Supernova 「minsung」

21 | when i was happy

J'ai un rhume. C'est un très bon début de semaine qui s'annonce en tout cas. Je fixe le plafond bleu de la chambre de Jisung avec mes heux gonflés et mon nez qui coule, fatigué. J'étais sûr que sortir au parc avec Hyunjin et Jeongin était une mauvaise idée, et actuellement dans mon lit, je maudit un peu Jisung et ces deux là. Je tousse grassement, et essaye de me relever pour atteindre les mouchoirs quand j'entends la porte d'entrée se déverrouiller, et Jisung entrer en furie dans la chambre, un sac rempli de médicaments.

" - Je suis désolé, j'ai fait le plus vite que j'ai pu mais j'ai quand même mis du temps, dit-il entre deux grandes respirations. Fiou, peut-être un peu trop vite finalement... "

Il prends de grande inspiration, complètement essoufflé et je me rassois pour le fixer avec fatigue.

" - Je t'avais dit de prendre ton temps.

- Non, tu es malade et tu as une santé fragile, je ne peux pas prendre mon temps. Mais de toute façon je vais bien, je suis en pleine forme... "

J'arque un sourcil face à sa remarque, et il essaye de garder son sérieux avant de relâcher tout son souffle en s'appuyant contre le meuble chevet.

" - J'ai peut-être besoin d'une petite pause finalement. "

Je ricane doucement, et Jisung sourit, avant de poser sa main sur mon front. Il grimace en sentant la chaleur sur ce dernier et prends une cuillère de sirop qu'il me fait ingérer.

" - Il est vraiment dégoûtant, je dis en m'allongeant dans mon lit, épuisé. "

Jisung s'assoit contre le lit, passant ses jambes en dessous. Il pose sa tête vers mon torse et me caresse la joue du revers de la main, en verrouillant son regard au mien.

" - Je t'aime, je dis doucement.

- Je t'aime aussi. Je serais là tant que tu as besoin, j'ai pris un jour de congé. "

Je ferme les yeux et j'apprécie le déplacement de la main froide de Jisung sur ma joue brûlante. Je suis bien.

" - Minho, c'est peut-être impoli de le demander maintenant mais, pourquoi est-ce que tu as fini à l'hôpital ?

- C'est une longue histoire ennuyeuse à mourir, je soupire en ouvrant les yeux.

- Je m'en fiche, j'adore les histoires ennuyeuses à mourir, tu as toute mon attention. "

J'hésite un peu à lui en parler, c'est une histoire tellement enfouie au fond de moi que je n'aime pas vraiment en parler. Personne ne la sait à part moi, c'est sûrement pour ça que je tiens à la garder avec moi. Mais je sais que je peux faire confiance à Jisung.

" - Les choses vont vite de nos jours, je commence. Une soirée un peu alcoolisée, une jeune fille avec un cœur brisé a vite fait de se faire avoir par un petit malin. Et c'est comme ça que je suis né. Ensuite, le schéma est assez basique, elle ne veut pas de cet enfant mais se dit que c'est une chance pour refaire sa vie, galère financièrement, se prostitue et puis fini par transférer tout son stress et sa douleur sur son enfant. "

Jisung m'écoute avec attention, et c'est presque un miracle que j'arrive à me livrer autant.

" - Un jour, elle explose, c'est le coup de trop. Elle essaye de tuer son enfant, mais elle échoue, et prise de culpabilité elle essaye de se tuer elle. Au final, elle finit juste par casser les jambes de son fils, et de l'envoyer à l'hôpital, où il passe le restant de sa vie, incapable de remarcher ou de reprendre une vie normale. "

Jisung a les yeux brillants, on dirait presque qu'il va pleurer, mais il me regarde juste avec compassion.

" - C'est horrible...

- Au début je le pensais aussi, puis au final je me suis rendu compte que je mérite tout ça. Je pensais que j'étais malheureux, mais elle m'aimait j'en suis sûre. En fait, on était très heureux, c'est moi qui voyait tout noir, mais tout était parfait, j'ai tout gâché. Dans mes rêves des fois, je me rappelle des fois où elle m'emmenait dans le champ de coquelicots, sur le banc, près du fleuve Han. J'étais heureux. "

Je ferme les yeux, sentant le sommeil me gagner. Jisung ne m'en voudra pas je le sait, alors je me laisse abandonner au sommeil, léger. Peut-être qu'en parler aura été une bonne idée finalement, j'ai une sensation légère, comme si je flottais. Ces souvenirs devaient vraiment me peser au final. Je ne sais pas vraiment combien de temps j'ai dormi, mais en me réveillant j'ai trouvé une lettre de Jisung posée sur le chevet.

" Tu t'es endormi, et ta fièvre a baissé un peu. Je vais aller faire des courses pour ce soir. Je t'aime.
PS : Je sais que je ne devrais pas le dire mais, ça m'a brisé le cœur, pendant que tu dormais...

...j'aurais juré voir des larmes couler sur tes joues. "