Un jour, ses copains lui avaient dit qu'il y avait un Dieu qui vivait dans le ciel, et Thomas était même sûr qu'il y en avait plusieurs. Ce soir, Adam rassembla tous les dieux imaginables dans sa tête et pria très fort pour que ce soit sa maman avec un rhume qui se tienne là, dans le fauteuil. Mais même avec le plus gros chat du monde dans la gorge, maman ne pouvait avoir la voix aussi grave.

— Oh ! Réponds !

   Adam ouvrit brusquement les yeux. Les dieux devaient dormir. Contrairement à papa.

— Pourquoi t'es pas couché ?

   Et sans prévenir, une bouteille s'écrasa contre le mur au papier peint rayé. Le bruit du verre brisé résonna dans la pièce et une affreuse odeur d'alcool se répandit dans le salon. Les jambes d'Adam avaient tant tremblées qu'il s'était écroulé sur le sol. Son petit corps était recroquevillé sur lui-même, comme la plus fragile des créatures. Les morceaux de verre le griffaient à travers son pyjama mais il ne bougeait pas. Il ne voulait pas se relever. Il vit un corps vacillant l'enjamber et rejoindre les ombres dansantes dans le couloir. Adam referma les yeux. Son pyjama dinosaures se teinta de rouge par endroits.

   Des larmes salées se mêlèrent au carrelage froid, à l'odeur d'alcool et aux débris de verre. Un affreux tableau s'offrirait à la vue du premier qui rentrerait dans la pièce. Mais heureusement, cette nuit-là comme toutes les autres, personne ne rentrera. Et demain à la première heure, papa nettoiera les bêtises d'Adam sans dire un mot. Parce que, oui, c'était de sa faute. Le garçon n'avait qu'à boire avant de se coucher. Papa avait raison. Encore une fois, Adam l'avait bien cherché.

   Le soleil pointa lentement le bout de son nez, curieux de voir les couleurs que prendrait ce tableau avec un peu de lumière. Il y découvrit le silence. La météorite avait ensanglanté les dinosaures, les fauteuils sentaient l'alcool et il avait plu des larmes sur le carrelage. Au milieu de ce remue-ménage, un petit garçon finissait sa nuit.

──────── ☽ ────────

aïe...

le chapitre se termine donc sur un souvenir douloureux d'Adam qui vous en dévoile un peu plus sur la personne qu'était son géniteur...

vous avez donc découvert un des principal démon du garçon... et vous verrez que ce passé douloureux le hantera plus qu'il ne l'aimerai x)

en tout cas j'espère que ce chapitre vous aura plus,
et je vous donne rendez-vous mardi pour un chapitre en toute introspection !

Thaïs

Les enfants de l'espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant