Chapitre 8 - Caillou, postérieur et Ronflex (1/3)

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Allongée sur le lit d'Hélios, je fixais les nuages qui recouvraient l'horizon.

À mes côtés, l'Être d'Exception somnolait, les paupières closes et la bouche entrouverte.
Lorsque je l'avais aperçu en entrant dans sa chambre, son visage revêtait un air paisible et serein, que d'ordinaire je ne lui voyais que trop peu.

J'eus un pincement au coeur.

Endormi de cette manière, il n'avait aucune conscience des événements extérieurs.
Le sommeil lui constituait une échappatoire bien trop éphémère.
À son réveil, il retrouverait le poids de ses souvenirs, de sa douleur, ainsi que la colère de son jumeau.

Autant rester endormi.

Chose qui visiblement lui était plus que nécessaire.
Délaissant le paysage qui n'allait visiblement pas s'améliorer de sitôt, je couvrais du regard les traits du garçon endormi.

Après l'explosion d'Eden, je n'avais pas tenu à rester seule.
De plus, Hélios avait besoin de ma présence à ses côtés pour accélérer sa guérison. Ce qui expliquait le rôle de veilleuse/nounou/Hélios-sitter que j'étais tenue de jouer en l'absence de son frère le malade.

Quelques boucles de ses cheveux parsemaient l'oreiller contre lequel sa tête venait s'appuyer, légèrement penchée sur le côté dans ma direction.

Une barbe récente ornait le bas de ses joues, ainsi que la fine bande de peau au dessus de sa lèvre supérieure.
Sa pilosité était ensuite guidée par l'arête tranchante de sa mâchoire, qu'elle suivait avant de venir se perdre sur son menton et dans son cou.

Glissant sur son visage, mes yeux se posèrent sur ses cils fournis, dont l'ombre obscurissait le sommet de ses pommettes.

Les épais sourcils du garçon se froncèrent doucement dans son sommeil, comme s'il formulait une interrogation à travers ses rêves.

Un infime frémissement parcourut ses paupières closes.
Qui se relevèrent sur deux iris flamboyant mouchetés d'or.

L'Être d'Exception plongea ses prunelles brasillantes dans les miennes, son visage se durcissant imperceptiblement.

L'air apaisé venait de laisser place à son habituelle mine impassible.

Je pinçais doucement les lèvres, luttant contre la boule naissante ancrée dans le fond de ma gorge.

La pression s'accentua, alors que l'humidité noyait ma vue.
Les sanglots s'accumulaient à travers ma trachée, alors que les flammes contenues dans ses prunelles devenaient des torrents de lave brouillés par ma vue.

Je me mordis la lèvre, détournant mes yeux baignés de larmes vers la baie vitrée.
Cet être me touchait bien trop.
Bien trop pour lui être insensible.

Seuls ses rêves se révélaient être une source de quiétude.

Je voulais tellement le prendre dans mes bras.
Ne plus le laisser seul.
Ne plus être seule.

Lui montrer que j'étais là.
Que même à travers la pesante torpeur de son sommeil, ou encore le silence assourdissant de la réalité, j'étais là.

Même s'il ne le montrait pas, je savais qu'il en était de même de son côté.
Il était là.
Je le savais.

Sa silhouette derrière moi.
Ancrée dans le tracé invisible de mes pas.

Une ombre à mes côtés. Qui m'épaulait.
Rassurante.
Mais résidant parmi l'obscurité.

Car il ne se révélait pas.

Êtres d'Exception - En CorrectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant